La 78e session de l'Assemblée générale des Nations Unies - 10 QUESTIONS

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Hall iconique Assemblée générale

La salle emblématique où les chefs d'État et de gouvernement s'adressent à l'Assemblée générale. Au centre (en robe rouge), la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib (septembre 2022). © SPF Affaires étrangères

Les Objectifs de développement durable (ODD) occuperont le devant de la scène lors de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2023. Que s'y passera‑t‑il exactement ? Quelle importance revêt-elle pour notre pays ? Et quel rôle notre SPF joue-t-il ? Nous allons tenter de répondre à vos questions.

Le mois de septembre marque le début de la nouvelle année de travail de l'Organisation des Nations Unies (ONU). Il coïncide traditionnellement avec l'ouverture d'une nouvelle session - la 78e, cette année - de l'Assemblée générale (AG). La session débute le 5 septembre, et le 19 septembre commence la grand-messe proprement dite : le débat général de haut niveau. À cette occasion, tous les chefs d'État et de gouvernement du monde s'adressent à l'Assemblée générale. Quelle signification attribuer à cet événement ? En 10 questions, nous espérons vous apporter toutes les réponses nécessaires.

1. Comment les Nations Unies ont-elles vu le jour ?

L'Assemblée générale est un organe essentiel de l'ONU, au même titre que le Conseil de sécurité et le Secrétariat, entre autres (voir image). Les Nations Unies proprement dites sont nées des ruines de la Seconde Guerre mondiale. En 1945, 51 pays se sont réunis à San Francisco, aux États-Unis, pour négocier la création d’une organisation visant à empêcher qu'un conflit aussi atroce ne se reproduise à l'avenir. Ensemble, ils ont rédigé la « Charte des Nations Unies ».

Cependant, les rédacteurs de la charte ont compris que la paix serait impossible sans promouvoir en même temps le développement social et économique et défendre les droits humains. C'est ainsi que sont nés les trois principaux piliers de l'ONU.

La Belgique comptait parmi ces 51 États pionniers. Elle a donc été l'un des premiers pays à signer la charte des Nations Unies.

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Les Nations Unies, qu'est-ce-que c'est ?

© SPF Affaires étrangères

2. Qu'est-ce que l'Assemblée générale ?

L'Assemblée générale est l'organe central des Nations Unies qui fonctionne comme une sorte de parlement. C'est le seul organe de l'ONU où siègent tous les 193 États membres. Tous les pays y sont égaux. Ils disposent tous d'une voix, qu'il s'agisse du minuscule État insulaire du Pacifique, le Vanuatu, ou des États-Unis. De cette manière, les petits pays ont également la possibilité de porter leurs problèmes à l'attention du monde entier pour ainsi chercher ensemble des solutions aux problèmes mondiaux.

Les décisions de l'AG sont appelées des « résolutions ». Elles sont parfois adoptées par consensus, parfois votées.

L'Assemblée générale se tient dans la salle emblématique de New York, où les orateurs se présentent devant un fond de marbre vert et un mur doré orné de l'emblème des Nations Unies : un globe entouré de branches d'olivier, symboles de paix.

Un nouveau président est élu chaque année selon un système de rotation des groupes de pays. À partir de septembre, le poste sera occupé par Dennis Francis, le représentant permanent de Trinité‑et‑Tobago auprès des Nations Unies.

Le tout premier président de l'AG, en 1946, était Paul-Henri Spaak, alors ministre belge des Affaires étrangères. Cela montre que la Belgique a joué un rôle important au sein des Nations Unies dès le début. Aujourd’hui encore, nous prenons notre engagement multilatéral très au sérieux.

3. Que fait l’Assemblée générale ?

L’AG est l’organe principal des Nations Unies qui détermine les politiques de l’organisation. En principe, elle peut s'exprimer sur à peu près toutes les problématiques mondiales. L'AG nomme le secrétaire général, élit les membres non permanents du Conseil de sécurité et décide du budget de l'organisation.

En pratique, l'AG se consacre à six grands thèmes, chacun d'entre eux étant représenté par une commission spécifique :

  1. Désarmement ;
  2. Développement social et économique ;
  3. Droits humains ;
  4. Problèmes politiques spécifiques ;
  5. Budget et questions administratives (la Belgique en a présidé la 77e session) ;
  6. Affaires juridiques.

