Le commerce équitable, plus important que vous ne le pensez

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Machine à fil et à tisser

La mode équitable fait l'objet d'une attention croissante, également pendant cette Semaine du commerce équitable. © TDC

Du 7 au 17 octobre 2020, le Trade for Development Centre (TDC, voir encadré ci-dessous) organise une nouvelle Semaine du commerce équitable qui mettra à l’honneur ce type de commerce durant 10 jours.

En cette période de crise du coronavirus, attendez-vous à toute une série d’activités en ligne, mais aussi à des événements en présentiel. Ainsi, le festival annuel consacré à l’habillement équitable et durable à Malines se déroule entièrement de manière virtuelle. La Fair Fashion Walk à Bruges continue par contre va se dérouler physiquement. Dans la province du Luxembourg, une pièce de théâtre sur le thème du commerce équitable et des défis écologiques sera normalement jouée dans diverses « communes du commerce équitable ». Pour des infos récentes, vous pouvez visiter le site(link is external).

Le vent en poupe

Le commerce équitable a le vent en poupe. Ainsi l’ONG Fairtrade Belgium – qui attribue le label « Fairtrade », voir encadré – a apporté des nouvelles réjouissantes en mai 2020 : les Belges ont dépensé un montant record pour les produits marqués du label Fairtrade en 2019. En effet, le volume de bananes, de café et de cacao a augmenté de 41 % par rapport à 2018, ce qui représente un chiffre d’affaires de 220 millions d’euros. Une banane sur quatre en Belgique porte aujourd’hui un label Fairtrade. En moyenne, un Belge consomme pour 19,2 euros de produits du commerce équitable par an.

Les entreprises et les supermarchés mettent également de plus en plus de produits issus du commerce équitable en rayon. Aldi en est un acteur remarquable. Avec une part de marché de 16 %, ce hard discounter s’est élevée au rang de plus gros vendeur de produits équitables dans le secteur du commerce de détail en 2018. D’ailleurs, de nombreux consommateurs achètent leurs produits équitables surtout dans les supermarchés, beaucoup plus que dans des magasins spécialisés tels qu’Oxfam-Magasins du monde.

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Un homme fait ses courses au supermarché avec un sac fourre-tout de commerce équitable

De nombreux consommateurs achètent leurs produits équitables principalement dans les supermarchés. © Fairtrade Belgium

Nombre de Belges n’ont certainement pas suffisamment conscience d’une chose : l’offre s’est considérablement élargie. Le commerce équitable ne se limite pas aux bananes, au café et au chocolat. Il englobe également les cosmétiques, les baskets, la mode équitable et lente (fair & slow fashion), les smartphones, l'or, les destinations touristiques, le bois, les plantes aromatiques et médicinales, les produits artisanaux et autres denrées alimentaires telles que le thé, l’huile, les fruits, les légumes et les fruits à coque.

Bien que le commerce équitable était destiné initialement à apporter une aide avant tout aux producteurs du Sud, ilfait l'objet d'une attention croissante en Belgique et en Europe également. Par exemple, la marque solidaire Fairebel propose du lait pour lequel 500 fermiers belges se voient offrir un prix équitable.

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Lait Fairebel

En Belgique, il y a aussi de la place pour le commerce équitable, comme le lait équitable de Fairebel. © TDC

De meilleurs résultats chez les autres

Cependant, avec leurs 19,2 euros de produits Fairtrade par an, les Belges obtiennent un résultat nettement inférieur à celui des Allemands (24,55 euros), des Luxembourgeois (35,60 euros), des Autrichiens (39,44 euros) et des Suédois (40,89 euros). Les meilleurs élèves en Europe sont les Finlandais (54,76 euros), les Irlandais (79,55 euros) et surtout les Suisses avec 85,44 euros par habitant. Les Belges s’en sortent mieux que les Italiens (5,3 euros) et les Français (13,45 euros).

