La Belgique soutient la liberté des médias en Jordanie

Notre ambassade à Amman (Jordanie) a participé activement à une conférence sur l'avenir des médias traditionnels dans une région où la liberté des médias est de plus en plus restreinte. Notons également la présence remarquée des journalistes belges Florence Hainaut et Guylaine Germain.

Depuis 1998, l'ONG jordanienne Center for Defending Freedom of Journalists (CDFJ) défend la liberté de la presse en Jordanie et dans toute la région arabophone où elle est brimée. Le CDFJ offre un soutien juridique et une protection aux journalistes et s'efforce de favoriser la mise en place d'un environnement juridique, politique et culturel dans lequel les médias peuvent se déployer librement. L'ONG cherche également à promouvoir le journalisme de qualité dans le respect des droits humains et de la réalisation des Objectifs de développement durable.

Le paysage journalistique a beaucoup changé. L'émergence des réseaux sociaux a entraîné la montée en puissance des influenceurs et la progression de la désinformation et des discours de haine, alors même que les médias traditionnels voient leurs recettes publicitaires et leurs ventes diminuer. Les nouvelles technologies telles que l'intelligence artificielle pourraient elles aussi remodeler radicalement le visage du journalisme.

Plus de 300 participants

C'est dans ce contexte que le CDFJ a organisé une conférence – intitulée « Future of Media & Communications Forum » – à Amman (Jordanie) en septembre 2023, afin de réfléchir à l'avenir des médias traditionnels. Les plus de 300 participants étaient issus non seulement des médias classiques et sociaux (Al Jazeera, New York Times, META...), mais aussi de la société civile de la région arabophone. Des organisations internationales telles que l'UNESCO, l'OCDE et Human Rights Watch étaient également présentes.

Notre ambassade à Amman a contribué au succès de cette conférence, avec l'appui de notre SPF et de Wallonie-Bruxelles International. Notre pays reste extrêmement attaché aux droits humains, à la liberté d'expression et à la préservation du rôle des médias. C'est dans cette optique que notre ambassade a (co)organisé plusieurs événements parallèles et débats mettant l’accent sur les femmes journalistes.

#Salepute

Notre ambassade a par exemple invité la journaliste et documentariste belge Florence Hainaut à prendre la parole lors d'un atelier sur le cyberharcèlement destiné à une trentaine d'autres femmes journalistes. Après une présentation des tendances – en Europe et dans la région –, l'atelier visait surtout à favoriser les échanges dans un espace sûr autour des expériences, des conséquences, des moyens de prévention et des attitudes à adopter face à ce phénomène mondial.

La projection à la résidence de son documentaire #Salepute (coréalisé avec Myriam Leroy) sur le cyberharcèlement des femmes a donné lieu à un débat passionnant. Parmi les quelque 80 invités figuraient des journalistes et des défenseurs des droits des femmes de la région, ainsi que des représentants d'autres ambassades et organisations internationales. Le débat était animé par Hadeel Abdel Aziz, éminente défenseuse des droits humains en Jordanie.

Dans son discours lors de la conférence même, Mme Hainaut a parlé de la tendance pernicieuse des médias classiques à fermer les yeux sur les discours de haine – qui fleurissent sur les réseaux sociaux grâce aux algorithmes et au manque de modération – afin d'accroître leur lectorat. Elle a également abordé les risques auxquels les journalistes (femmes) sont confrontées lorsqu'elles s'exposent sur les réseaux sociaux.

Femmes et groupes marginalisés

L'événement a également pu compter sur la participation d'une autre Belge : Guylaine Germain. Elle est coordinatrice du programme Égalité/Diversité de l'Association des Journalistes Professionnels (AJP). En 2021, elle a reçu le prix européen du Jeune Reporter. Pendant la conférence, Mme Germain a parlé de la présence des femmes et des groupes marginalisés dans les médias et de la manière dont les médias couvrent les violences faites aux femmes.

Enfin, une table ronde a permis de discuter des obstacles et des contributions positives des femmes dans les médias. Une quarantaine de journalistes jordaniens, de militants des droits des femmes et de responsables de médias y ont participé. L'occasion pour l'AJP de présenter les résultats d'une étude et les outils développés conjointement avec la Fédération Wallonie-Bruxelles et de les mettre en lien avec les tendances régionales.

Des liens utiles

L'expertise de Florence Hainaut et de Guylaine Germain a été très appréciée par les organisateurs et les participants. Leur présence a également permis de nouer des liens utiles et potentiellement durables avec des experts et des activistes de la région. La presse régionale – principal public cible de la conférence – a largement rendu compte de l'événement et de la contribution belge.

Notre ambassade s'estime donc très satisfaite de cette conférence. Elle a en effet permis de montrer notre soutien à la liberté des médias et à la liberté d'expression ainsi qu'à la lutte contre la violence fondée sur le genre en leur apportant la visibilité nécessaire.