Ambassade à Nairobi : en route vers la neutralité climatique

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Photo du bâtiment de l'ambassade à Nairobi

Le bâtiment de l’ambassade à Nairobi (© SPF Affaires étrangères).

Les travaux ont commencé pour rendre l'ensemble du complexe de notre ambassade à Nairobi neutre sur le plan climatique, une première ! Ce projet inclut l'installation de panneaux solaires, la réutilisation de l'eau, la fermentation des déchets de cuisine et bien d’autres initiatives. L’ambassade a par ailleurs soutenu la campagne de notre compatriote Jean-Pascal Van Ypersele pour la présidence du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

Le concept de « neutralité climatique » est de plus en plus répandu de nos jours. Il s’applique aux habitations, entreprises, institutions, villes ou pays organisés de manière à n’entraîner aucune répercussion sur le climat. Ces structures n'émettent donc pas de gaz à effet de serre, ou les inévitables émissions résiduelles sont extraites de l'atmosphère grâce à des phénomènes naturels ou des techniques spécifiques. Le monde entier doit de toute urgence atteindre la neutralité climatique si nous voulons éviter que la crise climatique ne dégénère.

Mais par où commencer ? La bonne nouvelle, c’est que les techniques existent ! Notre ambassade à Nairobi (Kenya) est en tout cas prête à relever le défi. Elle entend d’ailleurs avoir atteint la neutralité climatique d’ici février prochain, ce qui coïncidera avec le 6e sommet du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) à Nairobi.
 

Sur les traces d’un camp de safari climatiquement neutre


L’ambassadeur Peter Maddens nous raconte : « Lorsque je suis arrivé ici en août 2021, j'ai rencontré un entrepreneur belge qui dirigeait un camp de safari neutre sur le plan climatique. En de nombreux aspects (personnel, superficie, parc automobile, etc.), le camp ressemblait au complexe de notre ambassade. Aucune raison dès lors à ce que nous ne parvenions pas à faire de même ! »

Depuis lors, le marché public a été conclu et l’entreprise sélectionnée a commencé les travaux. Quelles adaptations doivent être apportées ? L’ambassadeur Maddens répond : « Le complexe sera équipé de panneaux solaires dotés de batteries qui doivent permettre de continuer à travailler pendant plusieurs jours, en cas  d'obscurité absolue et sans aucun apport du réseau. De plus, nous récupérerons l'eau de pluie et recyclerons 80 % de notre eau. L'entreprise aménagera également un potager et un mur à herbes aromatiques que les visiteurs et notre personnel pourront librement récolter. Des ciseaux et des sachets seront fournis à cet effet. Que ce soit le romarin, le thym… ou toute autre aromate à laquelle vous pourriez penser : toutes ces plantes poussent en abondance ici. Pour terminer, les déchets de cuisine seront fermentés dans un biodigesteur pour les transformer en biogaz que nous pourrons utiliser pour cuisiner. Toutes ces idées nous ont été inspirées par le camp de safari écologique. »

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Photographie d'un mur de pierre sur lequel sont inscrits les mots "Embassy of Belgium". En arrière-plan, des arbres et une partie d'un bâtiment

Vue de la forêt de Karura en bordure du terrain de l’ambassade (© SPF Affaires étrangères).

Des idées pour l’avenir ?


Néanmoins, ces adaptations ne permettront pas encore au complexe d’atteindre une neutralité climatique totale. « Nous disposons de deux voitures dont une sera prochainement remplacée par un véhicule électrique. En outre, notre personnel utilise encore des voitures à essence. Pour compenser l'utilisation de ces combustibles fossiles, nous envisageons de conclure des accords, par exemple avec nos voisins de la forêt de Karura située juste à côté de notre complexe. La forêt de Karura est une forêt urbaine qui a été protégée par la lauréate du prix Nobel Wangari Maathai (aujourd’hui décédée). Nous pourrions ainsi raccorder la clôture de la forêt à notre propre réseau électrique. Nous envisageons également l'idée de récupérer une partie des déchets de la cuisine du restaurant situé dans la forêt urbaine pour les transformer chez nous par fermentation, car nos propres déchets, seuls, ne permettront pas de produire suffisamment de biogaz pour faire fonctionner notre cuisine en toute autonomie. Nous prévoyons également de planter 500 arbres. »

Le projet a pour atout majeur de s’appuyer sur des techniques tout à fait réalisables. L'ambassadeur Maddens est dès lors entièrement convaincu que son complexe pourra officiellement être qualifié de climatiquement neutre d'ici février 2024, devenant ainsi la toute première ambassade belge totalement neutre sur le plan climatique et la première ambassade de ce genre à Nairobi !

