Alain Sobol, consul honoraire à Charm el-Cheikh : un interlocuteur de référence pour les touristes belges

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Photo d'une plage avec de nombreux parasols. En arrière-plan, la mer Rouge et, au premier plan, un rocher

Plage d’El Fanar à Charm el-Cheikh. Les touristes belges qui y rencontrent des problèmes peuvent s’adresser au consul honoraire Alain Sobol (© Getty Images).

Chaque semaine en haute saison, quelque 500 Belges affluent dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh. En cas de problème (perte du passeport ou de la carte d’identité, accident, etc.), nos compatriotes peuvent toujours se tourner vers Alain Sobol, consul honoraire et directeur d’une école de plongée locale. Il nous a raconté son histoire.

La Belgique bénéficie d’un réseau de près de 300 consuls honoraires qui sont principalement basés dans les régions dépourvues d’ambassade ou de consulat de carrière belge dans un large périmètre. Certains consuls honoraires endossent un rôle plutôt économique, tandis que d’autres se consacrent principalement à l’assistance aux Belges qui se trouvent dans leur circonscription. Cette fonction s’exerce tout particulièrement dans les zones très touristiques.
 

Le virus de la plongée


Alain Sobol occupe le poste de consul honoraire pour notre pays à Charm el-Cheikh depuis 2006. Les eaux calmes et limpides de la mer Rouge font de cette station balnéaire située sur la péninsule égyptienne du Sinaï une destination de plongée sous-marine très prisée, entre autres des Belges. En haute saison, deux – parfois trois – avions atterrissent chaque semaine en provenance de la Belgique, soit environ 500 compatriotes.

C’est justement la passion de la plongée qui a poussé Alain Sobol à s’installer à Charm el-Cheikh. « Je suis venu pour la première fois en 1972 et je suis resté une année entière », raconte-t-il, « il faut savoir que mon père avait fondé ici un club de plongée sous-marine ».

Il est ensuite rentré en Belgique, où il a tenu un magasin de plongée, mais il retournait tout de même régulièrement à Charm el-Cheikh avec un groupe de plongeurs. En 1978, l’Égypte et Israël ont conclu les accords de Camp David, qui ont permis à l’Égypte de récupérer le Sinaï en 1982. « Grâce à ses contacts, mon père avait appris que le gouvernement égyptien avait pour ambition d’élever Charm el-Cheikh au rang de pôle touristique et cherchait à cette fin des experts en plongée sous-marine », poursuit Alain Sobol. « C’est ainsi que j’y ai fondé en 1982 l’école de plongée Red Sea Diving College. »

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Photo du consul honoraire Alain Sobol plongeant en mer Rouge parmi les coraux et les poissons

Plongeur et consul honoraire Alain Sobol en mer Rouge (© Alain Sobol).

Sa nomination en qualité de consul honoraire


Dès le début de sa carrière, il a tissé des liens étroits avec l’ambassade de Belgique au Caire. « Cela s’est passée dans une ambiance très conviviale. Il faut dire que le personnel de l’ambassade venait alors régulièrement à Charm el-Cheikh pour plonger ou passer ses vacances en bord de mer. C’est même l’ambassadeur qui a officié mon mariage à l’ambassade, je pense être le seul à avoir vécu une telle expérience ! »

Dans le cadre de cette relation privilégiée, l’ambassade l’appelait régulièrement pour lui poser des questions. « Je suis ainsi devenu un intermédiaire entre Charm el-Cheikh et le Caire. En 2006, l’ambassade m’a demandé si je ne souhaiterais pas devenir consul honoraire. J’ai accepté la proposition et les autorités égyptiennes (qui devaient également donner leur accord) ne s’y sont pas opposées. »
 

Sept jours sur sept


Dans la pratique, son nouveau statut officiel de consul honoraire ne changeait finalement pas grand-chose. « La seule différence était que j’avais désormais l’obligation de mettre la main à la pâte. » Pour Alain Sobol, ce rôle signifiait principalement prêter assistance aux touristes belges. « La plupart du temps, il s’agit de touristes qui ont perdu leur passeport ou leur carte d’identité, à qui nous délivrons un passeport temporaire après approbation de l’ambassade. »

Le numéro de téléphone et l’adresse e-mail du consulat honoraire à Charm el-Cheikh figurent sur le site web de l’ambassade de Belgique au Caire. « Nous sommes joignables sept jours sur sept pour nos compatriotes », précise Alain Sobol. « Maintenant, j’éteins mon téléphone quand je vais dormir, aux alentours de minuit. Mais j’ai aussi un assistant qui assume une partie des tâches du consulat honoraire. »
 

Un interlocuteur de référence


Les e-mails affluent en permanence. « Nous recevons des questions telles que “peut-on séjourner à Charm el-Cheikh en toute sécurité ?”, mais aussi de nombreuses demandes qui sont plutôt destinées à l’ambassade, par exemple au sujet des procédures pour un mariage en Égypte. »

