La société post-coronavirus doit gagner en inclusivité, en durabilité et en résilience

La Coopération belge au Développement veut tout mettre en œuvre afin d’atténuer les conséquences socio-économiques de la pandémie de COVID-19 dans ses pays partenaires. Elle entend accorder davantage d’attention aux droits des femmes, à la protection sociale, à une reconstruction écologique, à l’éducation et à la sécurité alimentaire, entre autres.

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Enfant avec déambulateur

© Enabel/Sam Deckers

Le COVID-19 a engendré une crise sanitaire, mais aussi une crise socio-économique très grave dans le monde entier. Les gouvernements ont adopté des mesures nécessaires pour endiguer la pandémie mais ont, ce faisant, paralysé une grande partie de l’économie.

Une inégalité exacerbée

L’impact est d’autant plus lourd dans les pays en développement, et certainement dans les pays les moins avancés. Ainsi, les restrictions à la liberté de circulation ont des effets néfastes pour les millions de personnes qui essayent de survivre dans le secteur informel, par exemple grâce à la vente de produits en rue. Le nombre d’achats par les touristes a également diminué.

Les agriculteurs éprouvent plus de difficultés à commercialiser leurs produits et à accéder à toutes sortes d’intrants tels que les semences et les engrais, ainsi qu’à l’information. Cette situation entraîne une hausse des prix des denrées alimentaires.

En bref, la pandémie de COVID-19 a causé une grave perturbation de l’économie, en particulier dans les pays déjà faibles sur le plan économique. Un certain nombre de groupes de population souffrent encore plus de la crise : les femmes, les enfants, les migrants, les familles rurales, les travailleurs informels… Pour résumer, la crise du coronavirus creuse les inégalités existantes.

Une réflexion continue

La Coopération belge au Développement va donc parfaire son approche. En effet, elle a pour objectif de réduire les inégalités dans le monde et d’apporter des solutions respectueuses des limites de la planète. Les Objectifs de développement durable (ODD) constituent un fil conducteur dans sa démarche.

La Coopération belge au Développement a dégagé un certain nombre de pistes dans une note. Elle permettra à l’ensemble des acteurs de contribuer de manière cohérente à limiter les conséquences socio-économiques de la crise du coronavirus. Le document ne constitue pas une vision fixée mais plutôt une invitation à la réflexion qui évoluera en permanence. Nous en présentons les grands axes ci-dessous.

L’approche s’inscrit dans le droit fil des efforts internationaux déployés entre autres via l’UE (Team Europe), les Nations Unies, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. En effet, la crise a démontré de manière très nette l’existence d’interconnexions profondes à travers le monde et le caractère indispensable de la coopération internationale.

La Belgique partage la devise des ODD : leave no one behind. Personne ne peut être laissé pour compte et certainement pas les plus vulnérables. La crise du coronavirus doit également constituer une occasion de s’améliorer : build back better. La société post-coronavirus doit être plus inclusive, plus durable et plus résiliente !

La Belgique demeure également fidèle à son choix politique de se focaliser essentiellement sur les pays les moins avancés en Afrique.

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L’infirmière et la femme s’assoient à la table avec des dépliants

Les femmes ont un besoin permanent de services de santé et de droits sexuels et reproductifs.
© Enabel/Rosalie Colfs​

Genre et milieu

Les femmes et les filles sont les premières victimes touchées par cette crise. Il suffit de penser au fait que ce sont des femmes, rémunérées ou non, qui dispensent la majeure partie des soins. Par conséquent, elles courent un risque accru de contracter des maladies et de perdre leur revenu. Toutes les actions prêteront donc une attention particulière à la situation des femmes et des filles, entre autres par la sensibilisation des hommes.

Par exemple, une action concrète vise la prévention de la violence basée sur le genre, notamment au Mali, en RD Congo, au Burkina Faso, dans les Territoires palestiniens et les pays voisins de la Syrie. Notre pays prévoit également une contribution supplémentaire à ONU Femmes, l’organisation des Nations Unies consacrée aux femmes.

L’environnement doit également se trouver au cœur de toutes les actions. C’est le seul moyen d’éviter une nouvelle pandémie. Celle que nous connaissons actuellement résulte en effet d’une approche négligente de la nature : commerce d’animaux sauvages, perte de biodiversité, élevage intensif…

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Les femmes maliennes sur le terrain

Des femmes maliennes apprennent à cultiver leur terre d'une manière différente et obtiennent ainsi un meilleur rendement.
© Enabel/Kristof Vadino​

Pilier social

Droits de l’homme

La Belgique souhaite s’assurer que la crise du coronavirus ne dégénère pas en une crise des droits de l‘homme, qui menacerait essentiellement les personnes vulnérables et marginalisées. Outre les femmes et les enfants, elle concerne également les LGBTI, les jeunes, les minorités ethniques, religieuses et culturelles, les personnes handicapées et les personnes vivant dans l’extrême pauvreté. Chaque citoyen a le droit d’être bien informé au sujet de toutes les mesures prises contre le COVID-19.

