La Belgique et la politique spatiale internationale

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Surveillance par satellite spatial depuis l’orbite terrestre météo depuis l’espace, ouragan, typhon dans un avion

Avec les satellites, nous pouvons surveiller le climat, entre autres. Sur la photo : un typhon en pleine action. © Shutterstock

Saviez-vous que notre SPF est activement présent dans les différents forums internationaux où se décide la politique spatiale ? De cette manière, nous gardons une vue d’ensemble et nous identifions les questions pour lesquelles la Belgique, nation spatiale, peut apporter une valeur ajoutée.

L’homme utilise de plus en plus l’« espace extra-atmosphérique », c’est-à-dire l’espace situé hors de l’atmosphère de notre planète bleue. Nous n’avons même plus conscience du fait que de nombreuses applications quotidiennes – GPS, télédiffusion mondiale… – dépendent de cet espace, ou du moins des satellites qui y flottent.

Hyperconnectivité

La recherche fait également souvent appel à l’espace pour relever des défis mondiaux tels que le changement climatique. Pensez à la télédétection, où les satellites balaient la surface de la Terre pour suivre, par exemple, la déforestation de la forêt amazonienne ou la fonte des calottes glaciaires. La télédétection peut également faire progresser l’agriculture dans les pays en développement.

En outre, la numérisation entraîne un besoin croissant d’« hyperconnectivité ». Au départ, on pensait que les câbles à fibres optiques pouvaient garantir un réseau mondial performant, mais il s’avère aujourd’hui que des pertes importantes se produisent lorsque l’information doit voyager sur des distances supérieures à 500 km. C’est pourquoi on se tourne à nouveau vers les satellites pour obtenir une hyperconnectivité stable dans le monde entier.

Réglementation internationale

L’espace extra-atmosphérique est donc devenu très encombré. Une réglementation réfléchie s’impose, ne serait-ce que pour empêcher les pays, les instituts de recherche et les entreprises de se gêner mutuellement dans cet espace. L’objectif reste que l’exploration spatiale profite à l’ensemble de l’humanité sur Terre.

En tant que défenseur du multilatéralisme, qui consiste à résoudre les problèmes mondiaux par l’intermédiaire d’organisations internationales, notre pays s’efforce activement d’obtenir des accords percutants au niveau mondial. C’est ainsi que nous avons contribué à la création du Traité de l’espace, qui a jeté les bases d’une coopération pacifique dans l’espace en 1966.

Entre-temps, de nombreuses organisations internationales – au sein du système des Nations Unies (ONU) et au-delà – examinent les différents aspects de cette réglementation. Le COPUOS (Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique), qui se tient à Vienne, est un forum essentiel à cet égard. Même au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies, des comités et des groupes de travail traitent de certains aspects de l’espace, tels que l’utilisation durable de l’espace extra-atmosphérique ou la prévention de l’implantation d’armes dans l’espace.

Il existe également de nombreux autres forums où l’espace est discuté, notamment au sein de l’Union européenne, de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) et de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Sans oublier les organisations spécifiques telles que l’ITSO (Organisation internationale de télécommunications par satellite), l’IMSO (Organisation internationale de télécommunications mobiles par satellite) et l’IGO d’Eutelsat (Organisation européenne de télécommunications par satellite).

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Antenne Galileo IOT en bande L à l’ESA de Redu

L’Agence spatiale européenne (ESA) dispose d’une section à Redu (Belgique). Sur la photo : une antenne de 20 m de large à Redu qui capte les signaux des satellites Galileo, le système de navigation de l’Europe. © Wikimedia Commons

La Belgique, un pays spatial

Il se passe donc beaucoup de choses autour de l’espace extra-atmosphérique au niveau international. Il est ainsi crucial que la Belgique, qui se présente comme une nation spatiale, soit bien informée et ait voix au chapitre dans toutes les discussions en la matière. Notre pays ne disposant pas d’une agence spatiale nationale, notre SPF Affaires étrangères s’est porté volontaire pour défendre les intérêts de la Belgique en tant que nation spatiale au sein des organisations internationales.

Les collaborateurs de notre administration centrale et dans nos postes suivent ce qui se passe au sein de toutes ces organisations internationales et dans les différentes capitales. De cette manière, nous gardons une vue d’ensemble et nous identifions les questions pour lesquelles la Belgique peut apporter une valeur ajoutée.

En tant que service des Affaires étrangères, nous ne pouvons pas jouer le rôle de département de référence technique, mais nous pouvons apporter une contribution en plaidant en faveur d’une réglementation et d’une coopération internationale plus nombreuses et de meilleure qualité. En ce sens, nous ambitionnons d’être aussi complémentaires que possible de BELSPO – le service fédéral de la politique scientifique – qui dispose du savoir-faire technique nécessaire.

