10 raisons pour lesquelles nous faisons de la coopération au développement

Les grands défis auxquels nous sommes confrontés – climat, migration, sécurité, santé... – ne peuvent être relevés que si nous coopérons avec d'autres pays. C’est pourquoi faire de la coopération au développement revient à investir dans le bien-être général. Découvrez dans cet article pourquoi la solidarité internationale est si importante, nécessaire et utile.

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Photo de quatre femmes dans une école technique à Kasese (Ouganda)

Des étudiantes électriciennes démontrent avec enthousiasme leurs compétences dans une école technique de Kasese, en Ouganda (© Enabel/Sam Deckers).

Les grands défis auxquels nous sommes confrontés – climat, migration, sécurité, santé... – ne peuvent être relevés que si nous coopérons avec d'autres pays. C’est pourquoi faire de la coopération au développement revient à investir dans le bien-être général. Découvrez dans cet article pourquoi la solidarité internationale est si importante, nécessaire et utile.

La plupart d'entre nous ont toujours entendu parler de la coopération au développement au cours de leur vie. En effet, l'aide au développement – plus tard appelée coopération au développement – est apparue principalement au lendemain de la décolonisation dans les années 1960. Objectif : aider les « pays en développement » devenus indépendants – également appelés pays du Sud ou pays plus pauvres – à acquérir les connaissances et les ressources nécessaires à leur développement.

Il s'agit d'un processus laborieux et complexe. Sortir les gens et les pays de la pauvreté n’est en effet pas une tâche facile. En outre, de nombreux intérêts mondiaux sont en jeu et entrent parfois en conflit. Heureusement, nous avons entre-temps tiré de nombreuses leçons et nous continuons à le faire aujourd'hui. Nous adaptons constamment notre approche, en fonction des nouvelles connaissances que nous avons acquises.

Aujourd'hui, nous préférons parler de solidarité internationale. Il est dans l'intérêt commun de construire un monde plus égalitaire où chacun peut vivre dignement et en toute sécurité. Personne ne doit être laissé de côté !

Pourtant, nombreux sont ceux qui critiquent l'argent que nous investissons dans les pays plus pauvres. Nous devrions plutôt utiliser ces montants chez nous, où les besoins sont également nombreux. En outre, trop d'argent disparaîtrait dans les poches de politiciens et d'intermédiaires avides.

Nous estimons toutefois que la solidarité internationale est extrêmement importante, aujourd'hui plus que jamais. Nous sommes effectivement confrontés à des défis toujours plus nombreux que nous ne pouvons pas relever seuls, que ce soit à l’échelle de notre petit pays ou même de l’Union européenne. Parmi ces défis, citons par exemple le climat, la migration ou encore la sécurité.

Le monde inégal que nous connaissons aujourd'hui donne lieu à des conflits et à l'instabilité. Par conséquent, le monde plus égalitaire que nous visons par le biais de la solidarité internationale offre une sécurité et une stabilité accrues. Notre propre bien-être s'en trouve donc grandement amélioré. En d'autres termes, la solidarité internationale est tout simplement cruciale, y compris pour notre propre intérêt.

Nous présentons ci-dessous quelques raisons concrètes pour lesquelles la solidarité internationale est plus que jamais nécessaire, et pourquoi nous pouvons également en tirer des avantages.
 

1. Sans solidarité internationale, nous ne pourrons jamais résoudre les grands problèmes d'aujourd'hui


Notre monde doit faire face à de nombreux défis qui dépassent les frontières d'un pays ou même d'un groupe de pays. L'exemple le plus parlant est la crise climatique. Seuls des accords mondiaux peuvent faire avancer les choses.

Mais ceux-ci ne sont efficaces que si tous les pays peuvent également mettre en œuvre les actions convenues. Si le bois est la seule source d’énergie d’une population, les pays concernés ne peuvent pas garantir qu'il n'y aura plus d'abattage de forêts. Nous devons donc aider cette population en lui fournissant d'autres sources d'énergie ou des plaques de cuisson moins énergivores, des emplois, des connaissances et des ressources pour produire suffisamment de nourriture...

Notre santé dépend aussi de ce qui se passe au-delà de notre territoire. Les agents pathogènes tels que les virus et les bactéries ne s'arrêtent pas aux frontières nationales. Pensez par exemple à la pandémie de coronavirus qui nous a touchés pendant quelques années.

Si, à l'autre bout du monde, des personnes contractent des maladies parce qu'elles ont été en contact trop étroit avec des animaux sauvages, dans le seul but de survivre, cela nous affectera également. Si l'insuffisance des soins de santé dans d'autres pays permet aux agents pathogènes de circuler librement, elle peut également entraîner une augmentation des maladies dans notre pays. Nous devons donc aider ces pays pour empêcher la propagation de ces maladies.
 

