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Ce jeudi 26 janvier 2023, la charte de Philippe d'Alsace, comte de Flandre, conservée à l'abbaye bénédictine de Messines (Mesen) en Flandre occidentale et qui avait disparu au début de la Première Guerre mondiale, a été remise officiellement aux Archives de l’État. La charte avait refait surface au Metropolitan Museum of Art of New York City (Met) en décembre 2016. Le Met a accepté, début 2020, de restituer à la Belgique ce précieux document, qui fait partie de notre patrimoine culturel.
En 2016, des médiévistes belges avaient averti les Archives de l’État qu’une charte de 1176, donnée par le comte de Flandre Philippe d’Alsace à l’abbaye de Messines, se trouvait probablement dans les collections de The Met. Les Archives de l’État ont alors pris contact avec ce prestigieux musée. Après un examen approfondi, il a été démontré que le document appartenait bel et bien au fonds d’archives de l’abbaye de Messines (Mesen). Comme il fait partie du domaine public, The Met soutenait son retour en Belgique. Le consul général de Belgique à New York a recueilli l’acte médiéval pour qu’il soit remis sous la protection de l’État belge. Après sa remise officielle aux Archives de l’État par le directeur de The Met, Pierre Terjanian, organisée au Palais d’Egmont à Bruxelles, en présence de la ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et du Commerce extérieur, et des Institutions culturelles fédérales, Hadja Lahbib, du secrétaire d’État pour la Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique scientifique, Thomas Dermine, de l’ambassadeur des États-Unis en Belgique, Michael M. Adler, du directeur de The Metropolitan Museum of Art of New York City, Pierre Terjanian, et de l’Archiviste général du Royaume, Karel Velle, le document sera transmis au dépôt des Archives de l’État à Bruges.
La saga du chartrier de l’abbaye de Messines (Mesen) est bien connue des médiévistes par ses multiples rebondissements.
Fondée vers 1060 par Baudouin V, comte de Flandre, et son épouse Adèle, petite-fille d’Hugues Capet, cette abbaye de la région d’Ypres fut richement dotée en biens fonciers et en droits étendus au fil des siècles. Ces bénéfices étaient souvent accordés par des actes solennels sur parchemin scellé par les comtes de Flandre, leur entourage ou de hauts dignitaires.
L’abbaye fut sécularisée et convertie en établissement militaire par Marie-Thérèse d’Autriche en 1776. Son patrimoine, comprenant un des plus riches chartriers de la région, devenait ainsi la propriété de l’État.
Il n’est pas besoin de rappeler combien la Première Guerre mondiale a atrocement meurtri la région d’Ypres, sa population et son patrimoine. Aux centaines de milliers de morts et de blessés militaires et civils se sont ajoutés les dévastations, destructions et pillages sans précédent. C’est dans ce contexte d’atrocités que l’abbaye fut totalement détruite et ses biens éliminés ou dispersés.
Au fil des décennies, certains actes sont réapparus dans des collections privées et dans des ventes publiques organisées par de prestigieuses maisons aux quatre coins de l’Europe, atteignant quelquefois des prix exorbitants. Dès qu’elles sont averties de ce type de transactions, les Archives de l’État mettent tout en œuvre pour obtenir restitution de ces pièces dont le statut de trésor inaliénable de l’État est imprescriptible.
Averties par des médiévistes belges de la probable présence d’une charte donnée en 1176 par le comte de Flandre Philippe d’Alsace en faveur de l’abbaye de Messines (Mesen) dans les collections de The Metropolitan Museum of Art de New York (The Met), les Archives de l’État ont pris contact avec la direction du prestigieux The Met. The Met avait acquis la charte de Philippe d’Alsace en 1923 en bonne foi comme un don de Bashford Dean, le Curator of Arms and Armor du musée. Dean avait acheté la charte en Europe d’une source non enregistrée et il avait voulu en faire don parce que le sceau contenait une représentation rare d’armoiries européennes du début du moyen âge.
Après un examen approfondi chez The Met et des échanges démontrant que la pièce appartenait bien au fonds de l’abbaye de Messines avant que celle-ci ne fût détruite pendant la Première Guerre mondiale, The Met a pris la décision généreuse et bienveillante de remettre gracieusement à la Belgique le précieux document qu’il avait reçu en don en 1923 et soigneusement conservé depuis lors.
Grâce au concours efficace du SPF Affaires étrangères, c’est notre représentant diplomatique en poste aux États-Unis qui recueillera l’acte médiéval et le placera de nouveau sous la protection de l’État belge.
De retour sur notre rive de l’Atlantique, l’acte rejoindra le trésor des chartes de Messines conservé aux Archives de l'État à Bruges, le service déconcentré des Archives de l’État chargé par la loi notamment de conserver les archives publiques de l’État, produites ou acquises par celui-ci et ses prédécesseurs en droit, sur le territoire de la province de Flandre occidentale.
Hadja Lahbib, ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et du Commerce extérieur, et des Institutions culturelles fédérales, hôte de la cérémonie de remise : « Je tiens tout d’abord à remercier les chercheurs et archivistes des deux côtés de l’Atlantique pour leur travail exceptionnel. Par son voyage au cours de l’Histoire, cette charte est une pièce importante de notre patrimoine. Nous sommes heureux de la voir revenir en Belgique. Cette restitution illustre et renforce aussi les liens d’amitié que nous entretenons avec les Etats-Unis ».
Thomas Dermine, Secrétaire d’État pour la relance et les investissements stratégiques, chargé de la politique scientifique : « Le retour de cette charte grâce à la collaboration avec les collègues américains montre combien notre patrimoine peut renforcer les liens entre les communautés et les pays. Je suis très reconnaissant aux archivistes de l’État de pouvoir compter sur leur grande expertise en la matière ».
The Metropolitan Museum of Art : « The Met est content que cette importante charte de Philippe d’Alsace puisse retourner en Belgique avec l’assistance du consul général et des Archives de l’État à Bruges, et nous nous réjouissons de pouvoir poursuivre nos relations de collaboration de longue date avec des collègues et des établissements scientifiques en Belgique ».
Karel Velle, Archiviste général du Royaume : « Ce fut un processus très long, mais nous sommes ravis que la charte de Philippe d’Alsace revienne en Belgique. Une grande partie des archives de l’abbaye de Messines est toujours manquante. Nous espérons que la nouvelle de ce retour pourra contribuer à la localisation des archives égarées ».
En savoir plus ?
Stéphanie Deschamps
Communication| Presse
Archives générales du Royaume
Rue de Ruysbroeck 2, 1000 Bruxelles
0470 883 871
Stephanie.Deschamps@arch.be
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