La Belgique à la tête du Forum pour la coopération en matière de sécurité (OSCE)

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Hadja Lahbib

Le ministre des affaires étrangères Lahbib prend la parole lors du dialogue de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. A ses côtés, le représentant permanent belge Nagant de Deuxchaisnes qui préside le dialogue de sécurité. © SPF Affaires étrangères

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a mis au point le régime le plus large au monde en matière de maîtrise des armements, de désarmement et de mesures de confiance et de sécurité. 57 pays de la région euro-atlantique et eurasiatique en sont membres. L’article OSCE, un espace de dialogue et un cadre d’action commun unique vous fournira de plus amples informations à propos de cette organisation.

Le Forum pour la coopération en matière de sécurité (Forum for Security Co-operation, en abrégé FSC) constitue un organe clé au sein de l’OSCE. Des représentants des États membres s’y réunissent chaque semaine pour discuter de la stabilité et de la sécurité militaires. Des « dialogues de sécurité » sont également organisés sous forme de tables rondes qui traitent de sujets politico-militaires dictés par l’actualité.

Blocage par la Russie

Malheureusement, la guerre en Ukraine entrave les activités du forum. L’OSCE tient en effet à ce que toutes les décisions soient prises par consensus. Ce principe constitue une force indéniable de l’organisation, car il implique que toute décision bénéficie d’une large assise, mais il peut également s’avérer être une faiblesse lorsque des pays qui ne veulent pas coopérer profitent de cette règle de consensus pour tout bloquer, comme c’est actuellement le cas avec la Russie.

De mai à août, la Biélorussie présidait le FSC. Cet allié de la Russie ne voulait pas lui faire obstruction et a donc limité ses activités au sein du forum au strict minimum. Aucun dialogue de sécurité n’a par exemple été organisé durant cette période. Maintenant que la Belgique prend les rênes, les États membres attendent de notre pays qu’il relance la machine.

Une attention soutenue pour l’Ukraine

Quoi qu’il en soit, la guerre en Ukraine fera l’objet d’une attention particulière durant la présidence belge. L’offensive russe en Ukraine va directement à l’encontre des principes fondamentaux de l’OSCE tels que le respect de la souveraineté des États (voir « Les dix principes de l’Acte final d’Helsinki » dans l’article récapitulatif sur le sujet). En sa qualité de président du FSC, la Belgique soulignera l’importance de ces principes fondamentaux et continuera à exprimer son soutien à l’Ukraine.

Dans les faits, la situation en Ukraine figure déjà à l’ordre du jour du FSC depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Durant sa présidence, notre pays organisera cinq dialogues de sécurité qui auront tous un lien avec l’Ukraine. Les intervenants ukrainiens auront l’occasion d’y partager leurs expériences sur le terrain.

Un des dialogues de sécurité portera sur les « Enfants et les conflits armés », un thème qui est depuis longtemps cher à notre pays. D’ailleurs, la Belgique avait également mis cette thématique à l’ordre du jour lors de son mandat au Conseil de sécurité de l’ONU. Les enfants sont en effet trop souvent victimes d’atrocités lors de conflits et cette situation est intolérable.

Le thème « Femmes, Paix et Sécurité » fait également partie des priorités, comme en témoigne entre autres la participation de la ministre des Affaires étrangères Hadja Lhabib. Notre pays estime que les femmes doivent pouvoir participer pleinement, d’égal à égal et de manière significative aux forces armées. En outre, elles devraient être impliquées à tous les niveaux dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits.

Un autre thème épineux porte sur la relation entre « conflit et environnement ». En effet, les activités militaires ont incontestablement des répercussions sur l’environnement. En Ukraine, par exemple, les bombardements ont incendié des zones naturelles et contribué à la pollution de sols et de cours d’eau. Les problèmes environnementaux peuvent à leur tour engendrer des conflits. Citons par exemple la pollution du sol, de l’air et des cours d’eau dans les zones frontalières.

Notre pays souhaite également que les États membres se penchent sur la question des « débris de guerre explosifs », un problème sous-estimé. La Belgique est bien placée pour aborder cette thématique, car quelque 250 tonnes de matériel explosif datant de la Première Guerre mondiale sont encore éliminées chaque année dans notre pays, soit plus de 100 ans après le conflit.

Peu de chances de compromis

Tant au sein du FSC que du Conseil permanent – la réunion hebdomadaire des représentants permanents – tous les pays continuent de se rencontrer, y compris la Russie. Toutefois, la probabilité de parvenir à un compromis reste pour le moment faible. L’Ukraine, l’UE et ses États membres ainsi que les alliés de l’OTAN dénoncent sans ambages les atrocités commises par la Russie en Ukraine. De son côté, la Russie proclame qu’elle ne fait que protéger ses propres citoyens innocents et rejette la faute de toutes les exactions sur l’Ukraine.

L’Ukraine bénéficiera certes d’une attention soutenue, mais notre pays n’a pas pour autant l’intention de perdre de vue les autres conflits. Les revendications de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan font elles aussi régulièrement l’actualité. Par ailleurs, la Belgique souhaite améliorer le fonctionnement interne de l’OSCE en créant des liens entre le FSC et divers comités du Conseil permanent.

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