Le Niger, un pays qui a besoin de notre solidarité

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Des filles habillées de couleurs vives

Grâce au projet Sarraounia, le taux de réussite des filles aux examens a augmenté et les abandons scolaires ont été évités. © Enabel

Le Niger - un pays sahélien d'Afrique de l'Ouest - est devenu indépendant de la France en 1960. Au début des années 1970, le pays était déjà connu comme l'un des plus pauvres du monde. Le 10 mai 1971, le premier accord de coopération entre la Belgique et le Niger a été signé à Bruxelles. Notre pays a estimé que le Niger avait désespérément besoin d'une aide au développement.

Dans un premier temps, une attention particulière a été accordée au développement rural et à la formation du personnel d'encadrement. Dès 1972-1973, une sécheresse persistante a provoqué une famine désastreuse. La Coopération belge au Développement s'est alors orientée vers une approche intégrée visant à accroître la sécurité alimentaire, dont les grands axes étaient le soutien à l'agriculture et aux soins de santé, la construction d'infrastructures hydrauliques et la formation technique. L'aide humanitaire est également devenue une constante.

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La coopération entre le Niger et la Belgique

La photo accompagnant un article général sur la coopération avec le Niger à la fin des années 1980, dans le magazine Dimension 3. © FOD BUZA/SPF AE

De bons résultats

Mais le Niger est un pays difficile. En plus d'un climat instable – instabilité accentuée par le changement climatique - le pays doit également subir la loi des groupes armés. L'État est relativement faible et la population pauvre augmente rapidement (voir encadré).

Pourtant, Guy Sevrin, ambassadeur de Belgique à Niamey, la capitale, se félicite de ces 50 années de coopération au développement. « Nous avons réalisé de belles choses qui ont répondu pleinement aux attentes de la population », dit-il. Nous avons apporté un soutien technique à l'hôpital de Dosso. Le personnel de santé a reçu des bourses pour poursuivre sa formation en Belgique. Dans quatre districts, les hôpitaux ont pu améliorer considérablement leurs services de santé.

Récemment, en mai 2021, nous avons ouvert un hôpital dans le district de Gothèye à l'occasion des célébrations marquant les 50 ans de coopération. L'hôpital est situé dans l'une des zones les moins sûres du pays, mais nous ne voulons pas abandonner la population à son sort.

Dans le secteur agricole, nous avons soutenu l'élevage, les activités pastorales et la production de viande de bovins, d'ovins et de volailles, y compris le « kilichi » ou viande séchée. Et grâce au projet Sarraounia, nous avons réussi à augmenter le taux de réussite des filles aux examens et à éviter qu'elles n'abandonnent l'école. »

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Coupe du ruban

Inauguration d'un hôpital dans le district de Gothèye en mai 2021. De gauche à droite : l'ambassadeur Guy Sevrin, le directeur d'Enabel Jean Van Wetter, la directrice d'Enabel Niger Sandra Galbusera et le ministre nigérien de la santé Maïnassara. © Ambabel Niamey

Un partenaire fiable

Il est faux de croire que dans un État fragile comme le Niger, la collaboration avec le gouvernement soit très difficile. « Nous avons en effet pu installer une relation privilégiée et de qualité avec les autorités nigériennes », déclare M. Sevrin. Nos échanges constructifs et francs nous ont permis de travailler en étroite collaboration afin de mettre en œuvre les programmes de développement. »

Le Niger évolue également de manière positive sur le plan de la démocratisation. «  Bazoum Mohamed, élu le 21 février 2021 est devenu président le 2 avril. Il succède au président Issoufou Mahamadou, du même parti, qui était au pouvoir depuis 10 ans. Un signe clair d'une plus grande stabilité politique, bien que de nombreux défis subsistent en matière de bonne gouvernance. Par exemple, le Niger doit faire face à un niveau élevé de corruption. Le nouveau président veut prendre des mesures contre ce phénomène mais il dispose de trop peu de ressources ».

Le pays est également un partenaire fiable au niveau international. Guy Sevrin précise : « Le Niger est pleinement résolu à respecter ses engagements internationaux en matière de climat et d'environnement, et à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD). Il est membre du Comité Inter-États de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS) depuis sa création en 1973 et participe activement à des initiatives régionales telles que la Grande Muraille Verte ».

