Journée mondiale de l’alimentation 2020 : ensemble pour un monde libéré de la faim

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Femme avec des fruits et légumes dans des paniers, vue de dessus

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Chaque année, le 16 octobre, la communauté internationale met la sécurité alimentaire sous le feu des projecteurs. Cette action s’avère plus que nécessaire. En effet, selon le rapport de la FAO intitulé L’État de la sécurité alimentaire et de la faim dans le monde 2020, le nombre de personnes souffrant de la faim connaît une augmentation depuis 2014. Aujourd’hui, 690 millions de personnes sont concernées, soit 8,9 % de la population mondiale. Cela représente une augmentation de 60 millions par rapport à 2014. Cette hausse s’explique essentiellement par les conflits et les chocs liés au climat, ainsi que par le ralentissement de la croissance économique.

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Cultiver, nourrir, préserver. Ensemble. Agir pour l'Avenir

Le slogan de la Journée mondiale de l'alimentation 2020. © FAO

Des chiffres choquants

Certains chiffres sont plus effarants. Selon une estimation, 2 milliards de personnes n’avaient qu’un accès irrégulier à une alimentation saine, nutritive et suffisante en 2019. 144 millions d’enfants de moins de 5 ans (21,3 %) souffraient encore d’un retard de croissance, 47 millions (6,9 %) étaient en insuffisance pondérale et 38,3 millions (5,6 %) en surcharge pondérale.

La majorité des personnes pauvres dans le monde peuvent se permettre un régime alimentaire qui fournit suffisamment d’énergie (calories). Mais un régime sain ou qui apporte tous les nutriments nécessaires coûte beaucoup plus cher. Pour cette raison, plus de 3 milliards de personnes (en 2017) ne pouvaient pas accéder à une alimentation saine. En outre, de nombreux pays pauvres ne disposent pas de suffisamment de stocks de fruits et légumes pour garantir une alimentation vraiment saine.

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Une infirmière rwandaise s'occupe d'enfants

Une infirmière rwandaise mesure le bras d'un enfant. 144 millions d'enfants de moins de 5 ans présentent un retard de croissance dû à la malnutrition. © CIAT

COVID-19

La pandémie de COVID-19 aggrave le problème. Afin de lutter contre la propagation du virus, nombre de gouvernements ont limité la liberté de circulation de la population et des marchandises. Les agriculteurs ont par conséquent éprouvé davantage de difficultés à mettre leurs produits sur le marché, et se sont vu restreindre leur accès à des moyens de production essentiels tels que les semences et les engrais. Cette situation a entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires. En outre, beaucoup de gens ont subi une perte d’emploi ou de revenus.

En résumé, le COVID-19 a un impact considérable sur la sécurité alimentaire. Selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de 83 à 132 millions de personnes souffriront de sous-alimentation à cause de la pandémie. Ce sont surtoutles personnes les plus vulnérables qui rencontrent le plus de difficultés.

Loin d’atteindre l’ODD 2

L’ODD 2 – un des Objectifs de développement durable de l’ONU – visait l’élimination de la faim dans le monde d’ici 2030. Nous sommes loin du compte. Si la tendance actuelle persiste, plus de 840 millions de personnes souffriront de la faim en 2030. Nous ne sommes pas non plus en voie d’atteindre l’objectif en ce qui concerne le retard de croissance chez les enfants et le faible poids des nouveau-nés. L’obésité à l’âge adulte continue à augmenter.

Des systèmes alimentaires déséquilibrés

Globalement, nous pouvons toutefois produire suffisamment de nourriture pour tout le monde. Le problème réside dans le déséquilibre de nos systèmes alimentaires. Ce déséquilibre est lié à la faim et à l’obésité, à la dégradation de l’environnement, à la perte de la diversité agrobiologique, aux pertes et gaspillages alimentaires, au manque de sécurité pour les travailleurs du secteur alimentaire, etc.

