La musique ne connaît aucune frontière : le Concours Reine Élisabeth mérite une plus grande notoriété en Chine

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Le public écoute les explications de l'ambassadeur

Vue de la salle du bâtiment de l’ambassade pendant le concert. © SPF Affaires étrangères

La musique transcende les frontières. C’est dans cette optique que notre ambassade à Beijing souhaite accroître la renommée en Chine du Concours et de la Chapelle musicale Reine Élisabeth. Le public chinois s’est d’ores et déjà laissé séduire par un concert du Trio Zadig, en présence de la princesse Esmeralda, petite-fille de la reine Élisabeth.

Les Jeux olympiques de la musique classique

Même dans le contexte géopolitique actuel troublé, la musique n’a pas sa pareille pour rallier les nations. En effet, la musique classique européenne trouve un écho retentissant dans les pays asiatiques, entre autres en Chine. Le pays de Xi Jinping compte un peu plus de 80 orchestres professionnels et construit  à un rythme effréné des salles de concert prestigieuses, telles que le National Center for Performing Arts à Beijing et le Shanghai Symphony Hall. Par ailleurs, près de 30 millions d’enfants y apprennent à jouer du piano.

Cependant, notre Concours Reine Élisabeth, pourtant célèbre dans le monde entier, reste assez méconnu en Chine. Il est évidemment populaire parmi les musiciennes et musiciens classiques et les mélomanes, mais beaucoup moins auprès du grand public, comme a pu le constater notre ambassade à Beijing. Le Concours Reine Élisabeth, que l’on pourrait qualifier de « Jeux olympiques de la musique classique », serait en effet trop exigeant.

Cette année, parmi la sélection de 70 pianistes, 13 étaient originaires de Chine, mais une seule candidate est arrivée en finale. Ce résultat explique la médiatisation moindre en Chine que, par exemple, celle du Concours international Tchaïkovski en Russie, plus accessible, où la Chine se hisse aisément en finale.

La guerre froide

Bruno Angelet, ambassadeur de Belgique à Beijing, et son équipe souhaitent changer la donne et miser davantage sur le pouvoir fédérateur de la musique classique. En Chine, ce moyen permettrait d’atteindre des dizaines de millions de personnes au moins !

Saviez-vous d’ailleurs que le Concours Reine Élisabeth a joué un rôle similaire pendant la guerre froide ? À l’époque, l’Union soviétique y participait en nombre. La reine Élisabeth entendait promouvoir les jeunes talents du monde de la musique et créer du lien par-delà les frontières. Cette volonté se traduit, encore aujourd’hui, par une tournée mondiale de quatre mois pour les finalistes à l’issue du Concours de musique.

Des restaurants chinois

La Chapelle musicale Reine Élisabeth aussi reste encore trop peu connue en Chine. Cette « Chapelle », située à Waterloo et étroitement liée au Concours Reine Élisabeth, offre aux jeunes talents provenant des quatre coins du monde une formation, que ce soit en interprétation ou en composition. Le CEO actuel nourrit de grandes ambitions en vue d’une nouvelle expansion de la Chapelle musicale.

Une plus grande notoriété au sein de l’empire du Milieu serait déjà très utile. L’un des obstacles que rencontrent les musiciennes et musiciens en Chine tient aux difficultés liées à l’obtention d’une bourse d’étude à la Chapelle musicale. Dans ce contexte, une intervention de notre ambassade a permis à un pianiste chinois prometteur de trouver un mécénat. Auparavant, il payait ses études à la Chapelle musicale en travaillant dans des restaurants chinois et en proposant des massages.

Ajoutons que, jusqu’à présent, il était compliqué d’organiser une tournée avec les finalistes du Concours Reine Élisabeth en Chine. Pour y remédier, notre ambassadeur a pris contact avec un célèbre chef d’orchestre chinois qui s’est montré disposé à mettre en place une tournée annuelle pour les finalistes à partir de 2026, moyennant une sorte de contrat d’exclusivité.

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L'ambassadeur explique le concours au public

L’Ambassadeur Angelet explique le Concours Reine Elisabeth. © SPF Affaires étrangères

Un Stradivarius de 1707

Le 22 mai 2025, alors que le Concours Reine Élisabeth battait son plein en Belgique, notre ambassade a organisé entre ses murs un concert de musique de chambre. Le Trio Zadig, composé de trois artistes associés à la Chapelle musicale Reine Élisabeth, s’est surpassé. Soulignons que le violoniste de la formation démontrait tout son talent sur un antique Stradivarius de 1707, offert à la Chapelle musicale. Le violoncelliste, quant à lui, animait délicatement de son archet un instrument daté de 1674, tandis que le pianiste faisait jaillir des notes magistrales du Steinway à queue confié temporairement à notre ambassade.

Le concert a remporté un franc succès auprès du public d’une centaine de personnes, majoritairement d’origine chinoise, composé de responsables d’orchestres symphoniques, d’académies et de conservatoires de musique, de critiques d’art, de journalistes, de musiciennes et musiciens classiques et bien d’autres. Notons également la présence remarquée de la princesse Esméralda, petite fille de la reine Élisabeth, qui ne ménage pas ses efforts pour entretenir l’esprit et la mémoire de sa grand-mère.

En préambule du concert, l’ambassadeur Bruno Angelet a présenté, images à l’appui, le Concours de musique et la Chapelle musicale. Par ailleurs, l’assemblée a largement eu le temps, avant et après la représentation, pour discuter dans une ambiance conviviale.

La perspective d’une diffusion en direct sur Internet

Nos collègues à Beijing ont plus d’une idée en tête pour promouvoir le Concours Reine Élisabeth et la Chapelle musicale. La prochaine étape sera par exemple de chercher des plateformes de médias sociaux afin de diffuser le concours en livestream.

Le 55e anniversaire des relations diplomatiques entre la Belgique et la Chine, que nous célébrerons en 2026, offre également un contexte idéal. Une tournée du Brussels Philharmonic, qui accompagnait cette année les candidates et candidats du Concours de musique, est déjà prévue en Chine. Il n’est pas exclu que les finalistes se joignent à l’orchestre à cette occasion. Faire vibrer les cœurs grâce à la musique, par-delà les frontières, telle est la devise.