Après la semaine ministérielle de septembre, les comités approfondissent ces questions jusqu'en décembre. Il en résulte un grand nombre de résolutions, qui doivent ensuite être adoptées en session plénière de l'AG.

Les questions de paix et de sécurité sont idéalement traitées par un autre organe principal de l'ONU, le Conseil de sécurité. Mais si le Conseil de sécurité ne parvient à aucun accord - parce que l'un de ses cinq membres permanents bloque une décision - la discussion est transmise à l'Assemblée générale. C’est ainsi que, depuis le printemps 2022, une majorité écrasante de membres de l'AG a condamné à plusieurs reprises l'invasion de l'Ukraine par la Russie et a appelé à une paix juste. L'AG a également exclu la Russie du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies.

4. Que se passe-t-il chaque année en septembre ?

Le nouveau président de l'AG ouvre la session, cette année le 5 septembre. Quelques séances ont ensuite lieu pour décider de l'organisation du travail. Le débat général de haut niveau proprement dit débute cette année le 19 septembre. C'est à ce moment-là que les États membres envoient leurs plus hauts représentants - chefs d'État et de gouvernement, ministres - à New York. Après le président de l'AG et le secrétaire général des Nations Unies António Guterres, les chefs d'État et de gouvernement s'adressent à l'AG un par un dans l‘emblématique salle mentionnée précédemment.

En quelques minutes, les personnalités exposent leur vision de l'état du monde et de leur propre pays, ce que les Nations Unies peuvent faire et en quoi les relations internationales permettent de trouver des solutions face aux enjeux auxquels sont confrontés les pays et les citoyens. Par leur discours, les orateurs souhaitent également faire comprendre à leurs concitoyens que de nombreux problèmes ne peuvent être résolus qu'au niveau international.

En marge du débat général se déroulent des centaines d'activités qui sont souvent au moins aussi importantes dans la pratique. Tout d'abord, de nombreux entretiens bilatéraux, c’est-à-dire des consultations entre les ministres de deux pays, sont organisés. Nos ministres belges en font également bon usage. De tels échanges permettent d'éviter de nombreux vols aux quatre coins du monde ou le contact moins personnel des réunions numériques.

Les entretiens bilatéraux portent sur des questions liées aux Nations Unies, ainsi que sur des problèmes ou des opportunités entre la Belgique et ces autres pays. Des entretiens ont également lieu avec des hauts fonctionnaires des Nations Unies, tels que le secrétaire général de l'ONU.

En outre, les États membres organisent en marge de l'AG de nombreux événements dits parallèles sur des thèmes qui leur sont chers. Il peut s'agir, par exemple, d'une table ronde à laquelle participent également des intervenants de la société civile. Ainsi, la Belgique organise depuis six ans un événement sur l'imbrication de la paix, de la sécurité et des affaires humanitaires. Cette année, il est consacré au lien entre la paix et la sécurité, le changement climatique et l'explosion des besoins humanitaires.

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Elio di Rupo, Alexander De Croo, Félix Tshisekedi, Hadja Lahbib et Meryame Kitir

De nombreuses réunions bilatérales ont lieu chaque année en marge de la conférence. Photo : rencontre avec le président congolais Tshisekedi en septembre 2022. De gauche à droite : le Premier ministre wallon Elio di Rupo, le Premier ministre Alexander De Croo, le président Félix Tshisekedi, la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib et la ministre du Développement de l'époque Meryame Kitir. © SPF Affaires étrangères

5. Quel sera le thème central de l'Assemblée générale de cette année ?

La 78e session de l'AG se concentrera sur les Objectifs de développement durable (ODD). Ils ont été adoptés en 2015 par tous les États membres des Nations Unies en tant que feuille de route pour un monde meilleur à l'horizon 2030. Nous sommes donc à mi-chemin. En raison notamment de la pandémie de coronavirus, la mise en œuvre des ODD a été considérablement retardée. Un sommet sur les ODD se tiendra pendant l'Assemblée générale pour évaluer leur état d’avancement et identifier les moyens de rattraper le retard accumulé. Le sommet sur les ODD discutera notamment du financement nécessaire et de la manière de réformer l'architecture financière internationale. Lors de l'Assemblée générale, les droits humains et l'égalité des genres seront également à l'honneur, au même titre que le climat.

