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Depuis 2016, le travail des enfants est à nouveau en hausse. © Shutterstock
Ce n’est pas sans raisons que la communauté internationale a proclamé 2021 « Année internationale de l’élimination du travail des enfants ». Selon un récent rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), 160 millions d’enfants en sont actuellement victimes. Entre 2000 et 2016, le nombre de cas d’enfants astreints au travail dans le monde a diminué de 94 millions, mais le chiffre a entre-temps enregistré une progression de 8,4 millions. La hausse est particulièrement marquée chez les enfants de 5 à 11 ans.
Pauvreté
Le travail des enfants est surtout présent dans le secteur de l’agriculture (70 %), suivi des services (20 %) et de l’industrie (10 %). En raison de la pandémie de COVID-19, 9 à 46 millions d’enfants supplémentaires risquent de devoir travailler. Les perturbations climatiques constituent également une menace. Les deux phénomènes accentuent la pauvreté dans de nombreux ménages, et les parents se voient contraints de faire travailler leurs enfants par pure nécessité.
Soyons clairs, il ne s’agit pas de quelques heures de ménage par semaine ou d’un petit job durant les vacances d’été. Le travail des enfants entrave la scolarisation et freine le développement physique, mental et social.
79 millions d’enfants effectuent même des tâches tout simplement dangereuses pour leur santé mentale ou physique, ce qui représente une augmentation de 6,5 millions depuis 2016. Citons, par exemple, le transport de charges lourdes, l’exposition à des substances dangereuses ou de longues heures de travail. Les victimes du travail des enfants vivront plus que probablement dans la pauvreté à l’âge adulte et devront faire travailler leurs propres enfants afin de joindre les deux bouts.
En effet, les causes profondes du travail des enfants ont un lien avec la pauvreté, l’absence de travail décent pour les parents, les normes sociales qui banalisent le phénomène, la migration et les situations d’urgence. Les solutions ne sont durables que si elles s’attaquent aux causes. Cela passe par la protection sociale, l’emploi, un enseignement de qualité et abordable, le respect des droits internationaux du travail et des droits humains, entre autres.
Réglementation internationale
Une réglementation internationale existe bel et bien. Ainsi, tous les pays ont déjà ratifié la Convention de l’OIT pour l’élimination des pires formes de travail des enfants (1999). La Convention de l’OIT sur l’âge minimum (1973) a été adoptée par 173 pays, et 14 États n’y ont pas adhéré. La Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (1989) établit que les enfants ont droit à une protection contre l’exploitation économique et sexuelle, le travail dangereux et nuisible, et le travail qui entrave leur éducation.
Par ailleurs, la communauté internationale s’est engagée, au moyen des Objectifs de développement durable (plus particulièrement l’ODD8.7), à éradiquer les pires formes de travail des enfants d’ici 2025, y compris l’utilisation d’enfants-soldats.
L’Union européenne prévoit également toutes sortes de réglementations. Elle applique par exemple une politique de tolérance zéro dans ses accords commerciaux en ce qui concerne le travail des enfants. Les pays en développement n’accèdent plus aisément au marché européen qu’à condition d’avoir adhéré aux conventions de l’OIT relatives au travail des enfants et à la convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.
Avec Beyond Chocolate, la Belgique veut que son chocolat soit exempt
de travail des enfants d'ici 2030. Photo : Des femmes lavant des fèves de cacao en Côte d'Ivoire. © Shutterstock
Efforts belges
La Belgique s’efforce, de diverses manières, d’éradiquer le travail des enfants dans le monde. Ainsi, notre pays fournit une contribution annuelle de 6 millions d’euros à l’OIT (3 millions de contribution obligatoire, 3 millions sur une base volontaire). Ce faisant, il soutient les actions de l’OIT visant à promouvoir le travail décent à travers le monde et à éradiquer le travail des enfants. Aux Nations Unies à New York, la Belgique co-préside le Groupe d’amis sur le travail décent au service du développement durable. Et l’UNICEF, l’organisation onusienne par excellence qui œuvre pour la protection de l’enfant, reçoit 15 millions d’euros sur une base annuelle.
Neuf acteurs non gouvernementaux belges – partenaires de la Coopération belge au Développement – exécutent des projets axés sur le travail décent, pour un montant de 92 millions d’euros au cours de la période 2017-2021. Le financement se prolongera pour 2021-2026. Au sein de la coopération gouvernementale, 50 millions d’euros ont été prévus, répartis sur 5 ans, afin de soutenir la protection sociale et le travail décent en Afrique centrale.
En outre, la Belgique fait activement la promotion de la protection des enfants dans les conflits armés. Par exemple, notre pays finance depuis 2010 via l’UNICEF le Mécanisme de surveillance et de rapportage du mandat de l’ONU pour la protection des enfants en temps de conflit armé. Durant la période où il a fait partie du Conseil de sécurité de l’ONU, notre pays a présidé de manière active le groupe de travail de l’ONU sur les enfants et les conflits armés.
La Belgique lutte contre la traite des êtres humains par l’intermédiaire de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC). Notre pays a versé 2 millions d’euros à un fonds de l’UNODC qui fournit une assistance aux victimes de la traite des êtres humains, à savoir les femmes et les enfants. L’ancienne ministre belge Inge Vervotte siège au conseil d’administration, composé de 5 membres.
Un point d’attention particulier pour un pays réputé pour son chocolat réside dans le travail des enfants qui se cache derrière la culture du cacao. C’est pourquoi notre pays a lancé l’initiative Beyond Chocolate en 2018. Objectif : rendre le secteur du cacao 100 % durable en Belgique d’ici 2025, mettre fin au travail des enfants et à la déforestation d’ici 2030, et garantir un revenu suffisant pour 140 000 à 190 000 petits cacaoculteurs. Beyond Chocolate est soutenue par une coalition large et extrêmement motivée : des entreprises chocolatières et des supermarchés aux ONG, investisseurs à impact social, universités, syndicats, organismes de certification et gouvernement belge.
Le travail des enfants entache le blason de notre planète. Cette problématique est en grande partie liée à la pauvreté et aux inégalités. La Belgique continuera à œuvrer afin que chaque enfant puisse vivre son enfance en toute sécurité et sérénité.
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