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Le grand moment de la mission économique au Brésil : une projection vidéo sur l’imposante statue du Christ surplombant Rio de Janeiro. Un exemple de technologie belge de pointe ! (© SPF Affaires étrangères)
Du 22 novembre au 1er décembre 2024, la princesse Astrid a mené une mission économique belge au Brésil. Les ports, l’aérospatiale, les énergies renouvelables, les infrastructures, les soins de santé et les jeux vidéo, mais également les poires et le chocolat, sont autant de secteurs qui ont été couverts au cours de cette mission. La statue emblématique du Christ qui surplombe la ville de Rio de Janeiro a même été illuminée l’espace d’un instant aux couleurs de la Belgique, grâce à une technologie de pointe belge.
Quand on pense au Brésil, on pense à ses plages radieuses, ses rythmes de samba entraînants, son carnaval endiablé, ou encore à la forêt amazonienne, la plus grande forêt tropicale humide du monde sur laquelle pèsent de grandes menaces. Mais saviez-vous que ce pays, le plus vaste d’Amérique du Sud, est également la 9e plus grande puissance économique mondiale ? Et son rôle sur la scène politique n’est pas négligeable non plus.
Avec une superficie de près de 8,55 millions de km², le Brésil est 280 fois plus grand que la Belgique et sa population compte un nombre d’habitants plus de 18 fois supérieur à celui de notre pays : 212 millions (2022) contre 11,7 millions (2023). Notre pays y est cependant le 6e plus grand investisseur étranger. Nous ne nous en sortons pas mal non plus en termes d’importations et d’exportations (voir chiffres dans l’encadré). Et cela a des raisons historiques.
Les relations entre la Belgique et le Brésil en quelques chiffres
- En 2023, les importations depuis le Brésil s’élevaient à 4,93 milliards d’euros et les exportations de notre pays vers le Brésil à 2,36 milliards d’euros, soit une légère baisse par rapport à 2022. Au niveau des exportations, les secteurs pharmaceutique et chimique sont particulièrement bien représentés, tandis que nous importons depuis le Brésil principalement des denrées alimentaires telles que du jus d’orange et du café.
- Ainsi, la Belgique reste pour le Brésil le 20e plus grand marché au niveau mondial et le 4e marché au niveau européen, tandis que nous sommes le 27e fournisseur mondial et le 7e au sein de l’UE.
- Pour la Belgique, le Brésil représente le 17e plus grand marché et le 31e fournisseur de biens.
- En termes d’investissements, notre pays constitue un pilier historique pour le Brésil. En 2022, nous étions le 6e plus grand investisseur étranger avec un capital de 25,3 milliards de dollars. Un grand nombre d’entreprises belges sont ainsi actives dans le pays de la samba, parmi lesquelles de grands noms comme Fluxys, AB InBev, Barry Callebaut, John Cockerill, Solvay, Port d’Anvers-Zeebrugge, BESIX et DEME. Nombre d’entre elles étaient d’ailleurs représentées pendant la mission économique.
- Quelque 5 000 Belges sont inscrits dans nos registres consulaires au Brésil, principalement à São Paulo et dans une moindre mesure à Rio de Janeiro. Environ 10 000 Brésiliens résident légalement en Belgique, en plus des 50 000 en situation irrégulière (selon les estimations).
- Notre pays dispose d’une ambassade dans la capitale Brasilia et d’un consulat-général à São Paulo et à Rio de Janeiro, auxquels viennent s’ajouter 12 consuls honoraires et 4 conseillers en diplomatie économique, répartis dans tout le pays.
L’arbre du roi Albert I
En 1834 déjà, le Brésil fut le premier pays d’Amérique latine à nouer des liens diplomatiques avec la toute jeune Belgique. Très rapidement, de nombreux Belges se sont rendus dans ce lointain pays lusophone pour contribuer à la construction des réseaux d’électricité, de chemin de fer et de tram. En 1895, le Belgo-Brésilien Louis Cruls a dirigé une mission chargée d’explorer le plateau central du Brésil où la capitale Brasilia serait finalement établie en 1960.
Durant la Première Guerre mondiale, les Brésiliens ont témoigné beaucoup de sympathie à l’égard de la Belgique meurtrie. Ainsi, en 1920, le roi Albert I et la reine Elisabeth furent les premiers chefs d'État étrangers à visiter la république brésilienne. Le roi Albert I avait alors planté un arbre dans le jardin botanique de Rio de Janeiro et une plaque commémorative avait été placée à son pied. Lors de la récente mission économique, son arrière-petite-fille, la princesse Astrid, s’est d’ailleurs rendue à l’emplacement de l'arbre en question et l’a pris en photo.