Sa Majesté la Reine Mathilde assistera au sommet sur les ODD le 18 septembre. En effet, à l’invitation du secrétaire général de l’ONU, notre souveraine a rejoint les défenseurs des ODD des Nations Unies. Par ailleurs, la Belgique a présenté en juillet son rapport national volontaire à l'ONU sur la mise en œuvre des ODD dans notre pays. Mais ces objectifs sont également au cœur de nos actions internationales.

Outre ce sommet sur les ODD, diverses réunions de haut niveau sont organisées, principalement sur le thème du climat et de la santé : préparation aux pandémies, tuberculose et couverture sanitaire universelle.

6. Comment la Belgique se prépare-t-elle à une session de l'AG ?

En Belgique, le premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Coopération au développement y participent généralement. Mais New York accueille souvent d'autres ministres, chacun avec son propre programme. Cette année, les vice-premiers ministres Vincent Van Quickenborne et Pierre-Yves Dermagne se rendront également à New York, de même que la ministre du climat Zakia Khattabi. Toutes ces participations demandent beaucoup de préparation, non seulement en termes de contenu, mais aussi de logistique.

Le service ONU du SPF Affaires étrangères coordonne le tout, en concertation avec les cabinets et en étroite collaboration avec la Direction générale de la coopération au développement et la représentation belge à New York. Plusieurs autres services de notre SPF sont également impliqués. Ils fournissent le contexte substantiel pour nos ministres qui participent à toutes ces réunions, événements et rencontres bilatérales.

7. Quelles sont les priorités de la Belgique pendant l'Assemblée générale ?

Les ODD sont également au cœur des préoccupations de la Belgique. Comme expliqué précédemment, notre pays a présenté cette année un rapport national volontaire sur leur mise en œuvre en Belgique. Mais une autre question est certainement tout aussi importante : comment pouvons-nous aider à rattraper le retard engrangé au niveau mondial ?

Nous apporterons un éclairage concret sur les efforts de la Belgique à cet égard. Notre pays s’est notamment investi dans le domaine de la santé - y compris la production locale de vaccins en Afrique - parallèlement au financement de la transition climatique et au prochain sommet sur le climat (la COP28), au travail décent et à la protection sociale, et à la réforme des institutions financières internationales. La Belgique se projettera également dans la présidence belge de l'UE au cours du premier semestre 2024.

La guerre en Ukraine reste une priorité de notre agenda international. Cependant, d'autres conflits et crises retiennent également notre attention, notamment dans la région du Sahel et des Grands Lacs en Afrique, ainsi qu'au Moyen-Orient.

Il est important de regarder au-delà de nos propres frontières, mais aussi au-delà des frontières de l'Europe. Les problèmes mondiaux appellent des solutions mondiales. Pour cela, nous devons travailler en partenariat avec le plus grand nombre de pays possible.

Pour la Belgique, les droits humains sont au cœur de tout. Le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, célébré cette année, est une bonne occasion de le rappeler.

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Réunion du réseau ministériel informel de la Cour pénale internationale

Plusieurs réunions ont également lieu en marge de l'Assemblée générale. Photo : réunion du réseau ministériel informel de la CPI. A l'extrême gauche, le ministre Lahbib (septembre 2022). © SPF Affaires étrangères

8. Quel est l'impact de la session annuelle de l'AG ?

Passer une journée entière à écouter des discours peut sembler très ennuyeux. Pourtant, un tel événement se révèle extrêmement instructif. En quelques minutes, les chefs d'État et de gouvernement doivent donner un aperçu de leur politique étrangère. Pendant leurs allocutions, ils présentent ce qu'ils considèrent comme des problèmes et des opportunités, expliquent comment ils comptent les aborder, exposent leur vision des Nations Unies et précisent en quoi l’ONU peut aider à trouver des solutions.

Chaque pays peut chercher des pistes de synergies dans les discours. On est parfois surpris de découvrir, dans les allocutions de certains pays, une communion d’idées inattendue sur des sujets spécifiques. La session annuelle de l’AG permet ainsi d’établir de nouveaux partenariats et de trouver des éléments utiles pour nos relations bilatérales avec ces pays.

