Art et diplomatie, un duo de choc

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Intérieur Ambassade de Belgique Madrid

Intérieur de l'ambassade de Belgique à Madrid. À gauche et à droite de la porte, 2 tableaux d'après Rubens.
© SPF AE/FOD BZ

L'art, un pont

Pensez à Rubens, il était presque aussi connu pour ses compétences diplomatiques que pour ses talents artistiques. Le cliché selon lequel les artistes sont des rebelles et des iconoclastes et un diplomate pèse chacun de ses mots, est obsolète. L'art est précisément un langage universel qui est accessible et compréhensible pour de nombreuses personnes.

« L'art est un pont entre les différentes populations », déclare Geert Cockx, l'ambassadeur belge en Espagne, lors d’un webinaire sur le thème « Art & Diplomacy », en septembre 2021 Des études britanniques montrent que des réunions à petite échelle liées à un événement culturel peuvent avoir un impact significatif sur la coopération dans des dossiers parfois délicats. Lorsque des diplomates issus d'horizons divers se rencontrent, cela peut jeter des ponts.

Collection d'art propre

Saviez-vous que le SPF Affaires étrangères possède 4500 œuvres d'art, réparties dans différents postes diplomatiques ? Dans cette collection, on retrouve des tapisseries, des peintures, des dessins, des œuvres graphiques et, depuis peu, des photographies et des vidéos. Nous avons de grands noms comme Léon Spilliaert, René Magritte, Paul Delvaux, Marthe Wéry, Panamarenko, Michaël Borremans, Ann Veronica Janssens et Marie-Jo Lafontaine. Certains artistes internationaux de renom sont également représentés.  Par exemple, Mona Hatoum au Palais d'Egmont, Abdoulayé Konaté à Bamako et Nobuyoshi Araki à Tokyo. Les œuvres de jeunes artistes tels que Rinus Van De Velde et Lara Gasparotto sont également exposées. Nous avons aussi des œuvres de photographes les plus connus du pays : Stephan Vanfleteren (dont Stromae à Paris et un surfeur sénégalais à Dakar) et Lieve Blancquaert (la série « Birthday » à Washington).

Notre collection d'art existe depuis la création de notre pays en 1830, mais elle s'est surtout développée depuis les années 1950, après la Seconde Guerre mondiale et avec l'ouverture de la plupart des postes diplomatiques. Toutes ces œuvres sont entrées en notre possession grâce à des dons, des prêts et des achats.

À l’heure actuelle, nous investissons de plus en plus dans des partenariats avec des collections privées ou publiques. Nous envisageons également des collaborations avec nos académies d'art pour donner aux jeunes artistes la possibilité d'exposer leurs œuvres à l'étranger. Un bon exemple en est le programme « Belgian Artists in Residence » de notre consulat général à New York, qui met gratuitement ses murs à la disposition d'artistes belges.

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Peinture murale en noir et blanc d’un taureau avec une fille aux cheveux bleus sur le dos

Sara CONTI, Zeus & Europa, peinture murale, cour de la représentation belge auprès de l'UE, Bruxelles.
© SPF AE/FOD BZ

Impact

Notre art fait plus qu'orner les ambassades. En effet, les œuvres d'art sont placées dans un contexte spécifique. Par exemple, dans une résidence – l’habitation de fonction du chef de poste - il est parfois plus approprié d'accrocher une œuvre d'art plutôt imposante, comme une tapisserie. Dans une ambassade ou une chancellerie, en revanche, on opte plus souvent pour quelque chose de moderne et contemporain, comme une photographie.

Souvent, l'œuvre d'art peut être une incitation à entamer une conversation. Quelques exemples parlants sont la fresque « Europe & Zeus » (Sara Conti) à la représentation belge auprès de l'UE à Bruxelles, le « Labyrinthe diplomatique » (Eric Van Hove) dans la cour intérieure de la nouvelle ambassade à Rabat et la sculpture lumineuse « Schengen » (Koen Wastijn) à Luxembourg.

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Cour ambassade de Belgique à Rabat

Eric VAN HOVE, Labyrinthe diplomatique, jardin intérieur avec zelliges (= certaine technique de mosaïque), carreaux et quatre arbres, Ambassade de Belgique à Rabat.
© Alessio Mei

Si la Belgique défend des valeurs d'égalité, d'équivalence, de droits humains et de professionnalisme à l'étranger, il est important que les bâtiments et les œuvres d'art reflètent également ces valeurs. Notre ambassade à Kinshasa en est un bon exemple. Elle nous incite à réfléchir sur le passé colonial. Des œuvres d'artistes congolais et belges sont présentées sur un pied d'égalité. Certaines de ces œuvres posent même des questions critiques, comme la photo de Sammy Baloji sur l’extraction des matières premières au Congo.

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Photo panoramique de la réserve naturelle de Kinshasa

Sammy BALOJI, Banfora#1, ambassade de Belgique à Kinshasa
© Axis Gallery/Sammy Baloji

Venez voir

Les œuvres d'art étant réparties dans le monde entier, vous ne pouvez pas les admirer toutes en même temps. C'est pourquoi le SPF Affaires étrangères organise de temps en temps des expositions au Palais d'Egmont. L'expo la plus récente (Art & Diplomacy) présentait une partie de la collection d'art contemporain du SPF.

Les ambassades, elles aussi, organisent parfois des expositions accessibles au grand public. Par exemple, l'exposition « Geen pure geldkwestie » se tient actuellement à la résidence officielle de La Haye, en collaboration avec la Nederlandsche Bank et la Banque nationale de Belgique.

En bref, que l'art aide à lancer une conversation spontanée ou à mener à bien des dossiers délicats, il contribue certainement à l'image de notre pays. Et pour rapprocher un peu plus la collection des personnes intéressées, le SPF publie aussi régulièrement des photos d'œuvres d'art sur les médias sociaux. Vous êtes curieux ? Jetez un œil sur le site web et les médias sociaux (Instagram et Facebook).  Pour paraphraser l'œuvre de Rinus Van De Velde : nice to e-meet you !

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Dessin en noir et blanc d’un homme sur le lit avec bulle de parole « Nice to meet you »

Rinus VAN DE VELDE, Nice to meet you - Série 'La Colonie', Ambassade de Belgique à Madrid.
© Zink Gallery/Rinus Van De Velde