Le Sommet de la mer du Nord organisé à Ostende jette les bases de la plus grande centrale d'énergie verte au monde

Dans la Déclaration d'Ostende, neuf pays européens s'engagent à faire de la mer du Nord la plus grande centrale d'énergie verte au monde. Objectif : 120 GW de capacité d'énergie éolienne en mer (offshore) à l'horizon 2030 et au moins 300 GW à l'horizon 2050. La Belgique joue un rôle clé à cet égard.

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Photo de groupe des chefs de gouvernement européens sur un bateau

Tous les chefs de gouvernement plus la présidente de la commission, Ursula von der Leyen, qui ont assisté au sommet de la mer du Nord. Seul le Premier ministre britannique Sunak n'était pas présent (© SPF Affaires étrangères).

Dans la Déclaration d'Ostende, neuf pays européens s'engagent à faire de la mer du Nord la plus grande centrale d'énergie verte au monde. Objectif : 120 GW de capacité d'énergie éolienne en mer (offshore) à l'horizon 2030 et au moins 300 GW à l'horizon 2050. La Belgique joue un rôle clé à cet égard.

Le 24 avril 2023, neuf pays se sont réunis à Ostende - à l'invitation du gouvernement belge - pour le North Sea Summit. La mer du Nord offre en effet un énorme potentiel d'énergie éolienne que nous n'exploitons pas encore suffisamment. Ce potentiel ne peut être exploité efficacement que si plusieurs pays unissent leurs forces.

Le mot clé est ici « interconnectivité ». Dans la mesure du possible, les parcs éoliens des différents pays devraient être reliés par un réseau câblé. Celui-ci permettra de réacheminer rapidement les excédents d'électricité et de combler efficacement les déficits. Car s'il y a toujours du vent quelque part, il ne souffle pas partout en même temps.
 

Énergie éolienne et hydrogène

Le sommet d'Ostende a fait suite au tout premier sommet de la mer du Nord qui s'est tenu à Esbjerg, au Danemark, en mai de l'année dernière. La Belgique, le Danemark, l'Allemagne et les Pays-Bas y avaient convenu de quadrupler leur capacité combinée de production d'électricité offshore pour atteindre au moins 150 GW d'ici à 2050.

À Ostende, la France, l'Irlande, le Luxembourg, la Norvège et le Royaume-Uni étaient également de la partie, aux côtés de la Commission européenne. La déclaration finale stipule que tous les pays doivent viser ensemble au moins 120 GW d'énergie éolienne offshore d'ici à 2030, et plus de 300 GW d'ici à 2050. La participation de l'Irlande permet également d'exploiter l'énergie éolienne de la mer d'Irlande et de la mer Celtique. Avec 300 GW, 300 millions de ménages européens pourraient être approvisionnés en électricité bon marché provenant de la mer du Nord.

L'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas et le Royaume-Uni souhaitent également produire de l'hydrogène renouvelable à partir de l'énergie éolienne. Environ 30 GW d'ici 2030 et, espérons-le, beaucoup plus d'ici 2050.

À titre de comparaison, les cinq centrales nucléaires actuellement en service en Belgique ont une capacité de 4 GW, ce qui correspond à environ un tiers de l'électricité belge. La capacité énergétique offshore de la Belgique est actuellement de 2,2 GW et atteindra au moins 6 GW à l'avenir.
 

Extrême urgence

L'unanimité et l'enthousiasme des pays participants sont clairement liés à l'urgence extrême de la situation. Le récent rapport de synthèse du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) le dit sans ambages : il est urgent de prendre des mesures à grande échelle pour ralentir le changement climatique et prévenir autant que possible ses effets néfastes sur le bien-être et la prospérité. En outre, la guerre menée par la Russie en Ukraine a mis en évidence la nécessité pour l'Europe de réduire plus rapidement sa dépendance à l'égard des combustibles fossiles.
 