La Belgique entend, entre autres, apporter un plus grand soutien au HCDH, l’organisation des Nations Unies pour les droits de l’homme.

Santé et droits sexuels et reproductifs (SRHR)

Le confinement a réduit jusqu’à 80 % l’accès des femmes aux services de la Santé et droits sexuels et reproductifs (SRHR). Il s’agit de services essentiels tels que le planning familial, le suivi de grossesse et l’avortement.

La Belgique souhaite garantir l’accès à la contraception, entre autres en apportant son soutien continu au programme UNFPA Supplies, un programme du Fonds des Nations Unies pour la population axé sur la planification familiale. She Decides – une initiative menée entre autres par la Belgique – continue également à bénéficier d’une aide. Une attention particulière sera également accordée à la violence sexuelle.

Protection sociale et travail décent

Une protection sociale universelle peut garantir l’accès aux soins de santé et en même temps accroître la sécurité de l’emploi et des revenus. Elle constitue donc un instrument de résilience important en ces temps de crise. C’est pourquoi la Belgique entend porter davantage d’attention à cet égard, entre autres via l’Organisation internationale du travail (OIT).

La protection sociale est d’autant plus importante pour les personnes du secteur informel, les travailleurs domestiques et les femmes non rémunérées pour leur travail.

Éducation

Plus de 180 pays ont fermé leurs écoles pour endiguer la pandémie. Les enfants issus de familles vulnérables en particulier – disposant de moins de possibilités d’opter pour un enseignement à distance – courent donc un risque accru de décrochage scolaire. Par conséquent, ils ne bénéficient plus de services tels que les repas scolaires, les soins médicaux, l’accès à l’eau potable et les informations relatives à l’hygiène. Cette situation peut avoir de graves conséquences principalement pour les jeunes filles.

Notre pays souhaite donc tout mettre en œuvre pour que les enfants vulnérables puissent continuer à aller à l’école. Pour ce faire, il continuera notamment à soutenir davantage de partenariats internationaux : le Partenariat mondial pour l’éducation, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

Agriculture et alimentation

La pandémie de COVID-19 a eu un impact énorme sur l’approvisionnement alimentaire. Parmi 820 millions de personnes qui souffrent déjà de la faim dans le monde, 130 millions sont gravement touchées. L’accès à des intrants, au financement, à l’information et aux canaux du marché peut aider à remédier à la situation. La transformation et le stockage des récoltes peuvent permettre d’éviter la perte de denrées alimentaires.

À moyen terme, la Belgique entend promouvoir l’approche agroécologique, un système agricole résilient, durable et relativement peu coûteux qui s’inspire de la nature.

Eau, assainissement et hygiène (Water, sanitation and hygiene – WASH)

L’hygiène est de loin la principale mesure pour lutter contre la propagation de la pandémie. Il faut cependant garantir l’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires, qui ne concerne malheureusement que 4 personnes sur 10. Les femmes et les filles sont également les premières touchées. La Belgique souhaite donc s’investir davantage à cet égard.

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Groupe de personnes à une grue faite de tonnes

Dans une école du camp de réfugiés de Bidibidi (Ouganda), un groupe d'élèves – le club WASH - enseigne les pratiques hygiéniques aux autres enfants.
© Kieran Doherty / Oxfam​

Pilier économique

Développement du secteur privé et soutien macro-économique

En ce qui concerne les conséquences purement économiques, la Belgique unira ses efforts à ceux du FMI et de la Banque mondiale. Les mesures comprennent, entre autres, le report du remboursement de la dette jusqu’en mars 2021.

La Société belge d’investissement pour les pays en développement (BIO) peut jouer un rôle prépondérant à cet égard, entre autres par la fondation d’un fonds d’urgence. Un appel spécifique COVID-19 du Business Partnership Facility est envisagé. Le BSF soutient des initiatives impliquant le secteur privé, afin de contribuer à la réalisation des ODD dans les pays en développement.

L’agence belge de développement (Enabel) peut donner des conseils aux gouvernements africains afin de les aider à construire une économie résiliente. Le Trade for Development Center – défenseur du commerce équitable – peut fournir une assistance technique.

Il va de soi que le principe « build back better » ne peut être oublié dans ce contexte. La nouvelle économie doit également pouvoir relever les défis du climat et de l’environnement, dont la perte de biodiversité. L’éducation doit également développer sa résilience.

Exploitation des ressources naturelles

Les ressources naturelles peuvent apporter une aide significative aux populations locales. Hélas, elles génèrent souvent de la violence et de l’instabilité. Des institutions efficaces, responsables et inclusives sont essentielles pour contrecarrer les effets négatifs des ressources naturelles. Une bonne gouvernance – y compris des systèmes fiscaux solides – peut générer bien plus de recettes nationales.

L’exploitation minière artisanale mérite une attention particulière à cet égard. Les opérateurs miniers ont en effet été touchés plus gravement par la pandémie, entre autres par la perte de canaux légaux du marché.

La Belgique souhaite donc s’impliquer davantage dans les initiatives existantes telles que l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives et le processus de Kimberley pour les diamants.