Agissons pour l’avenir

En cette Journée mondiale de l’alimentation 2020, la FAO met donc une réalité moins positive en lumière. Elle appelle instamment à « agir pour l’avenir ». Nous devons aspirer à des systèmes alimentaires plus respectueux de l’environnement, plus résilients, plus sains et plus équitables. Nous devons également réduire le gaspillage alimentaire par le biais d’un stockage et d’un traitement plus efficaces. La numérisation et l’e-commerce offrent des opportunités. Enfin, chacun doit avoir accès à une alimentation abordable et saine. Et chaque travailleur du secteur alimentaire a le droit à une vie décente.

Les pratiques agricoles doivent avant tout être véritablement durables. Cela implique qu’elles préservent et protègent la santé, le climat et les ressources naturelles de notre planète au lieu de les détériorer et de les épuiser. Une approche « agroécologique » qui exploite des processus naturels – sol riche et sain ; ennemis naturels… – peut constituer une source d’inspiration à cet égard. La diversification – plus de légumes, de fruits et de pisciculture… – est également essentielle. Le Sud s’obstine souvent à investir principalement dans les cultures riches en énergie telles que le maïs, le riz et le manioc.

Réaliser des économies

La FAO encourage également la solidarité internationale et les partenariats. Le coût ne peut constituer un élément de frein. En effet, les schémas actuels de consommation alimentaire affaiblissent la santé et causent diverses maladies telles que le diabète, le cancer et les troubles cardio-vasculaires. En 2030, les coûts sanitaires liés à l’alimentation s’élèveraient à 1,3 milliard de dollars. S’ajoutent les coûts liés aux émissions de gaz à effet de serre : 1,7 milliard de dollars en 2030. L’adoption de régimes alimentaires sains et de pratiques agricoles durables permettrait de réaliser des économies de 97 % sur les coûts sanitaires et de 41-47 % sur les coûts sociaux des émissions de gaz à effet de serre.

Les agriculteurs familiaux, nos héros de l’alimentation

En cette Journée mondiale de l’alimentation 2020, la FAO souhaite rendre hommage aux véritables héros de l’alimentation : les quelque 800 millions d’agriculteurs familiaux qui gèrent 75 % des terres agricoles et assurent 80 % de la totalité de la production de nourriture. Ce sont de véritables innovateurs qui adaptent en continu leurs méthodes à un environnement changeant. Beaucoup d’entre nous dépendent d’eux. Cependant, ces petits producteurs sont les plus vulnérables en cas de crise.

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Femme avec un enfant sur le dos dans un champ

© K. Trautmann

Le citoyen se mobilise aussi

Cette année, l’ONU fête ses 75 ans, tout comme la FAO. Plus que jamais, le monde est confronté à d’énormes défis. Nous pouvons néanmoins parvenir à éradiquer la faim dans le monde. La FAO estime que, outre les autorités et les entreprises, le citoyen a lui aussi un rôle à jouer au niveau individuel. « Nous pouvons garder les habitudes durables. Nous pouvons poser des choix alimentaires sains. Nous pouvons combattre le gaspillage. Nous pouvons inciter les gouvernements, entreprises et organisations à partager leurs connaissances ainsi qu’à soutenir des systèmes alimentaires solides. » Tous ensemble, nous pouvons « cultiver, nourrir et préserver » et ainsi « agir pour l’avenir », comme l’annonce le slogan de cette Journée mondiale de l’alimentation.

Que fait la Belgique ?

La Belgique adhère à la vision de la FAO. Pour notre pays, la sécurité alimentaire constitue un élément important pour atténuer les conséquences socio-économiques de la pandémie de COVID-19. C’est pourquoi la Belgique souhaite prêter une attention particulière à l’agriculture et à l’alimentation dans ses projets de développement. Elle exploite également une partie de son aide humanitaire pour augmenter la sécurité alimentaire des groupes à risque, entre autres via SFERA, le fonds d’urgence de la FAO. Ce fonds est déjà intervenu notamment au Mali, en Sierra Leone, en Haïti et au Zimbabwe.