La Belgique et l'Inde, deux pays aux atouts mutuellement bénéfiques

Début mars 2025, 362 représentants d’entreprises et d’universités belges se sont envolés pour l’Inde dans le cadre d’une mission économique conduite par la princesse Astrid. Dans un large éventail de domaines, une coopération plus étroite se révèlerait en effet bénéfique pour nos deux pays. Citons, par exemple, la gestion des déchets, la décarbonation de l'acier, l’écoconstruction, les thérapies contre le cancer, la défense ou encore la communication numérique. Notre ambassade à Delhi et le consulat général à Mumbai ont géré d’une main de maître l’organisation de la mission.

Les relations de pouvoir dans le monde sont en pleine mutation, un constat qui s’accompagne de son lot d'incertitudes. Il suffit de penser à l'attitude versatile des États-Unis et aux tensions entre ces derniers et la Chine. Les pays du Sud global – que l'on appelait auparavant les pays en développement – essaient de se regrouper sous l’influence de puissances émergentes.

L'essor d'un géant

Dans un tel contexte, il incombe à un petit pays comme la Belgique, mais également à l'UE, de forger de nouvelles alliances ou de resserrer les liens existants. La mission économique en Inde menée par la princesse Astrid, qui était prévue de longue date, arrivait dès lors à point nommé.

L'Inde fait en effet partie de ces géants en plein essor. Sur ses 1,4 milliard d'habitants, 500 millions appartiennent à la classe moyenne, ce qui représente déjà un énorme potentiel en soi. Ce pays d'Asie du Sud connaît actuellement la croissance économique la plus rapide du monde et se classe ainsi au 5^e rang des plus grandes économies. Il a par ailleurs l'ambition de se hisser à la 3^e place d'ici 2030. Pour ce faire, l'Inde devra dépasser le Japon et l'Allemagne, respectivement les 4^e et 3^e économies mondiales.

Une véritable complémentarité

La Belgique et l'Inde entretiennent déjà des relations commerciales relativement étendues. En 2023, l'Inde se classait 18^e parmi les plus grands clients de la Belgique (avec 4,9 milliards d'euros) et 16^e parmi ses principaux fournisseurs (avec 6,5 milliards d'euros). Le secteur du diamant en représente une large part – 52,5 % des importations et 34,6 % des exportations – mais il connaît néanmoins une tendance à la baisse. Une diversification s’avère dès lors nécessaire, mais pas seulement. Les deux pays peuvent s'apporter encore beaucoup plus mutuellement. Une coopération plus étroite peut bénéficier grandement tant à l'économie qu’au niveau de vie.

Les deux pays sont en effet incroyablement complémentaires. Ainsi, la Belgique dispose d'une industrie solide dotée de technologies à la pointe et dirigée par des personnes qualifiées. En outre, notre pays peut faire valoir son rôle de porte d'accès au marché européen. De son côté, l'Inde dispose d’un vaste marché en plus d'une économie en plein essor.

De nombreux échanges mutuellement bénéfiques peuvent également avoir lieu dans des secteurs spécifiques, par exemple (voir également l’encadré avec les temps forts) :

• Santé et sciences de la vie : production de vaccins, thérapie contre le cancer…
• Transport et logistique : ports, travaux de dragage…
• Climat et énergies renouvelables : gestion de l’eau et des déchets, hydrogène vert…
• Aérospatiale et défense : télescopes, pièces détachées pour chars…
• Construction et écoconstruction : matériaux et techniques économes en énergie tels que des matériaux d’isolation et du béton bas carbone…
• Décarbonation de l’acier : technologies de laminage à froid, …

37 contrats

La mission économique qui s’est déroulée du 1^er au 8 mars 2025 a fait la part belle à ces différents secteurs. La délégation officielle, composée de la princesse Astrid, du ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot, du ministre de la Défense chargé du Commerce extérieur Theo Francken et du ministre-président du gouvernement flamand Matthias Diependaele, était accompagnée de pas moins de 358 entrepreneurs et entrepreneuses, universitaires, journalistes, etc. représentant au total 142 entreprises belges.

Le choix des deux métropoles visitées n’est pas le fruit du hasard. La capitale Delhi, ville la plus peuplée d’Inde avec 33,8 millions d’habitants, peut se targuer d’une économie florissante, en particulier dans le secteur des services. Avec 21,7 millions d’habitants, Mumbai représente quant à elle la deuxième ville du pays par sa population. Capitale financière et commerciale de l’Inde, cette métropole constitue le moteur économique du pays (qui a d’ailleurs enregistré une croissance de plus de 10 % ces dernières années) et dispose d’importants ports.

En définitive, Delhi a servi de décor à la conclusion de 24 contrats entre des entreprises belges et indiennes. À Mumbai, 13 entreprises et institutions académiques ont signé des accords. Mais ce n’est pas tout. Les membres de la délégation se sont également vu offrir l’occasion de présenter leurs activités aux hommes et femmes d’affaires indiens et, en retour, de découvrir les atouts de la péninsule.