2. Un monde plus égalitaire est un monde plus harmonieux et plus sûr


Personne ne devrait vivre dans la crainte constante de la violence. Nous sommes tellement habitués à pouvoir circuler dans la rue, rencontrer des gens, faire les magasins, voyager en toute sécurité. Mais pour beaucoup, cette crainte est une réalité quotidienne. Citons par exemple les conflits atroces qui font actuellement rage en Ukraine et dans l'est du Congo.

L'égalité (des chances) est une condition essentielle à la paix et à la sécurité. Si une partie de la population doit lutter chaque jour pour se procurer suffisamment de nourriture alors que d'autres sont très bien lotis, cette situation peut susciter des tensions. Lorsque des personnes, des groupes de population ou des pays se sentent défavorisés et humiliés, cela peut engendrer du ressentiment et même des actes de violence.

La solidarité internationale vise à réduire les inégalités, par exemple en mettant en place des systèmes de sécurité sociale. Elle part du principe que chaque être humain a la même valeur et a le droit de vivre dignement.
 

3. Dans un monde plus égalitaire, les gens n'ont pas besoin de fuir


Chaque jour, la question des réfugiés fait la une de l'actualité. Nous ne pouvons effectivement pas accueillir tout le monde. Mais pourquoi les gens fuient-ils ? Personne ne quitte sa terre natale, sa famille et ses amis sans raison sérieuse. Ils fuient l'injustice, la discrimination et la violence, ou ils n’ont aucune perspective d'avenir dans leur pays et espèrent en trouver chez nous.

Si les gens avaient des perspectives d'avenir – un revenu pour subvenir aux besoins de leur famille, la possibilité de s'épanouir, la sécurité – ils n'auraient aucune raison de fuir. En créant un cadre dans lequel ils peuvent gagner leur vie, en défendant les droits humains fondamentaux, la solidarité internationale aide les gens à se sentir bien dans leur pays.

Comme pour de nombreux Belges qui partent à l'étranger pour profiter d'un climat plus ensoleillé ou d'une culture fascinante, la migration n'est alors plus une nécessité douloureuse, mais un choix. Par ailleurs, la migration peut aussi aider notre société à progresser, par exemple en occupant des métiers en pénurie. La Coopération belge au Développement déploie déjà des efforts pour faire de la migration un élément positif.

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Deux hommes installent des arroseurs solaires au Mozambique

Les experts en irrigation Sergio et Arlindo installent des arroseurs solaires au Mozambique (© Enabel/Isabel Corthier).

4. La solidarité internationale crée des liens


En aidant les personnes et les pays, nous tissons des liens. Par exemple, des milliers d'étudiants de pays pauvres ont étudié chez nous, avec le soutien de la Belgique. Ils se sont retrouvés dans un groupe international où ils ont fait connaissance avec d'autres nationalités, dont, bien entendu, des Belges. Des amitiés profondes sont ainsi nées. Sans exception, les étudiants ont décrit leur séjour en Belgique comme une expérience agréable qui leur a ouvert les yeux. Ils y repensent invariablement avec une certaine nostalgie.

Ce n'est qu'un exemple de la façon dont la solidarité et la coopération créent des liens. Grâce à ces liens, nous pouvons établir des relations qui nous fournissent un accès à un pays, des opportunités pour nos entreprises, des alliés... Nous pouvons également chercher des solutions ensemble en mutualisant nos forces. De plus, ces liens sont cruciaux dans un monde où les pays ne sont pas tous animés par de bonnes intentions et où les puissances mondiales s'imposent.
 

5. La solidarité internationale est une question de droits humains


En 1948, la communauté internationale a formulé la Déclaration universelle des droits de l'homme. En substance, cette déclaration reflète les besoins fondamentaux de tout être humain, partout dans le monde. Ne souhaitons-nous pas tous vivre en liberté, être reconnus en tant que personnes, avoir la possibilité de se développer, de se marier, d'acquérir des revenus et des biens, de vivre une vie décente, d'adhérer à une foi, etc. ? Sans perdre de vue les devoirs. À la base, nous nous ressemblons beaucoup plus que nous ne le pensons à première vue. Il y a effectivement plus de choses qui nous lient que de choses qui nous divisent.

Malheureusement, un grand nombre de personnes sont aujourd’hui encore privées de leurs droits. En œuvrant en faveur d’un développement humain durable dans le monde entier, la solidarité internationale contribue à la concrétisation des droits humains fondamentaux.
 