Des événements désagréables peuvent évidemment aussi se produire, mais ils restent heureusement exceptionnels. « Il arrive que des Belges rencontrent des problèmes avec la police et nous avons déjà été confrontés à un cas de meurtre. Malheureusement, nous ne sommes pas non plus à l’abri d’un décès, qui survient parfois dans le cadre d’un accident de la route ou d’une plongée. Dans le cadre de toutes ces affaires, mon rôle est celui de premier interlocuteur, mais les mesures telles que rapatrier une dépouille et prévenir la famille sont quant à elles du ressort de l’ambassade. Je fais office d’intermédiaire. S’il arrive quelque chose à un touriste belge, le tour-opérateur sait également qu’il peut me contacter. J’appelle l’ambassade pour signaler le problème et elle décide de la marche à suivre. Finalement, je suis souvent l’interlocuteur de référence. »
 

La capacité à encaisser


Tout le monde ne comprend pas toujours que les modalités pratiques ne font pas partie des attributions du consul honoraire, qui est d’ailleurs une fonction non rémunérée – du bénévolat, en réalité. « Un jour, une dame a dû être hospitalisée et son mari voulait que les choses soient réglées rapidement, mais en tant que consul honoraire, la marge de manœuvre est limitée et il me l’a vertement reproché. Dans ce cas, il faut simplement encaisser. »

Dans l’éventualité d’une crise majeure, Alain Sobol, en sa qualité de consul honoraire, est également le premier interlocuteur. « Nous avons déjà connu notre lot de crises ici : le printemps arabe, l’explosion d’un avion, des attentats terroristes, des attaques de requins sur des touristes… Ce n’est pas un long fleuve tranquille. »

Lorsque le sommet des Nations Unies sur le climat (COP27) a eu lieu à Charm el-Cheikh en 2023, Alain Sobol s’est vu confier quelques tâches en amont de la conférence, mais pendant le sommet lui-même, c’est une équipe renforcée issue de l’ambassade qui a pris le relais. « J’ai alors pu boire un verre ou deux tranquillement avec l’ambassadeur », ajoute-t-il en riant.
 

Une certaine notoriété


Bien qu’il n’assume aucune tâche économique ou politique, Alain Sobol entretient de bonnes relations avec les autorités égyptiennes locales, en particulier à l’échelle communale. « Elles m’appellent régulièrement en cas de besoin. Ces contacts se révèlent très utiles (par exemple si un Belge se retrouve emprisonné) et évitent à l’ambassade du Caire d’envoyer l’un de leurs agents. L’ambassade m’a également déjà demandé d’accomplir les démarches pour l’obtention d’un rapport de police dans le cadre d’un accident. »

Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, les consuls honoraires de Belgique exercent leurs fonctions sans percevoir aucune rémunération. « Cette activité ne me rapporte en effet pas le moindre centime, au contraire, j’investis même de ma poche. Ainsi, mon assistant (rémunéré par mes soins) prend en charge une partie des tâches du consulat honoraire et ce ne sont pas les quelques passeports provisoires que je délivre (pour lesquels je reçois une compensation) qui vont faire la différence. En 2007, j’ai tout de même été décoré Officier de l’Ordre de Léopold II. »

Dans ce cas, pourquoi assumer cette fonction ? « Tout d’abord, par habitude et pour venir en aide aux autres, mais peut-être aussi et surtout pour la notoriété qui accompagne ce rôle. Cette reconnaissance me permet d’entretenir de bons rapports avec le gouvernement, ce qui peut toujours s’avérer utile. » Il ne saurait quantifier le temps qu’il consacre à la fonction : « C’est très variable, parfois il n’y a rien à faire, parfois énormément ».
 

Une fonction utile et nécessaire


Alain Sobol n’a pas beaucoup de contacts avec les deux autres consuls honoraires de Belgique basés en Égypte (à Alexandrie et Hurghada). Ces derniers temps, la relation avec l’ambassade au Caire s’est également quelque peu calmée. « Nous avons évidemment été conviés pour le 21 juillet et le 15 novembre, mais ils ont fort à faire en ce moment dans le contexte des guerres à Gaza et au Soudan. La communication se déroule actuellement de manière très fluide sur WhatsApp. »

Il entretient par ailleurs des contacts assez réguliers avec les autres consulats honoraires étrangers à Charm el-Cheikh. « La ville compte cinq consulats honoraires. En plus de la Belgique, le Royaume-Uni, la France, l’Italie et la Russie sont représentés. En revanche, l’Allemagne, qui est pourtant un grand pays, ne compte aucun consulat honoraire. Si un touriste allemand rencontre un problème, il doit dès lors s’adresser à son ambassade au Caire. »

La fonction de consul honoraire est donc bel et bien utile et nécessaire. Ce rôle de premier point de contact lui permet d’offrir un soutien direct et une présence pour les Belges qui se trouveraient en difficulté. C’est tout de même beaucoup plus rassurant et rapide que de devoir téléphoner ou envoyer un e-mail à l’ambassade au Caire qui est très éloignée.

Âgé aujourd’hui de 75 ans, Alain Sobol peut normalement poursuivre l’exercice de sa fonction encore cinq ans. « Je continue mon petit bonhomme de chemin : jusqu’à présent, personne ne m’a encore contacté pour me demander d’arrêter », conclut-il sur le ton de la plaisanterie. « De toute façon, je ne vois vraiment pas qui pourrait me remplacer dans l’immédiat. »