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Dans la série « Enfants de la migration » de Canvas, des « migrants » de 1ère, 2ème et 3ème génération parlent de leurs expériences – une réussite de l’éducation à la citoyenneté mondiale soutenue par notre SPF. © Canvas
Notre SPF a développé une nouvelle vision de l'éducation à la citoyenneté mondiale. La réflexion critique sur le monde y occupe une place centrale. Ce n'est effectivement qu'en osant remettre en question nos propres opinions - sur le monde, l'économie... - que nous pourrons construire un monde véritablement plus juste et plus égalitaire, à l'opposé du paternalisme et du « syndrome du sauveur blanc » (white saviorism).

Nous vivons dans un monde complexe, où de nombreux intérêts sont en jeu et s'opposent régulièrement. Mais comment s'y retrouver dans tous ces intérêts ? Comment comprendre ce qui sous-tend, par exemple, les inégalités, l'extrême pauvreté et les migrations ? Comment voir que ce que nous faisons ici a un effet sur d'autres personnes et sur l'environnement, ici et dans les pays lointains plus pauvres ?
ODD 4.7
Il ne s'agit pas de questions anodines. Lorsque l'on est en mesure de réfléchir de manière critique à ce qui se passe dans le monde - avec les nombreuses interdépendances que cela implique - ainsi qu'à la place qu'on y occupe, on peut contribuer à un monde plus juste, où règnent plus de paix, de solidarité et d'égalité.
Cela ne se fait toutefois pas automatiquement. Les gens ont besoin d'être guidés et éduqués à cet effet - de préférence dès l'enfance. C'est là qu'intervient « l'éducation à la citoyenneté mondiale ». Les Objectifs de développement durable (ODD) l'évoquent également, notamment dans la cible 7 de l'ODD 4, l'objectif en matière d'éducation. D'ici à 2030, faire en sorte que les élèves acquièrent des compétences en faveur de modes de vie durables et se voient inculquer une culture de paix et de non-violence, de citoyenneté mondiale et d'appréciation de la diversité culturelle.
Apprendre à penser de manière critique
La Coopération belge au Développement - gérée par notre SPF - a également œuvré en faveur d’une « éducation à la citoyenneté mondiale », ou ECM, depuis de nombreuses années. Elle a récemment développé une nouvelle vision à ce sujet. Elle y abandonne résolument le terme « d'éducation au développement » pour celui « d'éducation à la citoyenneté mondiale ».
« Pourtant, je n'aime pas vraiment la notion "d'éducation" », déclare Mara Coppens, responsable du service ECM au sein de notre SPF. « C'est une approche trop verticale, semblable à un système scolaire. Il s'agit surtout d'apprendre à penser de manière critique. Les citoyens doivent devenir des acteurs actifs qui réfléchissent de manière créative à des solutions. Cette approche devrait inclure non seulement l'intellect, mais aussi le corps, les émotions, l'esprit. Les gens doivent pouvoir imaginer leur avenir ainsi que leur place dans le monde, individuellement mais surtout collectivement. La justice est au cœur de cette démarche, plus encore que la solidarité ».
Les leviers sont en nous
L'ECM occupe une place importante au sein de la coopération au développement. « Et ce n'est pas parce que l'ECM peut créer une base pour les projets que la coopération au développement soutient dans les pays partenaires », souligne Mme Coppens. « Les grands leviers d'un monde plus juste et plus égalitaire se trouvent effectivement chez nous, dans les pays "riches". Nous devons prendre conscience du fait que nous sommes en partie responsables des inégalités dans le monde : à cause de l'extraction (injuste) de matières premières, d'énergie et de terres dans le Sud, parce que notre façon de produire et de consommer favorise le dérèglement climatique, parce que nous exerçons beaucoup plus de pouvoir dans les instances internationales concernant les financements, l'économie, l'agriculture, la migration, la paix, l'environnement, etc. L'ECM veut travailler sur cette prise de conscience critique à travers une approche résolument décoloniale. Cela signifie, entre autres, que nous devons nous distancer de toute forme de domination, de white saviorism (syndrome du sauveur blanc) et de paternalisme ».

Le film « l’empire du silence » du réalisateur Thierry Michel a également reçu le soutien de notre FPS.
Mobilisation et plaidoyer
Outre l'éducation, la nouvelle vision accorde une grande attention à la mobilisation et au plaidoyer. Les gens ont besoin non seulement de mieux comprendre les relations de pouvoir dans le monde, mais aussi d'être encouragés à agir eux-mêmes (= mobilisation).
Ce que l'on oublie souvent dans d'autres pays européens, c'est que nous devons aussi permettre aux décideurs politiques d'avoir une meilleure compréhension de la situation, et ce à tous les niveaux possibles : les institutions financières internationales comme la Banque mondiale, l'Union européenne, les niveaux fédéral et régional belges et même les communes. Les ONG peuvent ainsi jouer le rôle de gardien de la coopération internationale par l'intermédiaire de l'ECM, par exemple en remettant en question les relations de pouvoir inégales et les modèles dominants néfastes.