6. La solidarité internationale mise sur l'autonomie


La solidarité internationale ne consiste en aucun cas à placer des personnes ou des pays – les « bénéficiaires » – sous perfusion à vie. Une telle situation n’aboutirait jamais à une existence épanouie. Les gens veulent pouvoir décider de leur vie en toute autonomie. Il s'agit là aussi d'un fait universel.

L'objectif de la solidarité est de rendre les personnes et les pays autonomes. Cela signifie qu'ils peuvent subvenir eux-mêmes à leurs propres besoins. Les bénéficiaires ne doivent pas devenir dépendants de « l'aide ». La population locale, et en particulier les jeunes, déborde souvent d’idées intéressantes, mais elle manque de connaissances et/ou de ressources. La solidarité internationale leur donne alors ce petit coup de pouce qui leur permet, par exemple, de produire des serviettes hygiéniques durables et bon marché ou encore de développer une application qui aide les agriculteurs à lutter contre le dérèglement climatique.

L'autonomie signifie également que les pays peuvent générer leurs propres revenus et ne doivent plus solliciter de l'aide. C'est pourquoi la Coopération belge au Développement aide les pays à percevoir eux-mêmes les impôts, à attirer les investissements étrangers, etc.

La coopération au développement – dans le sens de l'allocation d'argent – est donc de l'histoire ancienne ! Plus nous aiderons efficacement les pays, plus vite ils pourront voler de leurs propres ailes et plus vite nous pourrons mettre progressivement un terme à l'aide pure et simple.

La solidarité internationale s'efforce de faire des pays bénéficiaires des partenaires solides avec lesquels nous pouvons coopérer sur un pied d'égalité. En fait, ce n'est qu'à ce moment-là que l'on peut réellement parler de coopération. Chaque pays a ses points forts, ses connaissances, ses matières premières, et nous les mettons en commun. Nous apprenons tous les uns des autres et nous avons tous besoin les uns des autres.
 

7. La solidarité internationale soutient les personnes dans le besoin, et non les gouvernements ou les intermédiaires


Peut-être pensez-vous que tout cela est sans espoir parce que l'argent disparaît de toute façon dans les poches des intermédiaires et ne parvient jamais aux personnes qui en ont besoin. Cela s'est certainement produit dans le passé, mais nous avons appris depuis.

Par exemple, l'agence de développement belge Enabel dispose d'un bureau d'intégrité à part entière et indépendant pour lutter contre la fraude et les abus de pouvoir. Une clause anticorruption stricte est reprise dans les programmes de coopération que la Belgique conclut avec ses pays partenaires. En cas d’irrégularités, la Belgique peut suspendre la coopération de pouvoirs publics à pouvoirs publics pour une durée indéterminée.

Notre pays soutient également la société civile locale afin qu'elle puisse demander des comptes à ses propres autorités. Nos acteurs non gouvernementaux (ONG, universités...) travaillent de toute façon directement avec la société civile et font également tout leur possible pour être transparents. Consultez par exemple à cet égard le site web ngo-openbook.be. Tous les détails sur la Coopération belge au Développement sont disponibles sur openaid.be

La Belgique soutient également des projets spécifiques en matière de corruption. Elle s'est en outre engagée dans le cadre de l'ONU à lutter contre la corruption.

La fraude et la corruption ne peuvent pas toujours être évitées, mais ce n'est pas une raison pour arrêter ou réduire notre coopération au développement. Il existe des méthodes efficaces pour lutter contre la corruption et notre pays les applique aussi scrupuleusement que possible.
 

8. La solidarité internationale fonctionne !


Tout d'abord, distinguons l'aide humanitaire de la coopération au développement. L'aide humanitaire fournit une assistance urgente en cas de catastrophes naturelles et de conflits. Elle veut alléger les souffrances des populations touchées et contribuer à rétablir la situation initiale. Les populations reçoivent des colis alimentaires, des hébergements d'urgence, des kits de démarrage pour relancer l'agriculture... En bref, il apparaît clairement que l'aide humanitaire est efficace.

Dans le domaine de la coopération au développement, les choses sont un peu plus compliquées. Elle vise à améliorer les conditions de vie et agit davantage sur le long terme. Elle cherche à ancrer des améliorations fondamentales.

Mais au milieu de tous les autres facteurs, comment mesurer l'impact exact de la coopération au développement ? Des  études démontrent que la coopération au développement est effectivement suivie d’une croissance économique, accompagnée de création d'emplois et d’une réduction de la pauvreté.

