B-FAST : nouvel élan après 20 ans d'existence

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Vue aérienne de l'hôpital de campagne B-Fast en Turquie

L'hôpital de campagne de B-FAST en Turquie en 2023 couvrait une superficie impressionnante de 6 000 m², soit la taille d'un terrain de football (© B-FAST).

Notre Belgian First Aid and Support Team, mieux connue sous le nom de B-FAST, fournit depuis 20 ans déjà de précieux services en cas de catastrophes à l'étranger. Afin de répondre à la réalité actuelle, complexe et riche en défis, les enseignements tirés des expériences passées ont été intégrés dans une nouvelle vision.

Chaque année apporte son lot de catastrophes de grande ampleur aux quatre coins de notre planète. Aux inondations, tremblements de terre, ouragans et autres cataclysmes viennent s’ajouter les catastrophes d’origine humaine : accidents industriels, conflits...

Lorsqu’une catastrophe survient, le pays touché peut solliciter une aide extérieure afin de fournir à sa population les premiers secours d’urgence de manière efficace et sans délai. Pour ce faire, il contacte l'Union européenne (UE) ou les Nations Unies (ONU). B-FAST peut ensuite être appelée à intervenir.

L'aide de crise de B-FAST répond aux besoins les plus urgents, par exemple l'épuration ou le pompage des eaux, la mise en place d'un hôpital de campagne ou encore la réalisation d'opérations de sauvetage après des inondations. C’est par cet aspect qu’elle se distingue de l'aide humanitaire, qui prévoit une action à plus long terme.

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Logo B-Fast

Le nouveau logo après 20 ans de B-FAST (© B-FAST).

La structure permanente


B-FAST a officiellement été créée en 2003. Cependant, la nécessité d'une structure permanente capable de réagir vite et efficacement était déjà apparue en 1999. La Turquie venait alors d'être frappée par un violent tremblement de terre à la suite duquel notre pays a proposé son aide. L'organisation des actions manquait toutefois de structure. Des bénévoles s’étaient par exemple rendus de leur propre initiative dans la région sinistrée.

Pour éviter que de telles situations se répètent à l'avenir, plusieurs départements fédéraux - chacun doté de leur propre expertise - ont uni leurs forces. La Défense, le SPF Intérieur, le SPF Santé publique, le SPF BOSA et la Chancellerie du premier ministre ont alors créé B-FAST, en collaboration avec notre SPF - le SPF Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au développement.

Un mois à peine après la création de B-FAST, une équipe d'intervention était envoyée en Algérie pour rechercher des survivants et soigner les blessés à la suite d'un violent tremblement de terre. L'équipe se composait de 67 bénévoles, parmi lesquels des experts spécialisés en recherche et sauvetage en milieu urbain (Urban Search and Rescue, USAR) accompagnés de leurs chiens pisteurs. Outre un module médical, B-FAST a fait don de générateurs et de tentes par l'intermédiaire de la Croix-Rouge de Belgique.
 

Un déferlement d'aides


L’une des opérations de secours les plus mémorables fut probablement celle menée après le tsunami meurtrier qui a dévasté l’Asie du Sud-Est au lendemain de Noël en 2004. Des raz de marée ou tsunamis de 10 mètres de haut ont traversé l’océan Indien à une vitesse allant jusqu'à 900 km/heure avant d’engloutir les côtes de toute la région. Avec un bilan de plus de 184 000 morts, principalement en Indonésie et au Sri Lanka, ce tsunami fait partie des catastrophes les plus dévastatrices de l’histoire récente.

B-FAST a entre autres envoyé des équipes d'identification des victimes en Thaïlande. En Indonésie, une autre équipe a prêté main-forte aux autorités locales et à l'ONU en contribuant à la construction des campements destinés aux populations déplacées. B-FAST a également financé l’envoi de matériel d'UNICEF et de Médecins sans frontières vers le Sri Lanka et l’Indonésie, et des colis alimentaires ont été distribués.

Parmi les interventions de B-FAST, nous pouvons également citer les actions menées à la suite d'un violent tremblement de terre à Haïti (2010) et d'un typhon de catégorie 5 aux Philippines (2013). Les opérations se sont déroulées pratiquement sans encombre et les équipes ont travaillé en bonne intelligence avec les autorités locales.

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Photo d'un groupe de personnes dans une tente où l'on peut aller chercher de l'eau potable. Un homme remplit une grande bouteille d'eau.

De l'eau potable au Pakistan grâce à un système d'épuration B-FAST (2022) (© B-FAST).

Développement d'expertise


Nous avons tiré de nombreux enseignements des missions menées durant les dix premières années d'existence de B-FAST. Par exemple, il est rapidement apparu que les équipes de recherche et de sauvetage (Search and Rescue) étaient en surnombre, tandis que des pénuries étaient constatées dans d'autres domaines. B-FAST a par conséquent décidé de réduire ses équipes de recherche et de sauvetage et de se spécialiser dans des services tels que les soins médicaux au moyen d'hôpitaux de campagne, l'épuration des eaux, les pompes à très haute capacité et les campements de tentes.
 