Nous avons donc encore beaucoup de pain sur la planche pour faire de la Belgique un vrai « pays du Fairtrade ». Le TDC y a associé une série de conditions :51% des communes belges doivent devenir des communes du commerce équitable et plus de la moitié des provinces doivent avoir décroché le label de province équitable. Nous sommes encore loin de l’objectif : l’année dernière, on comptait par exemple 42 % de communes du commerce équitable. Il va de soi que l’avènement d’un monde où le commerce serait 100 % équitable n’est encore qu’un rêve lointain.

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Femmes récoltant des noix d'argan

Grâce au commerce équitable, ces femmes marocaines obtiennent un salaire équitable pour la transformation des noix d'argan. © TDC

Plus important que vous ne le pensez

Pourquoi le commerce équitable est-il si important ? Parce que son objectif est de garantir au producteur un revenu décent. Trop souvent, ce sont les petits producteurs en début de chaîne qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et souffrent de la faim. Ils disposent de moyens de production insuffisants et de trop peu de marge de négociation et/ou ne peuvent pas vendre leurs marchandises dans des conditions optimales. En conséquence, ils doivent se contenter d'un prix injustement bas.

C'est pourquoi le TDC forme ces agriculteurs aux techniques de marketing et à la gestion d'entreprise. Et grâce au label Fairtrade, les agriculteurs concernés reçoivent non seulement le prix minimum garanti, mais également une prime. C'est ainsi que le marché belge a généré 3,6 millions d'euros de primes au commerce équitable en 2019.

Mais le commerce équitable entend aussi protéger l'environnement et sauvegarder les droits sociaux. Par exemple, il lutte pour des produits qui ne font pas intervenir le travail des enfants. Ce n'est pas non plus une coïncidence si 52 % des produits alimentaires issus du commerce équitable portent actuellement un label biologique.

En bref, le commerce équitable permet aux producteurs de vivre décemment et accroît leur résilience face aux épreuves telles que les conditions climatiques défavorables et les maladies. Un revenu décent dissuadera également les jeunes d'émigrer. De plus, l'attention portée à un environnement sain permettra d'épargner les ressources naturelles. Si les enfants ne sont plus obligés de travailler, ils peuvent aller à l'école et poser ainsi les bases d'un bel avenir. Le commerce équitable est donc un outil important pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.

Semaine du Commerce équitable

C'est pourquoi le TDC et les organisations belges de commerce équitable (Oxfam, Fairtrade Belgium, Miel Maya Honing, FairTradeGemeenten, Communes du commerce équitable...) continuent à travailler sans relâche pour un monde équitable. Pas à pas, nous nous rapprochons de l'objectif final. Pensez également à l'initiative du gouvernement belge Beyond Chocolate, qui entend rendre tout le chocolat belge durable d'ici 2025 et garantir aux cacaoculteurs un revenu décent d'ici 2030. Des initiatives similaires sont en cours de développement.

Voici donc la semaine du Commerce équitable, le moment propice pour sensibiliser les consommateurs, les autorités et les entreprises aux nombreux avantages d'un commerce réellement équitable. Le prix ne doit pas toujours être un obstacle. En raison de leur croissance, les produits populaires issus du commerce équitable tels que les bananes, le chocolat et le café ne sont pas nécessairement plus chers que leurs concurrents.

Trade for Development Center et Fairtrade Belgium

Le Trade for Development Center est un programme de l'Agence belge de développement Enabel et de l'ensemble de la Coopération belge au Développement. Objectif : promouvoir et soutenir un commerce équitable et durable. À cette fin, le TDC encadre les groupes de producteurs et les PME du Sud dans le domaine du marketing et de la gestion d’entreprise afin de leur offrir un meilleur accès au marché. En Belgique, il met en place des campagnes d'information et de sensibilisation des consommateurs, des autorités et des entreprises, avec la Semaine du commerce équitable comme point d’orgue.

L'ONG Fairtrade Belgium - partenaire de la Coopération belge au Développement - fait partie du réseau Fairtrade International. Par le biais du label Fairtrade, cette organisation souhaite offrir aux agriculteurs et aux travailleurs des chaînes d'approvisionnement un revenu décent. L'homme et la planète occupent une place centrale.