Quoi qu'il en soit, les résultats sont très tangibles : beaucoup plus d'enfants – et de filles – vont à l'école, la mortalité infantile diminue, davantage de personnes bénéficient de soins de santé, les gens peuvent créer une entreprise et donc gagner leur vie, l'extrême pauvreté diminue considérablement, etc.

La Corée du Sud en est un bel exemple. Ce pays a reçu 13 milliards de dollars d'aide au développement entre 1945 et 1999, ce qui lui a permis de devenir le premier « tigre asiatique ». C'est précisément la raison pour laquelle les Coréens étaient fortement motivés pour faire quelque chose en retour. Aujourd'hui, la coopération au développement et la solidarité internationale figurent parmi les priorités de la Corée du Sud.

Outre le soutien financier – principalement sous forme de prêts – le pays s'est fortement engagé dans le soutien politique, le développement de l'expertise, le partage des connaissances, l'indépendance fiscale et le développement d'une économie verte. La Corée du Sud estime que le développement doit être mené par les pays en développement eux-mêmes et être axé sur leurs besoins spécifiques. Elle sait effectivement par expérience que c'est cette approche qui a le plus aidé.

La coopération au développement est un processus complexe, mais elle peut faire la différence. Il s'agit d'être ouvert à la critique et de continuer à apprendre de nos erreurs. Mais aussi et surtout, d'écouter attentivement les expériences de nos partenaires et d'apprendre les uns des autres.
 

9. La solidarité internationale rapporte


Plusieurs études démontrent que l'argent que nous investissons dans la coopération au développement est également rentable. Par exemple, entre 1978 et 2011, chaque euro que l'Allemagne a consacré à l'aide a entraîné une augmentation moyenne des exportations de 0,83 euro. Cette hausse des exportations a, à son tour, permis de créer quelque 216 000 nouveaux emplois.

Au Royaume-Uni (RU), chaque dollar de financement bilatéral direct du développement a entraîné une augmentation des exportations de 0,22 dollar. Rien qu'en 2014, les 5,9 milliards de dollars consacrés par le RU à l'aide bilatérale directe se sont traduits par 1,3 milliard de dollars d'exportations supplémentaires et 12 000 nouveaux emplois. L'Australie a fait encore mieux. Dans ce pays, chaque dollar d'aide a entraîné une augmentation des exportations vers le pays bénéficiaire de 7,1 dollars.

Sans parler des dépenses évitées. Ainsi, chaque dollar investi dans la consolidation de la paix permettrait d'économiser 16 dollars en évitant de futurs conflits onéreux. Une autre étude révèle que l'investissement dans la prévention des conflits pourrait permettre d'économiser 33 milliards de dollars par an dans un scénario neutre, et 5 milliards de dollars supplémentaires dans le scénario le plus pessimiste. Il en va de même pour les investissements dans la lutte contre le dérèglement climatique.

La coopération au développement apporte naturellement aussi des avantages au pays bénéficiaire lui-même. Ainsi, chaque dollar investi dans la petite enfance rapporterait à terme entre 6 et 17 dollars. L'impact est particulièrement frappant chez les filles.
 

10. La solidarité internationale n'est pas de la charité


Il n'y a rien de mal à la charité – autrement dit, aider les autres – mais souvent, de manière subtile et inconsciente, l'aide à une personne pauvre et nécessiteuse s'accompagne d'une certaine condescendance. Elle crée une relation de donneur et de receveur, de supérieur et d'inférieur. Et c'est précisément ce que la solidarité internationale veut éviter.

La solidarité internationale vise à aider les autres sur un pied d'égalité. Nous sommes tous égaux, nous avons tous nos talents, mais certains ont eu moins d'opportunités. La solidarité veut remédier à cette situation afin que chacun puisse prendre sa vie en main.

Personne n'est meilleur qu'un autre, nous avons tous nos défauts, nous pouvons tous apprendre les uns des autres. En fin de compte, tout le monde en tire profit, y compris nous-mêmes.
 

Conclusion


Un monde sans solidarité internationale, où chaque pays s'enferme à l’intérieur de ses propres frontières, serait un monde extrêmement froid. Un monde fragmenté et sans cohésion dans lequel les problèmes prendraient des proportions gigantesques. Chaque personne, chaque pays a le droit de se développer, mais pas au détriment des autres. Autrement, cela créerait un effet de boomerang et compromettrait notre propre existence.

C'est pourquoi la solidarité internationale mise sur l'ouverture d'esprit, la reconnaissance de l'autre, l'empathie. En retour, cette approche fournit de la sécurité, de la sérénité, du sens, du bien-être, de la prospérité économique, etc. Autant de raisons de continuer à cultiver la solidarité internationale.