Mission réussie en Turquie


Après le violent tremblement de terre en Turquie en 2023, B-FAST a déployé une équipe d'intervention médicale sur place pour remplacer l'hôpital sinistré de Kirikhan. À l'époque, des critiques avaient été émises, reprochant à l'équipe de ne pas être arrivée sur place assez rapidement, mais ces accusations ont été démenties de manière concluante dans un précédent article.

En à peine dix jours, B-FAST a réussi à mettre sur pied un hôpital de campagne totalement opérationnel abritant entre autres un service d’urgences, des consultations générales, un service de radiologie, une pharmacie, un bloc opératoire, un service spécifique « mère et enfant », une cuisine et une station d'épuration des eaux.

Après 22 jours, l'hôpital de campagne a été remis aux autorités turques. Tout au long de cette période, l'hôpital de campagne de B-FAST est resté ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et a permis de soigner en moyenne 159 patients par jour. Au total, l'équipe de 211 bénévoles a pu prendre en charge 3 503 patients. Du point de vue budgétaire, l’intervention en Turquie a coûté au total 8 millions d’euros.
 

Une nouvelle vision


Le monde actuel n’est plus celui d’il y a 20 ans et le secteur de l’aide d’urgence a connu une importante évolution ces dernières années. Les 20 ans d’existence de B-FAST offraient dès lors une occasion idéale pour revoir la vision et le cadre juridique de B-FAST afin de les adapter à la réalité d’aujourd’hui. À l’heure actuelle, les crises durent beaucoup plus longtemps, par exemple, et elles surviennent dans des contextes parfois plus difficiles. En outre, nous avons tiré de nombreux enseignements de ces deux décennies d’expérience. Le nouvel arrêté royal définit les lignes directrices suivantes :

  • La durée maximale d’une opération est prolongée de 10 jours à 3 mois ;
  • Il est fortement conseillé de dépêcher en premier lieu une équipe de reconnaissance multidisciplinaire chargée d’analyser en profondeur la situation. Cette étape préparatoire permet d’économiser un temps précieux, comme l’a démontré l’opération en Turquie (2023) ;
  • Dorénavant, B-FAST peut également intervenir dans les territoires instables, à condition que les garanties de sécurité soient suffisantes ;
  • Outre l’envoi de matériel de première nécessité (tentes, nourriture, générateurs, matériel médical et kits d’hygiène…) et le déploiement d’experts et de modules (hôpital de campagne, pompes à eau, systèmes d’épuration des eaux…) à l’étranger, des évacuations médicales vers la Belgique sont aussi possibles ;
  • B-FAST investira davantage dans la professionnalisation ;
  • Compte tenu du nombre d’acteurs en jeu, une bonne coordination s’avère indispensable, en particulier au travers de l’UE et de son mécanisme de protection civile ;
  • Il devient également possible de déployer des équipes d’experts en amont des crises afin de renforcer les capacités de réaction des pays concernés.

Comme mentionné précédemment, plusieurs services publics collaborent au sein de B-FAST grâce à une mécanique bien huilée. La nouvelle vision décrit en détail le rôle de chacun de ces acteurs, tout en soulignant la complémentarité de leurs diverses expertises. Elle permet ainsi d’avancer sur la base d’un nouvel élan.

Actuellement, B-FAST dispose d’un budget annuel d’environ 2,3 millions d’euros. Cependant, en cas de crise de grande ampleur, le gouvernement peut très rapidement libérer des budgets et des moyens complémentaires afin d’offrir une aide d’urgence appropriée.

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Photo d'un avion cargo en cours de chargement, avec au premier plan un paquet de boîtes portant le logo de B-Fast

Des fournitures de secours sont en cours de chargement pour le Liban (octobre 2024) (© B-FAST).

Interventions à Gaza


Cette nouvelle vision assortie d’un budget revu à la hausse se révèle indispensable. Cette année, par exemple, B-FAST a déjà déployé d’importants moyens pour venir en aide à la population en détresse à Gaza, entre autres sous la forme de livraisons de matériel médical, de kits d’hygiène, de tentes et de sacs de couchage. Via l’Égypte, nous leur avons fourni des produits de santé et, via la Jordanie, nous avons mené des largages aériens de plats préparés. Par ailleurs, conformément à la nouvelle vision, B-FAST a récemment évacué quatre enfants palestiniens atteints d’un cancer pour les soigner en Belgique.
 

Et la Belgique, alors ?


Certains se demandent pourquoi B-FAST n’intervient qu’à l’étranger et pas lors de catastrophes survenues en Belgique. Cette question, quoique légitime au vu du nom Belgian First Aid, révèle une mauvaise compréhension du mécanisme en jeu. En effet, B-FAST s’appuie sur des experts issus de différents services publics (la Protection civile, l’armée…) ainsi que sur des spécialistes médicaux (des médecins et des infirmiers, entre autres) qui se portent volontaires. Si une catastrophe devait survenir dans notre pays, ces personnes fourniraient les mêmes services en Belgique, dans le cadre de leur environnement de travail habituel tels que les hôpitaux ou la Protection civile belges.

Rappelons également qu’en cas de situation grave chez nous, la Belgique pourrait à son tour faire appel à la solidarité internationale. En 2021, nous avons ainsi utilisé le mécanisme européen de protection civile pour solliciter une aide extérieure face aux inondations dévastatrices en Wallonie.