Les raisons pour lesquelles nous avons besoin du Benelux

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Le roi Willem-Alexander, le roi Filip et le grand-duc Jan

Les 3 chefs d'État du Benelux au Mont des Arts à Bruxelles à l'occasion des 60 ans du Benelux en 2018. © Secretariaat-Generaal Benelux Unie

Au sein de l’Union Benelux, les gouvernements belge, néerlandais et luxembourgeois travaillent ensemble pour effacer les frontières dans la mesure du possible. Pourquoi ? Parce que cela assure à chacun davantage de prospérité, de mobilité, de sécurité et de durabilité.

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Présidence belge du Benelux 2021

Origines

Les fondations du Benelux ont été posées pendant la Seconde Guerre mondiale. Le 5 septembre 1944, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg ont signé un accord d’union douanière, jetant ainsi les bases d’un marché intérieur ouvert où les personnes, les biens et les services pouvaient circuler librement dans les trois pays.

L’accord n’a pas vu le jour sans heurts. Par exemple, les experts agricoles belges craignaient que notre pays ne soit inondé par les produits agricoles néerlandais. Mais la situation après la guerre était si dramatique que les gouvernements devaient donner à leurs citoyens une étincelle d’espoir. Ils ont donc créé un marché intérieur intégré, à même de créer à nouveau de la prospérité.

Les pères fondateurs souhaitaient également assurer la paix et la sécurité de la région. Après tout, le commerce est un instrument par excellence pour la paix. En effet, en commerçant ensemble, on devient interdépendant. Entrer en guerre avec ses partenaires commerciaux équivaut à se nuire à soi-même.

L’intention n’a jamais été d’« assimiler » complètement les trois pays ni de les rendre uniformes. Les pères fondateurs voulaient seulement « intégrer » : réunir au sein d’un nouvel ensemble en offrant la possibilité d’échanges fructueux. La complémentarité et la solidarité constituaient les pierres angulaires.

Laboratoire pour l’UE

Les pionniers de l’intégration européenne – Robert Schuman, Konrad Adenauer et Paul-Henri Spaak – ont été inspirés par le Benelux. Eux aussi ont essayé d’établir la paix par le biais du commerce, eux aussi recherchaient l’unité dans la diversité.

La création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951 et de la Communauté économique européenne (CEE) en 1957 n’a pas signifié la fin du Benelux, bien au contraire. Le traité instituant l’Union économique Benelux a vu le jour en 1958. Son objectif : poursuivre l’intégration du marché intérieur en harmonisant la législation.

Le Benelux joue un rôle de laboratoire au sein de l’Union européenne (UE). Le traité de l’UE stipule même explicitement que la région du Benelux a le droit de mettre en place des collaborations qui vont au-delà de ce que fait l’UE (art. 350 TFUE).

Un bel exemple est la libre circulation des personnes qui a été instaurée très tôt entre les trois pays. Avec la France et l’Allemagne, le Benelux a été à la base de l’accord de Schengen en 1985. Si un projet fonctionne pour le Benelux, il peut ensuite également être mis en œuvre à l’échelle européenne.

Exemples de réussites

Après 50 ans, il était nécessaire de renouveler le traité en 2008. L’« Union économique Benelux » est devenue l’« Union Benelux ». Outre le marché intérieur, il est désormais aussi question de sécurité par le biais de la coopération judiciaire et policière. La question du climat étant particulièrement urgente, la durabilité est un point d’attention dans tous les projets. La numérisation est également un domaine de travail.

Nous vous présentons ci-dessous quelques exemples de réussites qui montrent que le Benelux s’efforce toujours de réaliser des projets ayant un impact positif pour les citoyens et les entrepreneurs et basés sur la confiance envers les institutions de part et d’autre.

Reconnaissance automatique des diplômes

Les diplômes de l’enseignement supérieur (graduat, bachelier, master, doctorat) d’un pays du Benelux sont automatiquement reconnus dans les deux autres pays. Cela permet à un économiste belge, par exemple, de travailler beaucoup plus facilement aux Pays-Bas ou au Luxembourg. Auparavant, la reconnaissance d’un diplôme prenait des mois et coûtait des centaines d’euros. Le projet repose sur la confiance dans la qualité des systèmes d’enseignement mutuels.

Au sein de l’UE, une telle reconnaissance n’est pas réalisable pour le moment, bien qu’elle reste un objectif. Néanmoins, cet exemple fait déjà tache d’huile. Par exemple, un traité est en préparation avec les États baltes pour la reconnaissance automatique des diplômes.

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Police à cheval

Coopération entre les polices belge et néerlandaise à Knokke. © Secretariaat-Generaal Benelux Unie

Coopération policière transfrontalière

Pour rendre la vie des citoyens plus sûre, les polices des trois pays travaillent en étroite coopération. Par exemple, la police belge est autorisée à poursuivre un criminel jusqu’aux Pays-Bas et au Luxembourg et à y effectuer des contrôles. Des actions policières conjointes sont régulièrement organisées, par exemple contre les cambriolages de maisons dans la région frontalière.

