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Le célèbre chanteur folk-pop turc Ramazan Kubat pendant le festival de musique. © SPF Affaires étrangères
Il y a 60 ans, en 1964, la Belgique concluait des accords avec la Turquie et le Maroc sur l’immigration de leurs ressortissants dans notre pays. Depuis, les communautés turque et marocaine ont indéniablement contribué à façonner le visage de la Belgique. Pour commémorer ce chapitre de notre histoire, notre consulat général à Istanbul a organisé un festival de musique animé par des personnalités belgo-turques devenues célèbres dans le pays du Bosphore, parmi lesquelles la superstar Hadise. De son côté, notre ambassade à Rabat a soutenu divers événements.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’économie belge connaît une croissance fulgurante. À tel point que la population n’est plus capable, à elle seule, de répondre à la demande de main d’œuvre. Les autorités belges décident alors de conclure des accords avec plusieurs pays, dans l’optique d’attirer des travailleurs étrangers. Un premier accord est signé avec l’Italie (1946), puis entre autres avec l’Espagne (1956) et la Grèce (1957).
Les accords de 1964 sur la main d’œuvre
En 1964, la Belgique conclut des accords relatifs à la main d’œuvre avec la Turquie (le 16 juillet) et le Maroc (le 18 février). Des milliers de Turcs et de Marocains partent pour notre pays, attirés par les conditions migratoires souples et la perspective d’un travail. Beaucoup parmi eux commencent à travailler dans les mines de charbon, mais aussi dans l’industrie textile et métallurgique, entre autres.
Ces deux vagues d’immigration ont considérablement remodelé le paysage de la Belgique. Bien qu’on ne dispose pas des chiffres exacts, on estime que la diaspora turque – Turcs et descendants d’immigrants turcs – représente 200 000 à 300 000 personnes. La communauté des personnes d’origine marocaine compterait plus de 700 000 personnes.
Un festival de musique à Istanbul
Notre consulat général à Istanbul a profité du 60e anniversaire de l’accord avec la Turquie pour mettre en lumière les liens étroits qui unissent nos deux pays. Le poste a organisé, dans le parc de la prestigieuse université Bilgi, un festival de musique estival au concept original : une affiche uniquement composée de musiciens aux racines belges.
En effet, de nombreux Belgo-Turcs sont retournés dans leur « pays d’origine » et y sont devenus célèbres, sans pour autant renier leurs origines belges. Souvent, le public local ignore les liens qu’entretiennent ces « célébrités turques » avec la Belgique. En braquant les projecteurs sur ces liens, notre consulat général est parvenu à valoriser les réussites de la migration belgo-turque.

Notre consul général Tim Van Anderlecht (à l’extrême droite) interviewe Hadise (2e à partir de la droite). À côté d’elle se trouve l’ambassadeur belge Paul Huynen. © SPF Affaires étrangères
Une superstar aux origines belges
Le festival a rassemblé de nombreux musiciens, tels que Ramazan Kubat, un chanteur folk né à Anvers et devenu un grand nom de la pop folk turque, mais aussi Doğukan Manço, DJ et chanteur né à Liège et fils de Baris Manço, musicien parmi les plus influents de la scène pop turque. Citons également Ali Pinar, acteur et chanteur ayant effectué ses études primaires et secondaires à Bruxelles, ainsi que Ramazan Sesler, fils de la légende turque de la clarinette Selim Sesler.
Entre les représentations, d’autres Belgo-Turcs célèbres en Turquie étaient interviewés. Parmi eux, Mahinur Göktaş, actuelle ministre turque de la famille et unique femme siégeant au sein du gouvernement du président Erdogan, mais également la superstar Hadise, chanteuse née à Mol et représentante officielle de la Turquie au Concours Eurovision de la chanson en 2009.
Les artistes belgo-turcs Karl Talip et Jeroen De Moen ont fait don de 17 œuvres, vendues aux enchères au bénéfice des victimes du tremblement de terre qui a secoué l’est de la Turquie. Au total, l’initiative a permis de récolter près de 5 000 euros.
Le festival a attiré plus de 1500 visiteurs, qui ont également eu l’occasion de goûter un vaste assortiment de spécialités belges et turques. Les enfants n’étaient pas en reste, avec diverses activités proposées.

Vue du public. © SPF Affaires étrangères
Un podcast avec Tom Naegels
La veille du festival, notre consulat général avait organisé un événement réservé aux invités officiels, artistes, sponsors et autres VIP. Tom Naegels, l’auteur de « La nouvelle Belgique : une histoire de l'immigration : 1944 - 1978 », leur y a présenté un exposé passionnant sur les premières années de l’immigration turque en Belgique. L’événement a pu compter sur la présence du vice-gouverneur d’Istanbul, dont la fille étudie en ce moment dans notre pays.
Enfin, notre consulat général avait prévu un volet belge pour cette commémoration, en invitant Alex Agnew et Andries Beckers, les réalisateurs du très populaire podcast Welcome To The AA cumulant près de 450 000 auditeurs par mois. Dans les bâtiments du consulat, ils ont enregistré un épisode de leur podcast avec Tom Naegels, qui s’est exprimé sur son livre et la thématique de la migration.
Moussem Belgica au Maroc
Notre ambassade à Rabat (Maroc) a fait le choix de ne pas se lancer elle-même dans la réalisation d’un grand événement, mais plutôt d’apporter son soutien à d’autres actions. Elle a ainsi mis une œuvre de l’artiste Randa Maroufi à la disposition du festival Moussem Belgica. Organisé par le centre d’art bruxellois Moussem, ce festival artistique a lieu dans les villes de Tanger et Oujda, au cœur des deux régions d’où sont partis la plupart des émigrés marocains après l’indépendance du pays.
En outre, un chargé d’affaires a pris part à la cérémonie de clôture du projet DIMOBEL, une plateforme de collaboration financée par Wallonie-Bruxelles International. L’événement avait pour thème : comment stimuler le corridor belgo-marocain et accompagner l’entrepreneuriat et les investissements ?
Enfin, lors de la réception organisée pour célébrer la fête nationale belge, notre ambassade a exposé une dizaine de panneaux tirés de l’exposition Belgica Biladi. Initiée par l’ULB, cette exposition qui met à l’honneur l’immigration marocaine était auparavant établie à Bruxelles, entre autres dans la galerie Ravenstein et le parc de Bruxelles.
En 60 ans, l’immigration venue du Maroc et de la Turquie a indéniablement transformé la Belgique. Les travailleurs étrangers ont participé à l’essor économique de notre pays. Aujourd’hui encore, leurs descendants apportent une contribution indispensable à notre tissu économique, social et culturel. Nos deux postes avaient à cœur de le rappeler.
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