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L’infirmière Julia Lopez vérifie le carnet de vaccination d’Argelia, une femme autochtone de la ville isolée de Chihuahua, au Mexique, en juin 2024 (campagne de vaccination contre la rougeole de l’OMS) (© WHO / Felix Marquez).
En sa qualité de membre et de présidente du MOPAN, un réseau de pays qui vise à améliorer l’efficacité des institutions internationales, la Belgique a participé à l’évaluation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il en ressort que, même si l'OMS conserve sa position de chef de file parmi les institutions mondiales de la santé, il reste une marge d’amélioration, notamment en matière de valorisation de ses activités et de renforcement de son financement garanti.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est l'organisation des Nations Unies qui définit les normes internationales en matière de soins de santé au sein des États membres. Créée en 1948 (le 7 avril, devenu aujourd'hui la Journée mondiale de la santé), elle promeut la couverture sanitaire universelle et aide les personnes vulnérables aux quatre coins du monde. La Belgique fait partie des membres fondateurs de l’OMS et participe à l'Assemblée générale annuelle réunissant les ministres de la Santé.
Au sein de l'ONU et vis-à-vis d'autres institutions mondiales de la santé, l’OMS occupe une place centrale. En tant qu'organisation onusienne, elle définit non seulement les normes internationales en matière de santé sur la base de données probantes recueillies sur divers thèmes relatifs à la santé mondiale, mais fournit également des informations de référence. Elle constitue par ailleurs un forum de discussion scientifique et politique sur la santé et joue un rôle de coordination à l'échelle mondiale.
Cibles du « triple milliard »
Les Objectifs de développement durable (ODD) – en premier lieu l'ODD 3 sur la santé et le bien-être – fournissent des orientations claires pour ses activités. En outre, l'OMS a énoncé les cibles du triple milliard (Triple Billion Targets) :
- Instauration de la couverture sanitaire universelle – un milliard de personnes supplémentaires bénéficiant de la couverture sanitaire universelle ;
- Intervention dans les situations d'urgence sanitaire – un milliard de personnes supplémentaires mieux protégées face aux situations d'urgence sanitaire ;
- Amélioration de la santé des populations – un milliard de personnes supplémentaires bénéficiant d'un meilleur état de santé et d'un plus grand bien-être.
La Belgique et l'OMS
L'OMS œuvre en faveur de la santé pour tous, dans tous les pays, y compris en Belgique. Pour ce faire, elle établit des directives et objectifs que notre pays suit également. Pour citer quelques exemples : l'objectif en matière d'hypertension artérielle, la limitation du nombre de décès sur les routes ou encore la vaccination contre le papillomavirus humain. La formulation de mesures destinées à prévenir ou à combattre des maladies telles que le paludisme et le diabète fait également partie de ses missions. Le SPF Santé publique représente la Belgique au sein de l'OMS et assure la direction des initiatives dans ce cadre.
Le SPF Affaires étrangères – plus précisément la direction générale Coopération au développement DGD – prend en charge le financement de l'OMS. Ce financement contribue également au rôle de soutien que l'OMS assure vis-à-vis des pays à faible revenu dont les systèmes de santé s’avèrent généralement plus fragiles. La Belgique entend ainsi contribuer à la promotion d'une couverture sanitaire universelle et d'un accès équitable aux soins de santé dans ces pays, dont un grand nombre figure parmi les pays partenaires de la Coopération belge au Développement. À cet égard, notre SPF collabore étroitement avec le SPF Santé publique.
Organisation complexe
L’OMS s’est ainsi engagée dans un projet plutôt ambitieux ! En vue de concrétiser ces objectifs, l'organisation a dû se développer jusqu’à devenir assez complexe. Outre son siège établi à Genève (Suisse), elle dispose de six bureaux régionaux qui se concentrent sur la situation sanitaire respectivement en Afrique, dans les Amériques, en Méditerranée orientale, en Europe, en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental. Le Belge Hans Kluge occupe le poste de directeur pour la région « Europe » qui, composée de 50 pays, dépasse largement le cadre de l'Union européenne seule.
