Le mil : une culture prometteuse pour la production alimentaire, la création d'emplois et l'adaptation au climat

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Photo des tiges de millet

Tiges de millet en cours de maturation (© iStock).


En 2023, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) promeut le mil -  entre autres le millet et le sorgho - au rang de culture nutritive, saine, résistante au changement climatique et respectueuse de l'environnement. L'agence belge de développement Enabel s'intéresse aussi au millet et au sorgho. Elle entend ainsi encourager leur production et leur transformation au Sénégal.
 

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Icônes des objectifs de développement durable 2, 3 et 12


Chaque année, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) met en lumière une culture vivrière ou un autre aspect de l'agriculture et de la nutrition. Cette année, c'est au tour du mil d'être mis à l'honneur. Le mil représente un groupe diversifié de céréales - un peu moins répandu chez nous - que nous connaissons sous les noms de millet et de sorgho, entre autres. Il inclut également le fonio, un type de millet à petits grains cultivé principalement en Afrique de l'Ouest. Ou encore le teff, une céréale caractéristique et massivement cultivée en Éthiopie et en Érythrée.
 

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Logo de l'Année internationale des millets

© FAO


Des propriétés bénéfiques multiples


Le mil est avant tout nutritif et sain. Il regorge par exemple d'antioxydants, de minéraux (fer), de protéines et de fibres. En outre, il se cultive facilement, malgré des conditions climatiques difficiles et un sol pauvre, sec ou même dégradé. Ce type de culture pourrait donc précisément apporter une solution dans les régions où les populations peinent à produire suffisamment de denrées alimentaires en raison de la rudesse des conditions locales. En outre, le mil ne requiert que peu d’intrants, comme les engrais, et ce groupe de céréales n'est guère sujet aux maladies ni aux organismes nuisibles.

Le mil est ancré depuis des siècles dans les cultures anciennes et les traditions ancestrales d'Asie et d'Afrique. Pourtant, il semble quelque peu tombé en désuétude dans ces régions. La FAO a par conséquent jugé bon de mettre en lumière ce groupe particulier de céréales. Le mil offre de grandes perspectives, tant pour les petits agriculteurs, qui peuvent en tirer un revenu intéressant, que pour les consommateurs, qui y trouvent un moyen d'améliorer leur état de santé. Par ailleurs, cette culture réduit la dépendance des pays concernés par rapport aux céréales largement répandues et souvent importées, telles que le blé.

En bref, la promotion du mil peut contribuer efficacement à la réalisation d'au moins trois Objectifs de développement durable, à savoir l'ODD 2 (faim « zéro »), l'ODD 3 (bonne santé) et l’ODD 12 (consommation et production responsables). Sont concernés également l'ODD 8 (travail décent et croissance économique) ainsi que l'ODD 13 (mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques).
 

Agropole : passer de l'exportation à la création locale de valeur ajoutée


La Coopération belge au Développement s'intéresse également au mil. Par exemple, l'agence belge de développement Enabel soutient au Sénégal le projet Agropole-Centre dans la région centrale du Sine-Saloum, l'une des cinq « agropoles » construites par le gouvernement sénégalais. Un large éventail de petites, moyennes et grandes entreprises – actives dans la transformation de produits alimentaires spécifiques à la région tels que les céréales, le sel et les arachides – pourront y utiliser des infrastructures modernes et durables.

L'agropole vise donc non seulement à créer de la valeur ajoutée mais aussi des emplois supplémentaires et à favoriser un meilleur accès au marché pour les producteurs. L'objectif final consiste à passer de l'exportation de produits primaires non transformés à la mise à disposition de produits locaux transformés, durables et de haute qualité au bénéfice de la population sénégalaise. 

L'accent porte à la fois sur la production – 210 exploitations familiales, petites et moyennes – et sur la transformation – 110 petites exploitations en expansion – ainsi que sur certains géants locaux de l'agro-industrie. Sur les 110 petites exploitations – dont la plupart sont des groupes de femmes – 72 transforment le millet et le sorgho en aliments traditionnels tels que le couscous et la farine. L'agropole permettra un meilleur stockage de leurs céréales afin d'éviter le gaspillage. Dans les ateliers de transformation, ces entreprises peuvent utiliser des machines destinées à moudre, sécher, décortiquer les grains, etc.

En outre, elles bénéficient d'une formation à la comptabilité et à de meilleures techniques de transformation. Un soutien en vue de l’obtention de microcrédits leur est également apporté. Cette aide facilite la commercialisation de leurs produits, notamment par l'intermédiaire d'un réseau commercial plus vaste et d'un système de vente en ligne.
 

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Photo d'un sac de semoule sur une balance

Sankhal de mil = semoule à base de grains de millet concassés, produit final d'un projet Enabel (© Enabel).


Associations de producteurs


Dans le cadre d'un autre projet, Enabel vise à accroître la production de céréales, notamment de millet et de sorgho. Pour ce faire, l'agence soutiendra principalement les associations de producteurs, tant sur les plans de l'organisation que de la commercialisation. En outre, le projet aidera les producteurs à produire davantage de céréales de meilleure qualité grâce, entre autres, à des techniques agro-écologiques (restauration des sols) mieux adaptées au changement climatique, ainsi qu'à un meilleur accès aux intrants tels que des semences de qualité et des engrais. La réglementation joue également un rôle essentiel, par exemple en ce qui concerne le pourcentage minimum de millet dans les produits de boulangerie. Le projet démarrera bientôt avec le concours financier de l'Union européenne.

Au Sénégal, le sorgho et le millet occupent encore une place importante dans l’alimentation. Dans les zones rurales, les petits agriculteurs consomment eux-mêmes 90 % du sorgho et du millet qu'ils cultivent ; souvent, ils en nourrissent aussi leurs animaux. En milieu urbain, ce sont surtout les couches les plus pauvres de la population qui en sont friandes. La demande de produits dérivés (fermentés, transformés avec du lait...) augmente d'année en année.