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Photo du Premier ministre Alexander De Croo et de la ministre de l'Énergie Tine Van der Straeten

Le Premier ministre De Croo et le ministre de l'Énergie Van der Straeten ont accueilli le sommet de la mer du Nord. Les ministres de l'énergie des pays participants ont également signé une déclaration d'intention à Ostende (© SPF Affaires étrangères).

Ambitieux

Les pays participants sont bien conscients que les objectifs sont ambitieux. Plus de 120 entreprises européennes ont également pris part au sommet. Leur présence a mis en évidence l'importance de la collaboration avec l'industrie. La Déclaration d'Ostende vise également à diversifier autant que possible les importations de matières premières critiques qui sont nécessaires à la fabrication de batteries, d'éoliennes, etc. En outre, les infrastructures d'énergie renouvelable offshore et les réseaux à haute tension doivent être aussi circulaires que possible. En d'autres termes, tous les composants doivent être facilement réutilisables et recyclables. De plus, les procédures d'autorisation pour les parcs éoliens doivent pouvoir être traitées beaucoup plus rapidement.

La sécurité est également une préoccupation absolue, ce qui explique la présence de l'OTAN autour de la table. En effet, les liaisons câblées et les infrastructures sont potentiellement vulnérables à l’espionnage et au sabotage. Il sera nécessaire de surveiller régulièrement les câbles électriques, éventuellement à l'aide de drones sous-marins, et d'installer des caméras dans les parcs éoliens.

Les pays participants veulent également miser sur le captage, l'utilisation et le stockage de CO2. Dans ce dernier cas, certaines formations géologiques de la mer du Nord offrent des possibilités uniques. Les pays souhaitent une meilleure coopération dans ce domaine également.

Tout cela ne doit pas faire perdre de vue la nécessité de protéger l'environnement marin et sa biodiversité et de contribuer dans la mesure du possible à la santé et à la robustesse des écosystèmes.
 

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Photo d'éoliennes en mer du Nord

Éoliennes belges en mer du Nord. Notre pays est à la pointe de l'énergie éolienne offshore depuis 30 ans (© SPF Affaires étrangères).

La Belgique a un rôle de pionnier

En organisant le sommet de la mer du Nord, la Belgique a pu mieux faire connaître son industrie de l'énergie offshore. Notre pays est à l'avant-garde de l'énergie éolienne offshore depuis 30 ans et il souhaite continuer à jouer un rôle central, en particulier aujourd'hui, dans un contexte où le monde a un besoin urgent d'énergie renouvelable et neutre en carbone. Nous disposons d'une technologie éolienne innovante, d'une flotte de dragage de grande qualité et d'une expertise en matière de protection de l'environnement marin.

L'île énergétique belge Princesse Elisabeth qui sera bientôt construite - la toute première île énergétique artificielle au monde - sera le modèle à suivre grâce à son interconnectivité. Elle fera office de plaque tournante où sera concentrée l'électricité produite dans différents parcs éoliens de la mer du Nord pour être acheminée vers le continent européen. Pour l'instant, des connexions sont prévues avec le Danemark et le Royaume-Uni, mais elles pourraient être étendues à la Norvège, à l'Allemagne et aux Pays-Bas.
 

Une tâche importante pour notre diplomatie

Nos diplomates travaillent également depuis des années à la diffusion de l'expertise belge en matière d'énergies renouvelables. Ils aident les entreprises belges à établir les contacts nécessaires, comme récemment encore au Canada. Aujourd'hui, les visites d'État (Afrique du Sud...) et les missions économiques princières (USA, Japon et récemment au Sénégal) mettent aussi invariablement en avant notre expertise en matière d'énergie verte. De nombreux pays, entre autres en Asie du Sud-Est, manifestent un grand intérêt pour notre expertise en matière de technologies offshore et cleantech (technologies propres), et nos missions diplomatiques entendent bien en tirer parti.

Le Sommet de la mer du Nord organisé à Ostende est un atout supplémentaire pour capitaliser sur notre rôle de pionnier dans le domaine de l'énergie éolienne offshore à l'échelle mondiale. Nos diplomates suivront également de près les évolutions pertinentes dans le secteur de l'énergie.