Les efforts visant à rendre le complexe de Nairobi neutre sur le plan climatique ne constituent pas un cas isolé. Ils s'intègrent dans un engagement continu de l'administration centrale à Bruxelles – plus précisément du service Patrimoine à l'étranger – de réduire drastiquement l'empreinte écologique de notre SPF. Cette tâche comprend la rédaction et l'analyse de cahiers des charges et d'offres, la supervision des travaux depuis Bruxelles et bien plus encore.

Le service applique à cet effet une vision résolument holistique, en examinant divers aspects, entre autres : les solutions énergétiques respectueuses du climat, une consommation d'eau et un aménagement des espaces verts adaptés aux conditions climatiques, la collecte et le traitement des déchets, l’archivage, le mobilier et les œuvres d'art, la transformation et la meilleure utilisation des bâtiments, l’utilisation de peintures écologiquement responsables... Le recyclage et l'économie circulaire occupent également une place centrale. Les avantages sont non seulement écologiques, mais aussi économiques, car, à terme, la facture énergétique s’en verra considérablement réduite.

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Photo de Jean-Pascal Van Ypersele avec la ministre Lahbib

Jean-Pascal Van Ypersele avec le ministre Lahbib lors du lancement de sa candidature à Bruxelles (© SPF Affaires étrangères).

Notre poste à Nairobi a soutenu la campagne du climatologue Jean-Pascal Van Ypersele


Cela vous a peut-être échappé, mais notre compatriote Jean-Pascal Van Ypersele s'est récemment porté candidat à la présidence du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Malheureusement, il n'a pas remporté les élections qui se sont déroulées le 26 juillet à Nairobi. L'Écossais Jim Skea a manifestement réussi à convaincre un plus grand nombre de pays.

À l'instar de tous nos postes, notre ambassade à Nairobi n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour soutenir la campagne du climatologue belge, en organisant par exemple plusieurs visites durant sa tournée de campagne du 1er juin au 6 juin. Tout d'abord, elle a participé avec Jean-Pascal Van Ypersele à la plantation d'arbres fruitiers dans une école à Nyeri (à deux heures au nord de Nairobi). Cette action faisait partie d'un projet à plus grande échelle mené dans 500 écoles par la militante écologiste Elisabeth Wanthuti.

Ils ont également visité l'entreprise belge Hydrobox qui installe de petites centrales hydroélectriques, permettant de fournir de l’électricité à des villages d’une centaine d’habitants sans solliciter le réseau électrique national. L'entreprise avait été créée à l'époque grâce au financement de Finexpo, un organe des Affaires étrangères.

La tournée de campagne était en outre programmée en juin pour coïncider avec la 2e session d'ONU-Habitat consacrée à l’urbanisation durable. Jean-Pascal Van Ypersele a pu y établir des contacts au plus haut niveau politique.

Enfin, des rencontres ont également été organisées avec des ministres et hauts fonctionnaires des ministères kényans des Affaires étrangères et de l'Environnement. Notre poste a par ailleurs fourni l'accueil nécessaire durant la dernière semaine de juillet, lors de la tenue des élections.

Même si notre compatriote n'a finalement pas remporté l'élection, l'ambassadeur Maddens évoque tout de même la campagne avec satisfaction. « En temps normal, nous entretenons des contacts avec les ministères des Affaires étrangères et de l'Environnement, mais la campagne pour monsieur Van Ypersele nous a permis d'également établir des liens avec nos homologues kényans de Belspo (politique scientifique) et de l'Institut royal météorologique. Ce sont de nouvelles relations intéressantes qui pourront contribuer à notre positionnement dans le débat climatique. »