La Fédération des entreprises belges a ainsi organisé un power lunch à la résidence belge à Delhi, au cours duquel les capitaines de l’industrie des deux pays ont pu réseauter à volonté. De même, un déjeuner d’investissement à Mumbai a permis de promouvoir les atouts de la Belgique auprès de potentiels investisseurs indiens.

Le premier ministre Modi

Le volet politique ne pouvait pas non plus manquer au programme. En effet, l’Inde n’est pas seulement un vivier économique ; le pays se profile également comme le chef de file du Sud global. À ce titre, il joue aujourd’hui un rôle crucial sur l’échiquier mondial.

Plusieurs rencontres ont eu lieu, avec entre autres le ministre indien des Affaires étrangères et celui du Commerce et de l’Industrie. Le premier ministre Narendra Modi a même pris le temps de s’entretenir pendant un long moment avec les hauts dignitaires belges. Comme l’a confirmé par la suite le ministre Maxime Prévot : « Cette rencontre de haut niveau exceptionnelle reflète l’importance accordée par l’Inde à notre mission économique et à notre collaboration. » Les échanges se sont tenus à cœur ouvert et dans un esprit de respect mutuel, a-t-il souligné.

L’autonomisation des femmes

En cette époque mouvementée, la mission belge en Inde ne pouvait pas non plus faire l’impasse sur la question de la défense. Le ministre Theo Francken a non seulement rencontré son homologue indien mais il a aussi déposé une couronne de fleurs au pied d’un célèbre monument aux morts, l’India Gate, en mémoire des soldats indiens tombés au combat dans les Flandres et en France pendant la Première Guerre mondiale. Une table ronde consacrée au secteur de la défense a également eu lieu. La Belgique et l’Inde collaboreront plus étroitement dans ce domaine et un attaché de la Défense rejoindra l’équipe de l’ambassade belge sur place. Enfin, l’entreprise John Cockerill produira des pièces détachées pour chars en Inde.

Par ailleurs, dans un pays où les femmes éprouvent encore de grandes difficultés à se frayer un chemin dans le monde du travail, notre SPF et l’ambassade belge ont organisé un panel sur l’autonomisation des femmes. Le débat portait sur les obstacles qu’elles rencontrent dans leurs aspirations à des fonctions dirigeantes et à l’entrepreneuriat. Le panel a mis en lumière des freins tels que l’accès au capital, les tâches de soins non rémunérées et des parcours de carrière trop peu ouverts aux femmes. Or, aucune société ne peut espérer une économie florissante à moins d’accorder davantage de pouvoir aux femmes et de les voir s’émanciper !

Une ambassade emblématique

Une fois de plus, comme à leur habitude, l'Agence pour le Commerce extérieur, le SPF Affaires étrangères et les trois agences régionales chargées de la promotion du commerce et des investissements (FIT, AWEX et hub.brussels) ont organisé cette mission de manière exemplaire.

Nos postes en Inde – l’ambassade à Delhi et le consulat général à Mumbai – ont abattu un travail phénoménal pour organiser de nombreuses rencontres, entre autres avec les ministres et le premier ministre de l’Inde, mais aussi les déplacements et l’hébergement.

Nous retenons en particulier le cadre magnifique que nous avons pu proposer. Saviez-vous que notre ambassade à Delhi, érigée en 1984, est considérée comme l’un des plus beaux bâtiments indiens du XX^e siècle ? C’est le célèbre artiste indien Satish Gujral qui en a dessiné les plans.

La grande réception qui s’est tenue dans le jardin enchanteur de l’ambassade le deuxième jour reste indubitablement un point culminant de cette mission. Dans cet écrin sublimé par un agréable éclairage d’ambiance, les quelque 800 convives d’origine belge et indienne ont pleinement profité de l’occasion pour réseauter. La soirée a commencé par l’arrivée de la princesse Astrid, accompagnée de percussions indiennes entraînantes et au cœur d’une danse traditionnelle du Rajasthan. Les personnes présentes ont pu se régaler à un délicieux buffet, dans lequel nos célèbres frites avaient évidemment leur place, servi dans une ambiance jazzy.

L’allumage de lampe

À Delhi comme à Mumbai, la visite a débuté par un rituel au cours duquel l’hôte ou l’hôtesse ainsi que les personnes en visite allument une lampe à huile. Cette pratique est une manière de faire preuve d’un accueil chaleureux et attentionné, de sorte que chacun et chacune se sente à l’aise et bienvenu(e). Nous espérons que nos relations mutuelles demeureront placées sous le signe de cet amour et cette paix, et que ces rencontres évolueront vers une étroite coopération qui bénéficiera aux deux pays.

Quoi qu’il en soit, nos postes en Inde continuent d’assurer le suivi des contacts déjà établis. En effet, malgré son potentiel pratiquement illimité, l’Inde reste un pays plutôt complexe et bureaucratique où il n’est pas toujours simple de faire des affaires – en particulier pour des entreprises et PME peu expérimentées. Dans ce cas, nos postes se tiennent prêts à vous prêter conseil et assistance.