Un nouveau traité de police, prévoyant une coopération encore plus étroite, entrera peut-être en vigueur en 2021. Des interventions communes à bord de trains internationaux par exemple deviendront alors possibles. La police pourra également échanger les données provenant des caméras de surveillance de la circulation.

Le Benelux, foyer de la « coopération régionale en matière d’énergie » en Europe

La transition vers les énergies renouvelables représente un défi gigantesque pour les pays du Benelux, dont les réseaux énergétiques sont étroitement interconnectés. L’Union Benelux joue un rôle clé pour relever ce défi. Des concertations ont ainsi régulièrement lieu au niveau du Benelux et du « Réseau d’expertise énergétique du Benelux ». Le Secrétariat général Benelux assure également le secrétariat du « Forum pentalatéral de l’énergie » depuis plus de dix ans. Outre le Benelux, l’Allemagne, la France, la Suisse et l’Autriche y participent également.

Cette concertation régionale joue véritablement un rôle de précurseur en Europe dans le domaine de l’interconnexion et de l’intégration du marché de l’électricité. Elle s’est également récemment exprimée en faveur de l’hydrogène vert comme élément de base d’une UE climatiquement neutre. La coopération « Penta » réunit également les dix États côtiers de la mer du Nord pour discuter de l’énergie éolienne offshore. Objectif : utiliser au mieux la région de la mer du Nord pour produire de l’énergie renouvelable.

Contrôles routiers conjoints des marchandises et des personnes

Des contrôles routiers approfondis ont lieu trois fois par an. Les inspecteurs néerlandais, belges et luxembourgeois inspectent ensemble des camions et des bus sur les autoroutes et les parkings. Ils vérifient que les temps de conduite et de repos sont respectés, que tout est techniquement en ordre, qu’aucune marchandise dangereuse n’est transportée, que le camion n’est pas surchargé, etc.

Effectuer ces inspections ensemble permet de réaliser des économies, mais aussi de rendre les routes plus sûres. Il s’agit d’une réglementation européenne, mais seul le Benelux effectue ces contrôles conjointement (traité de Liège).

Projet pilote avec la lettre de voiture numérique

Il s’agit de savoir si les autorités des trois pays peuvent contrôler une lettre de voiture numérique de manière aussi simple et fiable qu’une lettre de voiture papier. Cette lettre de voiture contient toutes les informations concernant, par exemple, le chargement d’un camion. Cette méthode de travail numérique est plus durable et représente une économie pour les entreprises de transport.

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Ligne frontalière avec croix entre les Pays-Bas et la Belgique

La frontière irrégulière entre Baarle-Hertog et Baarle-Nassau. © Secretariaat-Generaal Benelux Unie

Coopération entre les communes

La « Convention Benelux de coopération transfrontalière et interterritoriale » vise à stimuler la coopération transfrontalière entre les communes en lui donnant une base juridique solide, générant ainsi de beaux résultats, visibles pour le citoyen.

Baerle-Duc (Belgique) et Baarle-Nassau (Pays-Bas) – où la frontière serpente – ont ainsi pu organiser une collecte commune des déchets. La coopération entre les pompiers des ports d’Anvers et de Rotterdam a également pu être facilement établie grâce à cette convention.

Une triple valeur ajoutée

En résumé, la valeur ajoutée du Benelux se manifeste principalement dans trois domaines :

  • Financier : En unissant leurs forces, les trois pays peuvent travailler à plus grande échelle et réaliser ainsi des économies. Pensez par exemple à l’utilisation commune de matériel par la police et à la lutte conjointe contre la fraude.

  • Humain : Les gens y gagnent. Par exemple, des vies peuvent être sauvées en déployant des ambulances et des pompiers au-delà des frontières, grâce aux accords Benelux.
  • Politique : Au sein de l’UE, le Benelux a plus de poids dans la balance que les trois pays individuels. Une déclaration commune du Benelux est toujours écoutée avec intérêt.

Après toutes ces années, le Benelux n’a rien perdu de son importance, bien au contraire. Au cours de sa présidence, la Belgique entend donc poursuivre avec énergie dans cette voie.

Le Benelux en chiffres

Superficie 74 657 km².

(environ 2,5 fois la superficie de la Belgique)

Nombre d’habitants : environ 29,5 millions

(environ 2,5 fois la population de la Belgique)

Produit intérieur brut : environ 1350 milliards (ou 1,35 billion) d’euros (2019)

(8,2% du PIB de l’UE)

Dans le top 10 du classement mondial des plaques tournantes logistiques

37 % du nombre total de travailleurs transfrontaliers de l’UE se trouvent dans la région du Benelux.

Le Benelux ne couvre que 2 % de la surface de l’UE, mais représente 78 % du transport fluvial24 % du transport aérien et 21 % du transport maritime.

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La Belgique et les Pays-Bas indiqués sur une carte du monde

© Shutterstock

Merci à Thomas Antoine (ancien secrétaire général de l’Union Benelux 2017-2019), Nick Van Haver (conseiller en communication au sein de l’Union Benelux), Rudy Huygelen (actuel secrétaire général adjoint belge de l’Union Benelux), Michel-Etienne Tilemans et Paul Ghysbrecht (SPF Affaires étrangères) pour leurs contributions.