Chacun a droit à l'ECM
Une critique souvent émise est que l'ECM touche principalement des personnes déjà convaincues de la nécessité d'un monde plus juste. « Il est vrai que les ONG, par exemple, touchent principalement les personnes de leur propre milieu socioculturel, c'est-à-dire le public qu'elles connaissent », explique Mme Coppens. « Les publics ou les milieux les moins concernés sont notamment les très riches et les pauvres, les zones rurales, les diasporas (c'est-à-dire des personnes d'origines culturelles diverses), les adultes de 30 à 50 ans avec enfants, le secteur privé, l'enseignement professionnel ou technique ou l'enseignement maternel. Le but est de nouer des alliances avec les organisations de ces milieux, d’identifier des objectifs communs et de mettre sur pied des partenariats gagnant-gagnant. »
Décloisonnement
Le « décloisonnement » fait également l'objet d'une grande attention. S'il existe de nombreux acteurs, ils opèrent encore trop dans la bulle de la coopération au développement. Citons par exemple les ONG, établissements d'enseignement supérieur, musées, sociétés de production et associations de villes et communes. Tous ces acteurs seront encouragés à coopérer plus et à exploiter davantage leur complémentarité. Les alliances avec le reste de la société civile belge, le secteur privé et d'autres acteurs similaires sont également intéressantes parce que ces partenaires sont aussi consciemment ou inconsciemment mobilisés pour les ODD.
L'ECM occupe donc une position cruciale au sein d'une Coopération belge au Développement moderne, qui souhaite s'intégrer dans la société. De plus, avec cette nouvelle vision, elle a trouvé un nouvel élan pour renforcer son action, sur la voie d'un monde juste.
Par quels canaux notre SPF soutient-il l'ECM ?
- 80 % des fonds sont destinés aux ONG et à la société civile au sens large, entre autres Africalia, l'APEFE/VVOB, les communes, les instituts de recherche et les universités.
- BeGlobal - anciennement KleurBekennen/Annoncer la Couleur - inspire et mobilise les professionnels de l'éducation et les jeunes autour d'idées et de pratiques pour un monde plus durable et plus juste. À cela s'ajoute l'engagement d'aller à la rencontre des jeunes, également en dehors des heures de cours. BeGlobal est géré par l'agence belge de développement Enabel.
- Les productions audiovisuelles (films, séries...) qui contribuent à promouvoir la citoyenneté mondiale sont également soutenues. Elles utilisent à cet effet différents canaux tels que la télévision, les cinémas, les jeux, Instagram et Youtube. Un exemple récent est « Soundtrack to a Coup d'Etat », un documentaire qui utilise des images d'archives pour montrer le rôle de la Belgique et de l'ONU pendant la période mouvementée de l'indépendance de la République démocratique du Congo en 1960.
- Des Experts Juniors - un programme Enabel qui offre aux jeunes d'ici et des pays partenaires une expérience professionnelle sur le terrain - devraient également devenir des acteurs en matière d'ECM.
Quelques exemples de réussite de l'ECM belge
- Mingi Wingi est un festival organisé à Kinshasa et à Bruxelles, qui vise à créer des « utopies urbaines » pour un monde durable. Des penseurs, des artistes et des universitaires se réunissent pour formuler des idées inattendues. Il est frappant de constater à quel point ces rencontres sont fructueuses dans ces deux villes qui bouillonnent d'art et de culture. « Mingi » signifie « beaucoup » en lingala et « Wingi » signifie « abondance » en swahili. À Kinshasa surtout, les idées sont incroyablement rafraîchissantes et complètement différentes de notre modèle. Mingi Wingi est une initiative de l'ONG belge CEC (Coopération Éducation Culture) et de l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa.
- Les séries documentaires Kinderen van de migratie et Kinderen van de kolonie - diffusées sur la VRT et accessibles à un large public - ont présenté une image originale de la colonisation et de la migration à travers un récit à plusieurs voix.
- Dans l'enseignement de la Communauté française, les cours de religion et de morale ont été complétés par le cours de « philosophie et citoyenneté », qui comprend de nombreux aspects de l'ECM, et ce grâce au fait que BeGlobal faisait également partie du groupe de travail.
- Face aux problèmes rencontrés par les agriculteurs belges - comme l'ont démontré les manifestations de l'année dernière - les ONG agro-écologiques telles que Rikolto, Quinoa ou FIAN tentent également de jeter des ponts pour trouver des solutions solides : entre les associations environnementales et les organisations d'agriculteurs, entre le secteur privé et les organisations d'agriculteurs, entre les organisations d'agriculteurs du Sud global et du Nord global, etc. Elles ont fait entendre la voix des organisations d'agriculteurs du Sud global, en cherchant à obtenir des prix des denrées alimentaires justes et conformes à la réalité partout dans le monde et ont organisé des dialogues entre les agriculteurs et les citoyens. L'agriculture est également un sujet éminemment mondial.
Découvrez en détail la note stratégique « Éducation à la citoyenneté mondiale en Belgique ».
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