Le roi Léopold III s'est lui aussi pris d'affection pour le Brésil. Dans les années 1960, il a réalisé plusieurs expéditions dans la forêt amazonienne où il a entre autres effectué des recherches anthropologiques et pris un grand nombre de précieux clichés. Le roi Philippe quant à lui s'est déjà rendu dans le pays à l’occasion des Jeux olympiques (2016) et de la Coupe du monde de football (2014).

La princesse Astrid prend une photo de l’arbre que son arrière-grand-père, le roi Albert Ier, a planté à Rio de Janeiro (© SPF Affaires étrangères).
400 participants
Rien d'étonnant dès lors à ce que le Brésil ait été choisi cette année pour une mission économique présidée par la princesse Astrid. Depuis l'année dernière, les échanges commerciaux ont connu une tendance légèrement à la baisse alors que les deux pays s'apportent beaucoup mutuellement, et ce dans divers domaines : alimentation et agriculture durable ; pharmaceutique et chimie ; énergies renouvelables ; économie circulaire et bioéconomie ; ports, infrastructures et construction ; aéronautique et aérospatiale ; technologies numériques et financières ; divertissement et jeux vidéo ; et santé et sciences de la vie.
C'est ainsi qu'une délégation comptant pas moins de 400 participants s'est envolée pour le Brésil : en plus de la délégation officielle composée entre autres de responsables politiques belges, des représentants de quelque 170 entreprises, organisations et institutions académiques faisaient également partie du voyage. Au programme : rencontres avec des entreprises et institutions académiques et de recherche locales, séminaires, dégustations et visites des principales entreprises belges actives au Brésil ou de leurs partenaires locaux.

La princesse Astrid et la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib dévoilent une plaque commémorative à Solvay (© SPF Affaires étrangères).
Avec cœur et passion
Des collaborations de longue date ont été fêtées, des activités ont été étendues tandis que de nouvelles ont vu le jour. Certains dirigeants d'entreprise ont exploré les opportunités du marché brésilien. À São Paulo, le plus grand vivier économique du Brésil, 29 accords ont été signés entre des entreprises et institutions académiques belges et brésiliennes. 10 autres accords sont venus s'ajouter à Rio.
Ce type de mission économique princière porte donc clairement ses fruits. Il se pourrait même que nous atteignions en 2025 le cap des 1000 accords signés depuis le lancement en 2003 des missions princières, organisées à raison de deux par an. La présence princière, initialement le prince héritier Philippe, et ensuite la princesse Astrid, n'y est certainement pas étrangère. La princesse a par la suite été félicitée pour son engagement « avec cœur et passion ».
Une nouveauté durant cette mission : des dirigeants d'entreprise ont pu se joindre aux contacts politiques officiels à plusieurs reprises, notamment lors d'une visioconférence avec le vice-président brésilien ou encore lors d'une rencontre avec le gouverneur de São Paulo. « Ils ont ainsi eu l'occasion de présenter leur entreprise de manière très ciblée », a indiqué la princesse Astrid.
Nos postes aux commandes
Il va de soi que le succès d’une mission dépend également de l'excellente organisation. Les missions économiques princières sont organisées conjointement par l'Agence pour le Commerce extérieur, le SPF Affaires étrangères et les trois agences régionales chargées de la promotion du commerce et des investissements (FIT, AWEX et hub.brussels).
C'est à chaque fois une lourde tâche pour nos postes dans le pays visité (voir chiffres dans l'encadré) de concocter un programme aussi vaste, comprenant une multitude de rendez-vous, de déplacements et d'hébergements. Bien entendu, ce sont aussi des journées fastes.

Des chefs brésiliens en herbe de l’école de boulangerie Puratos avaient préparé quelques délices (© SPF Affaires étrangères).
Important pour notre prospérité
À l'issue de la mission, les autorités régionales ont elles aussi exprimé leur extrême satisfaction. Ainsi, le ministre-président flamand Matthias Diependaele a indiqué que « la prospérité de la Flandre dépend de ce type de missions. Elle dépend des entreprises étrangères qui viennent investir chez nous. Et réciproquement, des entreprises flamandes ou belges qui s'établissent à l'étranger. »
Et bien que l'accent soit mis sur le volet économique, une mission princière constitue également l'occasion idéale de resserrer les liens. Ce fut indéniablement le cas avec le Brésil qui partage notre esprit d'entreprise et nos valeurs fondamentales, et forme un pont entre l'Europe et les BRICS. Des missions en Inde (en mars) et en Californie (en octobre) sont déjà prévues au programme de l'année prochaine.
