La contribution belge fait de Cotonou (Bénin) un port performant

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Photo d'un docker amarrant un navire

En 2022, 81 navires marchands en moyenne ont accosté dans le port de Cotonou chaque mois (© Enabel).

L'agence de développement belge Enabel et le port d'Anvers-Bruges ont uni leurs forces pour améliorer les performances du port de Cotonou (Bénin). L'expérience ainsi acquise est maintenant utilisée, entre autres, pour mieux relier le port de Dar es Salaam (Tanzanie) à son vaste arrière-pays.

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Industrie, innovation et infrastructure

Les ports sont d'une importance capitale pour l'économie. Car, à l'instar d'un aéroport, un port relie le pays au système économique international. Un port permet l'importation et l'exportation massives de marchandises, ce qui génère des revenus. Il suffit de penser aux tarifs douaniers.

Les entreprises bénéficient d'un accès plus aisé au marché et peuvent donc mieux commercialiser leurs produits. Elles peuvent aussi plus facilement importer des matières premières ou des pièces détachées pour fabriquer leurs produits. Une logistique ou une chaîne d'approvisionnement plus efficace – port, douane, transport, etc. – permet également d'importer des denrées alimentaires, par exemple, à moindre coût.
 

Adjudication publique


En 2018, le Bénin, pays d'Afrique de l'Ouest partenaire de la Coopération belge au Développement, a fait le constat que son port de Cotonou n'était pas assez performant. Son potentiel restait largement sous-exploité, d'autant qu’il pouvait également desservir des pays voisins enclavés comme le Niger.

Les autorités béninoises ont alors lancé une adjudication publique. Le marché a été attribué au port d'Anvers, aujourd'hui fusionné pour former Anvers-Bruges. L’objectif : améliorer les performances du port de Cotonou en collaboration avec les partenaires béninois, sur une période de 3 x 3 ans.
 

Doubler la capacité


À partir de juin 2019, notre SPF a couplé ce marché à un programme gouvernemental de coopération belgo-béninoise mis en œuvre par l'agence de développement belge Enabel. Il s'agit là sans aucun doute de l'une des clés du succès. De cette manière, les deux entités belges pouvaient en effet combiner leurs forces complémentaires.

D'une part, le port d'Anvers a utilisé son expertise pour améliorer entre autres la stratégie et la gestion à long terme du port de Cotonou. Ce travail a résulté en un plan de développement qui doublera la capacité de réception et de gestion des marchandises en cinq ans.

Enabel, pour sa part, s'est attachée à soutenir les réformes des maillons de la chaîne logistique, notamment en soutenant les institutions (semi-)gouvernementales qui jouent un rôle dans la surveillance maritime et le transport de marchandises. Par le biais d'études, de formations et de conseils, l'agence vise à optimiser la compétitivité et l'esprit d'entreprise du port.

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Photo du port de Cotonou

Vue sur le port de Cotonou (© Enabel).

Tour de signalisation


L'une de ces formations a permis un déploiement plus efficace du personnel. Les navires à quai peuvent ainsi charger et décharger plus facilement et quitter le port plus rapidement, à la grande satisfaction des capitaines et des armateurs. De plus, une tour de signalisation a été aménagée pour donner aux navires toutes sortes d'informations, comme les annonces de mauvais temps ou le tirant d'eau.

Les camions transportant les marchandises à l'intérieur des terres n'ont pas été oubliés non plus. Par exemple, grâce à une plateforme numérique,, le transport routier a gagné en transparence et en efficacité. La numérisation a également permis une facturation transparente et une traçabilité aisée des chiffres pour un suivi adéquat.

Enabel a également réussi à réduire le nombre de litiges avec les clients et les partenaires, et ce, en travaillant notamment sur la réputation et le professionnalisme. En outre, notre agence a fait la différence en termes de travail décent et d'impact sur l'environnement. En effet, elle a investi dans la santé et la sécurité au travail, entre autres par le biais d'un système de gestion, d'équipements de protection pour les dockers et... de cours de natation !

Enfin, Enabel a collaboré à la mise à jour d'un cadre juridique qui permet au gouvernement de mieux contrôler ses obligations environnementales. Désormais, il peut mieux gérer les déchets solides, les déchets dangereux et les huiles usagées, limiter le bruit, empêcher l'introduction d'espèces exotiques nuisibles (rongeurs, insectes, zooplancton), etc.
 

Progression de 26 places


Plusieurs paramètres indiquent que les activités d'Enabel et du port d'Anvers-Bruges ont porté leurs fruits. Par exemple, le flux de marchandises transitant par le port de Cotonou a augmenté de 27,3 % entre 2017 et 2022. Les recettes fiscales du Bénin provenant de ce flux de marchandises ont augmenté de plus de 55 % entre 2018 et 2022. Dans l'« indice de performance logistique » de la Banque mondiale, le port du Bénin a progressé de 26 places dans le classement, passant de la 93e place en 2018 à la 67e en 2023.

L'augmentation de la capacité du port de Cotonou a également permis d'éviter la privatisation et de conserver le contrôle de l'État sur cette infrastructure essentielle. Avec un secteur portuaire représentant quelque 30 % du PIB, elle garantit de belles recettes. Le pays pourra les investir dans son plan de développement national.
 

Global Gateway


Mais l’histoire ne s'arrête pas là. La Belgique prolonge son soutien pour une 2e phase avec l'appui de l'UE et des Pays-Bas. Ensemble, nous visons à mettre en œuvre l'« Initiative Team Europe pour un port durable à Cotonou », qui entend améliorer les infrastructures de transport et la chaîne logistique entre Cotonou et Malanville (nord du Bénin). Pour y parvenir, il s’agira entre autres de numériser les douanes et de sécuriser le corridor.

Nous nous inscrivons ainsi dans le cadre du Global Gateway, une stratégie de l'UE visant à soutenir ses pays partenaires, notamment par le biais de travaux d'infrastructure. L’Union souhaite ainsi établir de meilleures connexions entre l'Afrique et l'Europe.

De plus, cette belle réussite pourra être répliquée à Dar es Salaam (Tanzanie). En collaboration avec l'UE, Enabel et le port d'Anvers-Bruges utiliseront l'expérience acquise à Cotonou pour renforcer le port de cette ville. L'objectif consiste à relier Dar es Salaam aux pays d'Afrique centrale grâce à des systèmes de transport sûrs, efficaces et plus écologiques. Une meilleure circulation des biens et des personnes revêt en effet une importance capitale pour le commerce et la stabilité de la région.