De nouvelles technologies pour identifier et tracer les armes

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Un « free from explosive », un colis contenant des explosifs, en tant que vestige de sous-munitions photographié à courte distance dans une zone forestière humide

Un « free from explosive » - un emballage vide qui a contenu des explosifs - en tant que vestige de sous-munitions (= partie d’une arme plus grande) photographié à courte distance dans une zone forestière humide avec le système Tech4Ttracing.

Les armes et les munitions peuvent être utilisées dans des contextes très variés : guerres, terrorisme, affaires criminelles. Pour pouvoir débusquer les abus, il est indispensable de les identifier et retracer leur parcours. Pour ce faire, la technologie et l’intelligence artificielle sont utiles. L’ONG Tech4Tracing, soutenue par le SPF Affaires étrangères, innove dans ce domaine.

Tracer les armes illégales permet de mieux comprendre le circuits de détournement, d’identifier les trafiquants et les méthodes qu’ils utilisent. Le traçage des armes se fait traditionnellement via les numéros de séries gravés sur une arme. Une fois une arme illégale retrouvée, sur un champ de bataille ou en possession de groupes criminels ou terroristes, les forces de l’ordre contactent le fabricant originel. Elles essayent ainsi de retracer le parcours de l’arme depuis son premier propriétaire jusqu’à son détournement, le moment où l’arme est devenue illégale.

C’est un processus fastidieux qui implique d’avoir l’arme en question (ou au moins de très bonnes photographies), de l’identifier correctement et d’enclencher un long travail administratif pas toujours couronné de succès. Le traçage dépend en effet de la bonne volonté des Etats pour répondre aux demandes et d’une bonne tenue des registres pour des armes parfois très anciennes.
 

Des flux vidéos


A côté de ces méthodes très rustiques, les nouvelles technologies pourraient nous aider à identifier des armes et des munitions dans des flux vidéos et ainsi mieux comprendre les circuits de détournement voire l’usage de certaines armes à des endroits donnés. En effet, les conflits modernes sont abondamment filmés, la Syrie et l’Ukraine le montrent tous les jours.

Il est cependant impossible pour des êtres humains de passer au peigne fin toutes ces vidéos publiées sur les réseaux sociaux pour identifier certains types d’armes ou de munitions utilisés. Est-ce qu’une intelligence artificielle pourrait le faire à notre place ? C’est le sujet sur lequel travaille Tech4Tracing, une ONG mise en avant par le SPF Affaires étrangères dans différents forums internationaux. Tech4Tracing propose de se faire rencontrer deux mondes qui ne se parlent pas beaucoup, celui du contrôle des armes et celui des nouvelles technologies.  
 

Une image 3D


Avant de pouvoir entrainer une intelligence artificielle à reconnaitre des objets dans des photos ou des flux vidéos, il faut disposer de milliers de photos présentant l’objet sous tous les angles, les conditions de lumières et le type d’environnement ce qui est difficile à trouver quand on parle de munitions spécifiques. Pour pallier à ce problème, Tech4Tracing a reproduit une image 3D à partir d’une sous-munition inerte, photographiée sous toutes ses coutures et dans toutes les conditions atmosphériques et types d’environnement possibles.

Une intelligence artificielle spécialisée dans l’extraction d’information à partir d’images peut ensuite être entrainée à reconnaitre ces munitions dans des vidéos/photos issues de conflits réels. Cette démarche peut être reproduite pour toutes les armes ou munitions à partir de photographies munition, de préférence désactivée.
 

Des applications nombreuses


Une fois l’intelligence artificielle entrainée, des milliers de vidéos peuvent être collectées sur les réseaux sociaux avec des outils de scraping pour ensuite être analysées et, dans le cas où une arme ou une munition spécifique est identifiées, géolocalisées et marquées dans le temps.

Quelle sont les applications pour cet outil ? Elles sont en fait très nombreuses. Les images vidéos identifiées peuvent être utilisées comme preuve dans des cours et tribunaux lorsque les armes identifiées sont des armes interdites, comme des sous-munitions, ou utilisées dans des conditions contraires au droit de la guerre, par exemple, en cas de crimes de guerre. Des zones contaminées par des munitions non-explosées, des mines ou sous-munitions peuvent être cartographiées en vue d’un déminage futur.

Des preuves de l’implication d’un pays dans un conflit peuvent être récoltées via l’identification d’armes ou de munitions que seul ce pays possède. Ce type de technologies peut aussi aider à surveiller la mise en œuvre d’un cessez-le-feu ou à vérifier l’application d’un embargo sur les armes. Des applications au service de la justice criminelle sont également possibles, notamment l’identification des douilles laissées sur des scènes de crime.
 

Notre SPF soutient


Tech4Tracing a présenté sa technologie pour la première fois lors d’un side event aux Nations Unies, sponsorisé par la Belgique et le Mexique en juin 2022. Le SPF Affaires étrangères a ensuite invité Tech4Tracing à exposer ses avancées au niveau de l’Union européenne et de l’OTAN. Tech4Tracing était aussi présent au récent sommet sur l’utilisation de l’intelligence artificielle à des fins militaires (REAIM), organisé par les Néerlandais et la Corée du Sud. Dossier à suivre !