L'OMS compte également 152 bureaux de pays. Elle obtient son financement, d’une part, des contributions obligatoires de ses 194 États membres (calculées sur la base de leur PIB) et, d’autre part, de contributions volontaires versées par des États membres ainsi que par d’autres partenaires tels que des banques de développement (Banque mondiale...), d'autres organisations de l'ONU (UNICEF...) et des fondations philanthropiques (Fondation Bill et Melinda Gates, Rotary International…). Au total, l’OMS emploie environ 8 800 personnes.

Rebecca Apolot, experte de l’OMS en prévention des infections, explique aux infirmières la meilleure façon de soigner les patients atteints de covid sans être elle-même infectée (camp de réfugiés rohingyas de Cox’s Bazar, Bangladesh, juillet 2020) (© WHO / Blink Media - Fabeha Monir).
Pandémie de COVID
L’OMS fonctionne correctement, comme en a d’ailleurs témoigné sa gestion de la pandémie de COVID-19. La propagation fulgurante de ce virus en 2020 a en effet placé l’OMS face à des défis sans précédent. Dans ce contexte, l’Organisation a démontré sa capacité à réagir rapidement et habilement, renforçant par la même occasion son rôle d’institution de premier plan. Elle a investi davantage d’énergie dans ses partenariats, a recherché de nouveaux mécanismes de financement et a intensifié ses efforts en vue de renforcer ses capacités dans les pays en développement.
En parallèle, la pandémie a détourné l’attention des chantiers habituels tels que l’accès à des soins de santé de qualité et à la vaccination de routine. Les tendances positives relatives au paludisme et à la tuberculose se sont infléchies, tandis que moins de personnes ont reçu un traitement contre des maladies tropicales négligées. Sans parler des effets négatifs permanents de la COVID-19 dont un déclin de la santé mentale, constaté principalement chez les adolescents. À la mi-2023, seuls 12 % des indicateurs de santé des ODD étaient en bonne voie de réalisation.
Évaluation du MOPAN
En outre, nous vivons actuellement une époque charnière, constellée de défis colossaux, entre les problèmes relatifs au climat et à l’environnement (vagues de chaleur, déforestation, pollution…) et la multiplication des conflits et de situations préoccupantes telles que la résistance aux antibiotiques et les maladies non transmissibles (obésité, diabètes…). Il est dès lors évident qu’une institution comme l’OMS ne peut jamais se reposer sur ses lauriers. Elle doit continuer d’améliorer son fonctionnement afin de pouvoir intervenir de manière aussi performante que possible.
Et c’est précisément ce qu’elle fait. Tous les cinq ans environ, elle élabore un plan de travail général afin de combler au mieux ses lacunes. Naturellement, il est aussi extrêmement utile de faire régulièrement le point sur la manière dont l’OMS fonctionne à l’aide d’un regard extérieur. La Belgique endosse ce rôle au sein du MOPAN, un réseau de 22 pays qui vise à améliorer le fonctionnement des institutions internationales.
En 2024, notre pays assure la présidence du MOPAN et c’est justement au cours de cette année de présidence que s’est conclue une évaluation de l’OMS. Dans le cadre de cet audit, la Belgique a joué le rôle de chef de file institutionnel aux côtés du Canada et du Luxembourg. Ce type d’examen a lieu tous les cinq ans, le dernier ayant été mené en 2018.

Un enfant rom reçoit un vaccin contre la poliomyélite par le Dr Raymond Dankoli, Coordonnateur de l’OMS pour la riposte à la poliomyélite en Ukraine (Ukraine, février 2024) (© WHO / Christopher Black).
Financement souple et garanti
Dans l’ensemble, le bilan général semble plutôt positif, mais il s’agit à présent de poursuivre sur cette lancée et, surtout, de passer à la vitesse supérieure. Le financement, par exemple, constitue un défi majeur. À ce jour, l’OMS dispose d’un budget de 6,83 milliards de dollars. Pour pouvoir fonctionner de manière optimale, l’organisation a besoin d’une certitude à plus long terme en matière de revenus.