L'Assemblée générale a un impact certain, même si l’effet n’est pas immédiatement visible. Les ministres reviennent rarement avec des résultats concrets dans leurs bagages. Mais le fait que la grande majorité des chefs d'État et de gouvernement réaffirment leur engagement en faveur du « multilatéralisme » constitue en soi un accomplissement. En d'autres termes, ces représentants issus du monde entier sont convaincus que les questions internationales doivent être résolues autant que possible à travers la collaboration au sein d'organisations internationales telles que les Nations Unies. Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, profite également de l'occasion pour appeler à une plus grande coopération et pour placer les Nations Unies au centre de la politique mondiale. Chaque débat général crée une nouvelle dynamique.

L’assemblée de septembre porte également sur les alliances entre les groupes régionaux. En outre, de nombreuses discussions ont lieu en marge de la session formelle (voir ci-dessus). Ces entretiens peuvent déboucher sur des résultats concrets pour nos relations bilatérales.

N'oublions pas que le travail de l'AG ne s'arrête pas au terme de la semaine ministérielle. Les sessions d'ouverture fixent certes la tendance générale, mais les travaux se poursuivent dans les différentes commissions jusqu'en décembre. Tout au long de l'année, de nombreuses sessions de l'AG ont lieu pour discuter de questions internationales. L'impact peut donc encore se faire sentir plusieurs mois plus tard.

9. Quel rôle joue notre SPF aux Nations Unies ?

Les Nations Unies traitent un large éventail de questions. Sur chaque sujet, une position belge doit être déterminée. Le SPF Affaires étrangères coordonne ce positionnement avec d'autres entités fédérales et fédérées. C'est la mission du service COORMULTI. Nous nous consultons également beaucoup au sein de notre propre SPF. Les cabinets donnent l'accord politique sur les positions que nous proposons.

Le service ONU mène en grande partie la politique belge à l'ONU, en coopération avec de nombreux autres services. Les positions adoptées par la Belgique sont formulées sous forme d'« instructions » envoyées à nos représentations permanentes à New York et dans d'autres capitales de l'ONU telles que Genève ou Vienne. Les instructions peuvent porter sur un discours prononcé au nom de la Belgique, une position de négociation, un vote, etc.

En tant que membre de l'Union européenne, la Belgique plaide en faveur d'un renforcement du rôle de l'UE au sein des Nations Unies. Dans la plupart des cas, les positions au sein de l'UE sont harmonisées. Notre SPF contribue activement à les définir.

10. Qu'est-ce que notre représentation permanente auprès des Nations Unies et que fait-elle ?

Tout comme nos ambassades représentent la Belgique auprès d'un autre pays, une représentation permanente (RP) représente la Belgique auprès d'une organisation internationale. Notre RP à New York représente la Belgique à l'ONU. Le représentant permanent est donc l'équivalent d'un ambassadeur. Il dirige les travaux de la RP et représente notre pays.

Notre RP négocie au nom de la Belgique et coopère pour déterminer une position de l'UE. Elle vote également si nécessaire. De plus, la RP nous envoie des rapports sur ce qui se passe à l'ONU. Nous nous y référons pour améliorer nos analyses et déterminer nos positions.

Une grande partie du travail de la RP consiste à créer un réseau. Nos représentants cherchent et maintiennent le contact avec des collègues du plus grand nombre possible de pays de toutes les régions afin de travailler ensemble sur des solutions multilatérales. En cas de problèmes spécifiques, cette proximité nous permet de dialoguer rapidement avec les pays concernés.

CONCLUSION

La semaine ministérielle de l'AG constitue un événement important, mais tout ne se joue pas exclusivement dans une bulle à New York. Au contraire, il s'agit d'un événement aux effets majeurs pour les citoyens. Car lors de cette réunion à l'ONU, nous nous engageons, en tant que pouvoirs publics, à rechercher des solutions internationales aux problèmes qui les préoccupent chaque jour.

Pensez aux droits humains, aux questions climatiques, à la crise énergétique et alimentaire, à la défense de la démocratie, de la paix et de la sécurité, etc. Ce sont autant de sujets pertinents pour nos concitoyens. Aucun pays ne peut trouver seul une solution à ces enjeux ; nous devons travailler avec la communauté internationale pour y parvenir. Il est donc essentiel que la Belgique, comme tous les autres pays, y prenne une part active.