Des ambassades vertes : une priorité absolue de notre SPF

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Photo de panneaux solaires sur un toit

Nous avons installé 160 panneaux solaires – d’une superficie totale de 415 m² – sur le toit de notre ambassade à Riyad, en Arabie saoudite (© SPF Affaires étrangères).

Qu’il s’agisse de rénovations, de nouvelles constructions ou de travaux d'entretien, la durabilité occupe une place centrale dans l'ensemble de nos 350 bâtiments à l'étranger. Récemment, nous avons même réussi à rendre l'entièreté du complexe de notre ambassade à Nairobi neutre sur le plan climatique.

L'accord de Paris sur le climat, entré en vigueur en novembre 2016, vise à limiter le réchauffement de la planète à moins de 2 °C par rapport au niveau préindustriel. Pour y parvenir, en 2018, l'Union européenne a exigé de ses États membres qu’ils élaborent un Plan national pour l'énergie et le climat (PNEC) pour la période 2021-2030.

Le PNEC de notre pays établit entre autres que tout service public doit s’efforcer de réduire autant que possible son « empreinte carbone ». C’est pourquoi, depuis plusieurs années déjà, le SPF Affaires étrangères ne ménage pas ses efforts en faveur de la durabilité de nos ambassades.
 

Pas une tâche facile


Sachant que notre SPF occupe pas moins de 350 bâtiments à l'étranger, répartis dans le monde entier, la tâche est loin d’être facile. Et seul un petit groupe d’architectes assure la gestion de l’ensemble des bâtiments (rénovations, nouvelles constructions et travaux d'entretien) depuis l'administration centrale à Bruxelles. De plus, il arrive souvent que les pays hôtes suivent des habitudes, règles et méthodes de construction totalement différentes des nôtres, ce qui amène son lot de défis. Nous en avons notamment fait l’expérience lors de la construction d'une nouvelle ambassade à Beijing. Autre difficulté rencontrée : un grand nombre d'ambassades se situent dans des pays politiquement instables.

Les procédures prennent par ailleurs beaucoup de temps. Pour une rénovation en profondeur ou une nouvelle construction, vous pouvez compter 3 à 4 ans. Étant donné le contexte géopolitique actuel, les exigences en matière de sécurité sont devenues de plus en plus strictes au fil des dernières années et il faut en tenir compte lors de chaque intervention. Tout projet doit également passer par l'Inspecteur des Finances, entre autres exigences.

Concernant le budget, nous disposons d'une dotation du gouvernement fédéral et nous gérons un fonds des bâtiments alimenté par l'argent que nous recevons lorsque nous vendons des bâtiments à l'étranger. L'ensemble du budget n'est pas consacré à la durabilité, car les habituels travaux d'entretien restent bien entendu nécessaires. En résumé, notre budget est limité, tout comme le personnel pour gérer les dossiers.

En dépit des difficultés rencontrées, la durabilité n’a cessé d’occuper une place prépondérante ces dernières années et nous nous efforçons de réaliser un maximum avec des ressources limitées. Pour ce faire, nous appliquons une vision résolument holistique. Récemment, nous avons même désigné un gestionnaire de la durabilité. Son rôle consistera à examiner encore plus attentivement toutes les possibilités de construction ou de rénovation plus durables, en ce compris les dernières techniques de pointe.

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Photo de fenêtres donnant sur un jardin. À l'intérieur, on trouve des meubles en bois et quelques drapeaux

Les fenêtres isolantes flambant neuves de la résidence à Canberra (Australie) n’enlèvent rien au charme de l’immeuble (© SPF Affaires étrangères).

De belles réalisations à notre actif


Sur un court laps de temps, notre SPF peut déjà faire valoir de très belles réalisations. Notre ambassade neutre sur le plan climatique à Nairobi (Kenya), achevée récemment, constitue le projet le plus remarquable. Grâce à des interventions relativement simples, nous sommes parvenus à intégrer l'ensemble du compound (le terrain composé entre autres de la chancellerie et de la résidence) dans l'environnement de la manière la plus écologique possible.