Par ailleurs, le président brésilien Lula da Silva, lors de son séjour en Belgique en 2023 à l'occasion du sommet UE-CELAC, a invité notre couple royal pour une visite d'État officielle. Elle est également en préparation.
Quelques moments forts
- Sur le site Solvay à Paulinia (près de São Paulo), la délégation a visité le plus grand projet de réduction des émissions de gaz à effet de serre des Amériques (jusqu'à 95 % déjà !) grâce à une chaudière à biomasse alimentée par des cannes à sucre et des fibres ligneuses d'eucalyptus, et un système de refroidissement fortement économe en eau. Une illustration du leadership belge en matière d'innovation chimique ! De manière plus large, Solvay œuvre également en faveur de la biodiversité, entre autres en sensibilisant les enfants à la cause au moyen de coccinelles et d'abeilles sans dard.
- L'accès à des soins de qualité occupait une place prédominante. Par exemple, lors de débats, des experts brésiliens et belges ont discuté des solutions possibles pour lutter contre les inégalités dans les soins de santé brésiliens. Des entreprises pharmaceutiques, comme UCB et GSK, s’efforcent déjà de mettre au point des outils innovants et des technologies vaccinales, et de former les médecins à l'épilepsie. UCB Brazil collabore étroitement avec l'Hospital Israelita Albert Einstein pour favoriser la recherche, les soins aux patients et les projets à impact social.
- Le Vlaams Centrum voor Agro- en Visserijmarketing (VLAM, Centre flamand pour la promotion des produits agricoles et de la pêche) a organisé une dégustation de poires Conférence. La princesse Astrid et la délégation ont pu y goûter de petites douceurs à base de poires belges, accompagnées de café de l'État fédéré brésilien du Minas Gerais. Les poires Conférence représentent actuellement un marché de niche, mais le potentiel est grand. La criée belge de fruits et légumes BelOrta souhaite d'ores et déjà partager avec un détaillant brésilien ses connaissances en matière de logistique et de conservation des poires.
- Entreprise familiale belge établie dans le monde entier et spécialisée dans la boulangerie, la pâtisserie et le chocolat, Puratos peut déjà faire valoir 35 ans d'expérience au Brésil. Elle dispose à São Paulo d'une Puratos Bakery School où les jeunes peuvent apprendre le métier de la boulangerie. Elle les aide ainsi à sortir de la pauvreté tout en formant une main-d’œuvre potentielle. La délégation a pu goûter les créations de quelques chefs brésiliens en herbe.
- Les ports jouent un rôle crucial dans l'économie brésilienne et doivent continuer à se développer. Le Brésil recherche par ailleurs des solutions durables et innovantes pour mieux exploiter le potentiel de ses voies navigables intérieures. Une mission sur mesure pour nos entreprises d'ingénierie belges.
- L'entreprise aérospatiale belge de renom Sonaca collabore depuis déjà 30 ans avec Embraer, 3e plus grande entreprise aérospatiale du monde et fleuron de l'industrie brésilienne. Elles font toutefois face à un défi de taille : la durabilité et la transition énergétique. Cette première visite belge de haut niveau à Embraer a ouvert la voie à une diplomatie aéronautique encore plus dynamique entre nos deux pays.
- Le moment fort le plus marquant fut peut-être la projection vidéo sur le Cristo Redentor (Le Christ rédempteur), la célèbre statue du Christ de 38 m de haut dominant la baie de Rio de Janeiro depuis le mont Corcovado qui culmine à 700 m d’altitude. Les drapeaux brésilien et belge étaient projetés sur la statue, ainsi que des paysages et structures symbolisant les deux pays comme la végétation tropicale de la forêt amazonienne et les lignes courbes de l'Art Nouveau. Une façon grandiose de célébrer les liens d'amitié entre les deux pays. Le spectacle était le fruit d’une collaboration entre les entreprises belges Barco (projection), Dirty Monitor (contenu) et Many Mind Media (drones).
- Une visite de la fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz), la plus grande institution de santé publique d'Amérique du Sud, figurait également au programme. L'institut européen de vaccinologie Plotkin, établi à Bruxelles, et l'entreprise belge Quantoom Biosciences (vaccins à ARNm) y ont participé à un séminaire sur l'avenir des épidémies et des vaccins.
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