Or, à l’heure actuelle, seulement 20 % environ du budget proviennent de contributions obligatoires garanties. Le reste étant issu d’apports volontaires, l’OMS n’est donc pas sûre de pouvoir compter chaque année sur ce financement. Par ailleurs, 88 % de ces fonds libres sont liés à un projet spécifique, alors que l’OMS a justement besoin de financements souples pour pouvoir intervenir rapidement en cas de crise inopinée.
Les États membres se sont toutefois accordés sur une augmentation progressive des contributions fixées afin d’atteindre 50 % du budget total en 2030-2031. Cependant, l’OMS a besoin de plus de la moitié des financements en contributions garanties, ainsi que d’un plus grand volume de financements souples, y compris en provenance du privé. L’Organisation doit également diversifier davantage ses donateurs en attirant encore plus d’acteurs « non étatiques », par exemple le secteur privé ou des organisations philanthropiques.

Le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, et la ministre de l’époque, Meryame Kitir, se rendent à Afrigen, en Afrique du Sud, où des vaccins seront produits (2022) (© SPF Affaires étrangères).
Occasion précieuse d’apprendre
En sa qualité de chef de file, l’institution doit faire preuve d’encore plus de « diplomatie sanitaire ». Ses contacts actuels avec le G7 et le G20, les sommets sur le climat ainsi que la société civile sont particulièrement utiles à cet égard. Dans un contexte où les organisations de santé deviennent de plus en plus nombreuses, que ce soit à l’échelle mondiale, régionale ou nationale, l’OMS doit formuler plus clairement la position centrale et le rôle moteur qui la caractérisent. Il est particulièrement important pour les donateurs de pouvoir quantifier la part des activités propres à l’OMS qui a contribué à des résultats positifs, comme par exemple une réduction du nombre de cas de paludisme et de poliomyélite.
Depuis peu, le nombre de demandes d’assistance aux pays individuels connaît une forte croissance. Dès lors, outre sa fonction de coordination, l’OMS va aussi devoir accroître sa capacité au niveau national. En outre, le rapport d’évaluation du MOPAN mentionne que l’OMS doit miser encore davantage sur l’évaluation interne de son efficacité. Compte tenu de la rapidité à laquelle le domaine de la santé évolue, il incombe à l’OMS d’incarner l’organisation apprenante par excellence, qui n’a de cesse de s’adapter.
Pour les organisations concernées, les évaluations critiques réalisées par le MOPAN offrent à chaque fois une occasion précieuse d’apprendre. Le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, partage cet avis : « Nous allons évidemment mettre à profit les perspectives mises en lumière par cette évaluation dans nos efforts pour offrir à chacun, chacune, un monde plus sain, plus sûr et plus juste. »
La Belgique promeut un multilatéralisme fort, y compris dans le domaine de la santé mondiale. Moteur dans ce domaine, notre pays travaille étroitement avec l’OMS afin d’assurer à tout le monde, et surtout aux personnes les plus vulnérables, une égalité d’accès aux soins de santé. Nous nous réjouissons donc d’avoir pu, au moyen de cette évaluation, apporter notre pierre à l’édifice pour aider l’Organisation mondiale de la santé à devenir plus performante en ces temps de défi et d’urgence.
Le MOPAN évalue l’UNRWA
Le MOPAN évalue à intervalle régulier toutes les organisations internationales majeures. En août 2024, il a publié un rapport d’évaluation de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies qui porte assistance aux réfugiés palestiniens. Le MOPAN reconnaît le caractère unique et la valeur de la contribution de l’UNRWA à la stabilité régionale et locale et émet des suggestions afin d’améliorer son fonctionnement. Depuis 75 ans déjà, la Belgique finance fidèlement l’UNRWA.
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