En outre, le Niger a été membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies en 2020 et 2021. En 2020, sa participation a donc coïncidé avec le mandat de la Belgique. « À l'époque, nous avons pu travailler en étroite collaboration avec le Niger sur des questions telles que les enfants et les conflits armés. »

3D : Diplomatie, développement et défense

L'instabilité croissante dans les zones faiblement peuplées (voir encadré) est évidemment préoccupante. C'est la raison pour laquelle le choix des zones d'intervention de la Coopération belge au Développement se base sur une analyse précise des risques. « Le développement est un processus à long terme et le contexte est en constante évolution », explique l’ambassadeur. Nous devons donc adopter une approche flexible et rester à l'écoute des besoins de nos partenaires. »

La situation sécuritaire a également poussé la Belgique à expérimenter une « approche globale » (comprehensive approach), dite approche 3D. Un projet pilote à Torodi (2022-2026) vise à déterminer dans quelle mesure l’action extérieure (diplomatie), la coopération au développement (développement) et la défense peuvent unir leurs forces dans l'intérêt de la population.

L'armée belge est active au Niger depuis plusieurs années. En 2017, par exemple, l'opération New Nero (ONN) a été lancée pour accroître les capacités des unités spéciales nigériennes. Aujourd'hui, quelque 80 para-commandos belges forment leurs collègues nigériens à Maradi, et une cellule de coordination est également active à Niamey. Fin 2020, la formation de la 5e compagnie d'unités spéciales s’est achevée, la 6e et dernière compagnie suivra cette année.

Mais la coopération au développement peut aussi contribuer à une plus grande sécurité. Guy Sevrin poursuit : « Le Niger compte une population extrêmement jeune. Si nous pouvons offrir un avenir à ces jeunes, ils seront moins enclins à rejoindre des groupes terroristes. C'est pourquoi nous multiplions les efforts pour créer des emplois et améliorer les conditions de vie des personnes les plus vulnérables. »

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Hommes allant chercher de l'eau au puits

Un puits à Tibiri pour abreuver le bétail (projet Enabel). © Enabel

Un avenir pour le Niger

En sa qualité de membre fondateur du Club du Sahel (mars 1976, Dakar), la Belgique entend ne pas abandonner le Niger. Guy Sevrin : « Pour 2022-2026, nous prévoyons une enveloppe de 50 millions d'euros pour la coopération gouvernementale ; le budget des ONG belges actives au Niger sera augmenté ; la coopération militaire sera intensifiée ; et une partie importante du portefeuille thématique "climat Sahel" est allouée au Niger ».

« Le Niger a un avenir », conclut M. Sevrin. C'est un pays vaste avec une population jeune, et c'est un atout. Son sol regorge de ressources naturelles. Il s'agit de donner un élan au pays pour qu'il puisse réaliser son énorme potentiel humain et matériel. Contribuer à un environnement plus sûr en est un élément indéniable. »

50 ans de coopération en quelques chiffres

En 1971, la Belgique a investi 9 millions de francs belges au Niger ; en 1981, ce chiffre s'élevait déjà à 351,5 millions de francs.

De 2017 à 2020, la Belgique a dépensé 34 millions d'euros en coopération gouvernementale pour la santé et l'élevage, et ce par le biais de l'Agence belge de développement (Enabel). Au cours de la même période, les acteurs non gouvernementaux ont dépensé entre 2,8 et 3,4 millions d'euros chaque annéeL'aide humanitaire se situait entre 2 et 4,3 millions d'euros par an.

Au total, la Belgique a dépensé 75,87 millions d'euros en APD (aide publique au développement) en faveur du Niger en 2017-2020.

Le Niger en bref

Le Niger est un pays sahélien situé en Afrique de l’Ouest. Il abrite 21,5 millions de personnes (chiffre 2018) sur 1,267 million de km², soit plus de 40 fois la superficie de la Belgique. 90 % de la population vit sur un tiers du territoire, principalement le Sahel au Sud, une savane appauvrie. Au nord se trouve le désert du Sahara.

80 % de la population vit de l'agriculture, qui représente 37,8 % du produit national brut (PNB). Les matières premières telles que l'uranium, l'or et le pétrole fournissent 7,1 % du PNB, le secteur des services 39 %.

Comme d'autres pays du Sahel, le Niger est souvent victime d'un climat capricieux, que le changement climatique ne fait qu'aggraver. Des sécheresses extrêmes touchent régulièrement le pays, entraînant des famines. On observe également de graves inondations.

La population augmente chaque année de 3,9 % (7,2 enfants par femme, un record mondial). Deux Nigériens sur cinq vivent sous le seuil de pauvreté (< 1,9 dollar par jour), dont 95 % dans les zones rurales. Depuis des années, le Niger se situe au dernier rang du classement mondial de l'indice de développement humain.

Notamment depuis la crise libyenne de 2011, le pays a dû faire face à divers groupes armés, dont des extrémistes musulmans. L'État est trop faible pour contrôler les zones vastes et inhospitalières où ces groupes sont actifs.