Sujets d’actualité

Quels sont les sujets sur la table aujourd’hui ? L’un des sujets brûlants est la réglementation relative aux « ressources spatiales », c’est-à-dire les ressources naturelles de l’espace extra-atmosphérique, qui est en cours d’élaboration au sein des Nations Unies. Il s’agit de l’exploitation potentielle d’oxygène, d’eau, d’énergie et de matières premières dans l’espace, afin qu’une présence humaine à long terme devienne possible. Bien que l’exploitation ne soit pas pour demain, il est essentiel d’en définir les règles dès maintenant. En effet, les entreprises ont besoin de sécurité juridique, y compris par le biais de concessions temporaires.

L’utilisation des « orbites » est également un sujet de discussion. À ces points ou orbites dans l’espace, il n’y a pratiquement pas de gravité et les engins spatiaux tels que les sondes, les satellites ou les stations spatiales peuvent maintenir leur orbite avec très peu d’énergie. Le défi consiste à répartir équitablement les voies de circulation ou les ressources disponibles, qui sont limitées, à mesure que la demande augmente.

Outre les agences spatiales, les entreprises privées sont également de plus en plus actives dans l’espace. Pour avoir une portée mondiale, des entreprises comme SpaceX utilisent de grandes constellations ou des groupes de satellites. Mais ils peuvent perturber les conditions idéales d’observation pour les scientifiques. Une fois de plus, il s’agit d’un sujet qui nécessite une consultation, y compris au sein du COPUOS.

Un autre thème important est celui de la gestion du trafic spatial. L’espace est devenu tellement encombré que des règles de circulation et de comportement deviennent indispensables. Le risque est d’autant plus grand que de plus en plus de débris spatiaux flottent dans l’air, tels que des débris de satellites et d’autres engins spatiaux. Les principaux acteurs du secteur spatial, tels que l’Europe (UE et ESA), les États-Unis, le Japon, le Canada, mais aussi des pays comme la Chine et l’Inde, sont déjà engagés dans des exercices de réflexion à cet égard.

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Satellites Proba-3

Les satellites Proba-3 – un projet majeur de l’ESA – sont actuellement testés dans les installations belges de Redwire à Kruibeke avant d’être lancés depuis l’Inde en septembre. © Redwire

ESA

L’Europe veut également s’imposer comme une puissance spatiale, entre autres par l’intermédiaire de l’ESA, l’Agence spatiale européenne. Il s’agit d’une organisation intergouvernementale qui compte 22 États membres, dont des pays non membres de l’UE tels que la Suisse, le Royaume-Uni et la Norvège. Objectif : étudier comment utiliser l’espace pour le bien-être de l’Europe et du monde.

La Belgique est également membre de l’ESA en tant que nation spatiale. En outre, notre pays est le 5e contributeur le plus important. Tout récemment, l’ESA a nommé Raphaël Liégeois comme 3e astronaute belge, un véritable honneur pour notre pays. Dans la ville belge de Redu, l’ESA met en place un centre de cybersécurité, essentiel pour protéger les systèmes spatiaux.

En outre, la société belge Redwire Space d’Anvers a fourni les satellites pour l’important projet Proba-3 de l’ESA. Les satellites Proba-3 étudieront l’influence du soleil sur notre atmosphère. En effet, les tempêtes solaires peuvent perturber les équipements numériques tels que les satellites, les smartphones et les tours de transmission.

Notre pays est donc étroitement impliqué dans l’ESA. Si BELSPO est la principale autorité publique belge active au sein de l’ESA, le service des Affaires étrangères prête également une écoute attentive par le biais du Comité des relations internationales de cette agence spatiale.

L’ESA et l’UE collaborent de plus en plus étroitement sur l’utilisation de l’espace et de l’espace extra-atmosphérique, notamment par l’intermédiaire de l’Agence de l’Union européenne pour le programme spatial (EUSPA). Depuis 2021, l’EUPSA est responsable de la gestion opérationnelle des programmes phares de l’UE tels que Galileo, Copernicus, EGNOS et bientôt IRIS².

En bref, l’espace extra-atmosphérique prend une importance considérable et fait bouger les choses au niveau international. Notre SPF reste attentif et fait entendre la voix de la Belgique à travers son réseau diplomatique. C’est ainsi que nous soutenons l’image de la Belgique en tant que nation spatiale, en utilisant nos atouts scientifiques et économiques.