Citons notamment les panneaux solaires dotés de batteries qui continueront à fonctionner pendant plusieurs jours, dans l'obscurité absolue et sans aucun apport du réseau. Ou encore la récupération de l'eau de pluie et le recyclage à 80 % des eaux usées. En outre, les déchets issus de la cuisine et du jardin sont fermentés dans un biodigesteur pour les transformer en biogaz que nous pourrons utiliser pour cuisiner.

Notre ambassade à Nairobi sert de projet pilote, surtout en ce qui concerne la fermentation. Il s’agit d’examiner dans quelle mesure nous sommes capables de produire suffisamment de biogaz. La fermentation n’est évidemment possible que si nous disposons de suffisamment de déchets organiques, par exemple grâce à un grand jardin.

L'ambassade presque neutre sur le plan énergétique de Rabat (Maroc) – une nouvelle construction – se distingue également. Le bâtiment a d’ailleurs été conçu à l'aide d'un logiciel spécial intitulé Passive House Planning Package (PHPP). Ce programme a calculé la meilleure stratégie d’exploitation en matière d’isolation, d’étanchéité à l’air, de protection solaire et de vitrage. Il en résulte une construction avant-gardiste dotée d’une très bonne isolation et d’une orientation idéale par rapport au soleil. Tous les appareils disposent d’un label A+++, les panneaux solaires produisent de l’électricité, etc.

Notre nouvelle chancellerie à Bucarest (Roumanie) a, quant à elle, pris ses quartiers dans un bâtiment qui satisfait aux normes les plus strictes. Ce dernier a notamment reçu une certification BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Methodology) et dispose de bornes de chargement pour les véhicules électriques, de panneaux solaires, d'éclairages LED et d'une politique en matière de recyclage. Pour la chancellerie elle-même, nous avons utilisé des matériaux écologiques tels que le bois ainsi que les appareils les plus économes en énergie.

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Photo d'un mur de briques inachevé

Les briques de notre nouvelle chancellerie à Pékin (Chine) sont un mélange de briques concassées de l’ancien bâtiment (les taches rouges) avec du ciment. Les taches rouges font référence à la brique rouge typiquement belge, les gris aux ruelles sinueuses de Pékin (© SPF Affaires étrangères).

Au début de cette année, le premier ministre belge et la ministre belge des Affaires étrangères ont inauguré une toute nouvelle chancellerie à Beijing (Chine). Cette fois encore, il s'agit d'une construction qui se veut la plus écologique possible et presque neutre sur le plan énergétique. Des briques de la chancellerie précédente ont, par exemple, été récupérées.

À Ryad (Arabie saoudite), nous avons installé 160 panneaux solaires d'une superficie totale de 415 m². Et c'était nécessaire. En effet, en raison du climat chaud – avec des températures pouvant grimper jusqu’à 50 °C – la climatisation absorbe une énorme quantité d'électricité. Par conséquent, la consommation annuelle avoisinait les 315 000 kWh, soit grosso modo 25 000 kWh par mois. Grâce à un ensoleillement abondant et aux panneaux solaires, nous pouvons désormais en produire au moins la moitié nous-mêmes.

À Canberra (Australie), nous avons remplacé tous les châssis par du double vitrage bien isolant de fabrication belge. À raison d’un total de 72 châssis à remplacer, dont certains pesaient plus de 250 kg, il s’agissait d’un vrai travail de titan ! Une grue a même été nécessaire. De plus, nous avons installé des panneaux solaires, des pompes à chaleur et deux citernes de récupération des eaux pluviales destinées à irriguer le jardin en périodes de sècheresse. Ces aménagements ont valu à notre ambassade le prix de la Sustainable small business of the year, ainsi que le deuxième prix de la Sustainable business of the year 2023, délivré par le gouvernement local. L'attention portée à l’efficacité énergétique est encore un phénomène relativement nouveau en Australie.

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Photo d'une voiture électrique blanche sur une place de Madrid. Sur une portière de la voiture, on peut lire les mots "Belgium Goes Green". En arrière-plan, d'autres voitures, des bâtiments et la Puerta de Alcalá.

Notre ambassade à Madrid est l’une des nombreuses à utiliser déjà une voiture électrique. La Belgique se met au vert! (© SPF Affaires étrangères)

Vision holistique


Même dans le cadre de simples travaux d'entretien, nous gardons toujours à l’esprit la durabilité. Ainsi, une chaudière en panne au Mexique nous a incités à repenser le système d'eau chaude. Nous avons opté pour une chaudière solaire combinée à des panneaux photovoltaïques.

