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Mr. Soil: « Il faut quand même de la patience et de la persévérance pour continuer mais j’ai conscience que je sers une cause plus importante. » (© VVOB)
Mbaziira Hadadi, professeur en agriculture ougandais, a suivi une formation auprès de l’ONG belge VVOB. Désormais, « Mr Soil » donne des cours davantage axés sur la pratique, de quoi captiver encore plus ses étudiants. De bons enseignants jouent un rôle essentiel, en particulier dans un pays où nombre de jeunes n’ont pas d’emploi et tentent leur chance dans l’agriculture.

À 35 ans, Mbaziira Hadadi est un professeur passionné qui exerce au sein de la communauté rurale de Mubende, au cœur de l’Ouganda. Malgré sa motivation, il a progressivement pris conscience des limites de son approche. En effet, les autorités veulent mettre en œuvre un nouveau programme d’étude qui s’éloigne d’une conception purement compétitive pour se concentrer sur le développement d’aptitudes pratiques. « Il me manquait les connaissances nécessaires pour dispenser avec succès ce programme axé sur la pratique », confie-t-il.
C’est alors qu’il a entendu parler de Learning Entrepreneurship and Agriculture Practically (LEAP) – un projet financé par la Coopération belge au Développement, gérée par notre SPF – à travers lequel la VVOB contribue à un enseignement de qualité dans les domaines de l’agriculture et de l’entrepreneuriat, afin d’aider à concrétiser la mise en œuvre du nouveau programme d’étude. Les groupes cibles sont les professeurs de l’enseignement secondaire inférieur et de l’enseignement secondaire professionnel. La VVOB, dont le siège est situé en Belgique, est une organisation internationale qui se consacre à l’enseignement.
Des connaissances issues du « monde réel »
« Lorsque j’ai appris l’existence de cette formation, j’ai directement demandé à y participer. J’étais très enthousiaste à cette idée », explique Mbaziira. La formation lui a fourni toute une panoplie de méthodes d’enseignement pratique pertinentes auxquelles il n’avait pas pensé. « Auparavant, je croyais que mes connaissances étaient suffisantes pour donner cours à mes étudiants, je n’ai jamais envisagé de collaborer avec d’autres personnes. »
Aujourd’hui, il sait qu’il est très utile d’intégrer à son enseignement les connaissances et expériences d’autrui, issues du « monde réel ». « J’ai appris que l’infirmière de notre école était extrêmement douée pour la culture des légumes. Elle fait désormais partie de mes mentors du “monde du travail”. »
Mbaziira a également demandé à d’autres enseignants de partager leurs connaissances pratiques et a même réussi à enrôler le professeur de physique. « J’avais installé un jardin vertical, mais je ne m’en sortais pas avec l’irrigation. Le professeur de physique m’a proposé une solution consistant à utiliser des matériaux disponibles sur place. »
Une chaîne YouTube
« Mes étudiants m’ont donné le surnom amusant, certes, mais pas très cool, de “Mr Soil” », se rappelle-t-il. Aujourd’hui, ce « soil » (le sol, la terre) est plus important que jamais. En raison de pratiques non durables, la fertilité des sols en Ouganda se détériore rapidement. Or, il se trouve que ce sol sert de base pour une agriculture en plein essor.
« Mr Soil » s’efforce dès lors de sensibiliser ses étudiants, une tâche pour laquelle les nouvelles technologies s’avèrent bien pratiques. « J’ai commencé à créer de petites vidéos ludiques et à les publier sur ma chaîne YouTube. Cette démarche m’a apporté une belle complicité avec mes étudiants ainsi qu’avec les enseignants. »
L’effet de ces vidéos est indéniable. Le nombre d’étudiants qui décident de poursuivre leurs études en agriculture a significativement augmenté. « Avant que je ne mette en pratique les nouvelles méthodes, pas mal d’étudiants laissaient tomber après un certain temps. Aujourd’hui, ils sont plus nombreux à continuer de suivre mes cours. »
44 millions d’enseignants supplémentaires nécessaires
Malgré les succès rencontrés, les défis ne manquent pas. En effet, le métier d’enseignant est généralement insuffisamment valorisé. Les professeurs supportent une lourde charge de travail, sont souvent sous-payés et reçoivent trop peu d’opportunités de se former pour évoluer sur le plan professionnel.
Face à ce constat, les personnes qui choisissent la voie de l’enseignement sont trop rares. Un problème urgent que la Belgique ne connaît que trop bien elle aussi. D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), il faudrait pas moins de 44 millions d’enseignants supplémentaires dans le monde pour assurer l’enseignement primaire et secondaire à l’horizon 2030 ! D’ici là, seulement quatre pays sur dix devraient disposer d’un nombre suffisant d’enseignants pour assurer l’enseignement primaire universel. Pour l’enseignement secondaire, ce chiffre descend à un pays sur cinq.
Un levier pour les jeunes
Pourtant, les enseignants sont indispensables à un enseignement de qualité et jouent un rôle crucial dans cet avenir placé sous le signe de la durabilité, de la résilience et de la prospérité que nous espérons tous. Prenons l’exemple du cours d’agriculture dispensé par Mr Soil dans l’enseignement secondaire inférieur. Encore aujourd’hui, environ 80 % de la population ougandaise dépend de l’agriculture pour subvenir à ses besoins. Deux tiers des jeunes – et ils sont nombreux ! – s’efforcent de gagner leur croûte au moyen d’activités agricoles, beaucoup étant sans emploi. Un cours d’agriculture donné dans les règles de l’art, qui se concentre sur les pratiques climato-intelligentes et l’entrepreneuriat, peut donc s’avérer un levier de taille pour améliorer les conditions de vie des jeunes en Ouganda.
De la patience et de la persévérance
En tout cas, ce n’est pas Mbaziira qu’il faut convaincre. Ses moteurs sont sa passion pour l’enseignement et son dévouement envers ses élèves. « Il faut quand même de la patience et de la persévérance pour continuer », poursuit-il. « Mais j’ai conscience que je sers une cause plus importante et que, si je persévère, je réussirai. De cette façon, j’espère inspirer mes étudiants afin qu’ils deviennent des citoyens engagés et des professionnels qui brillent dans leur domaine de spécialité. »
Un développement professionnel tout au long de la vie et une meilleure reconnaissance des enseignants constituent des étapes essentielles vers un enseignement de qualité pour tous les étudiants. Il est impératif de remédier à la pénurie d’enseignants, tâche à laquelle la VVOB se dévoue corps et âme. En effet, investir dans l’enseignement n’est pas juste une priorité, c’est une nécessité. Et c’est urgent !
Texte basé sur l’article ‘Cultivating Knowledge through Innovative Teaching in Uganda’, publié par VVOB – education for development.
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