L’aspect de la durabilité est également pris en compte dans le domaine de l’aménagement intérieur. Nous optons par exemple le plus possible pour de la peinture écologique. Si cela en vaut la peine, nous restaurons les meubles et œuvres d'art. Les éventuels nouveaux meubles sont achetés localement en veillant à ce qu’ils comportent une touche belge. En ce qui concerne les meubles achetés en Belgique, nous examinons la possibilité de les transporter dans un container d'un collègue qui part en poste. Nous économisons ainsi les frais de transport.

La mobilité verte constitue une autre préoccupation extrêmement importante. Les véhicules de service sont autant que possible remplacés par des modèles électriques ou hybrides. Si le climat et l'environnement le permettent – dans des villes surpeuplées comme Jakarta (Indonésie), c'est tout simplement impossible – nos ambassades peuvent également opter pour des vélos, électriques ou non. Ou privilégier les transports en commun. Le tout sous le slogan : Belgium goes green.

Dans les nouvelles constructions, nous essayons de prévoir des parkings principalement souterrains. Cela nous permet non seulement de gagner de l’espace, mais la sécurité s’en trouve également renforcée en réduisant le risque de dommages dus au vandalisme. Si le parking doit tout de même se situer en surface, nous optons pour un revêtement aussi réduit que possible et perméable à l’eau.

Dans les jardins également, nous nous efforçons d’appliquer une démarche la plus écologique possible. Nous choisissons, si possible, des espèces de plantes locales résistantes à la chaleur et à la sécheresse qui n’ont pratiquement pas besoin d’eau. Notre ambassade à Bern (Suisse) – membre du Greening Embassies Network dans la ville – travaille même à la création d’un véritable jardin biodiversifié. Ainsi, nos collègues remplaceront les rhododendrons et les lauriers exotiques invasifs par des plantes indigènes. Un tunnel d’accès devrait par ailleurs permettre aux hérissons de se déplacer en dehors du jardin clôturé.

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Photo d'un mur avec un trou. Au-dessus du mur, il y a une haie de pins

Une petite intervention peut faire une grande différence. Par un tunnel, les hérissons peuvent entrer et sortir du jardin clôturé de notre ambassade à Berne (Suisse) (© SPF Affaires étrangères).

Investissements payants


Sachez toutefois que nous ne sommes propriétaires que de la moitié de nos bâtiments à l’étranger, nous louons le reste. Cela ne nous empêche cependant pas de placer la barre haut en matière de durabilité, également dans les bâtiments loués. Par exemple, lors de l’arrivée à échéance d’un contrat de location, nous procédons à une étude de marché locale. N’y aurait-il pas de biens immobiliers offrant un meilleur rapport qualité-prix ? Nous négocions avec les propriétaires pour adopter des mesures d’économie d’énergie afin de réduire la consommation d’eau et d’électricité.

En résumé, la durabilité figure au premier plan dans l’ensemble de nos bâtiments à l’étranger. Non seulement cette démarche présente des avantages significatifs pour le climat et la nature, mais elle permet également de réaliser de sérieuses économies. Loin de se limiter à de simples dépenses, nos efforts pour rendre notre parc immobilier plus durable se révèlent être des investissements qui portent réellement leurs fruits. Bien que nous ne puissions pas encore garantir que l’ensemble de nos bâtiments deviendront neutres sur le plan climatique d’ici 2050, nous poursuivrons sans relâche nos efforts dans ce sens.

Quelques impressions de notre ambassade à Nairobi neutre sur le plan climatique

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Collage de quatre photos montrant le bâtiment de l'ambassade au milieu des arbres, une rangée de panneaux solaires derrière des buissons, une chambre avec des batteries et une cuisinière à gaz.

Photo 1: Panneaux solaires photovoltaïques sur le toit de la Chancellerie. Photo 2: Purification naturelle de l’eau. Photo 3: Onduleurs et batteries pour stocker l’électricité des panneaux solaires. Photo 4: Feux de cuisson au biogaz dans la résidence (© SPF Affaires étrangères).