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Nos collègues lors de la rencontre à la Cancillería colombienne. De droite à gauche : l’officier de liaison de l’Office des étrangers, l’ambassadeur Koenraad Lenaerts et la collaboratrice Sien Van den Hoof. © Cancillería
Notre ambassade à Bogotá (Colombie) a concocté un programme bien rempli pour un officier de liaison migration de l'Office des étrangers : il a ainsi rencontré les autorités colombiennes ainsi que diverses ambassades européennes et organisations internationales. Un franc succès ! Le gouvernement colombien a en effet lancé une campagne d'information afin d’expliquer à la population locale comment voyager de manière régulière vers l'Europe.
En Belgique, l'Office des étrangers (OE – SPF Intérieur) surveille entre autres l’arrivée des personnes d’origine étrangère sur notre territoire. Il suit ainsi de près les chiffres liés à la migration, afin de pouvoir intervenir rapidement en cas d'irrégularités.
547 demandes d'asile en 2024
En effet, l’OE a constaté des irrégularités au sein du flux migratoire en provenance de Colombie. Le nombre de (premières) demandes est passé de 19 en 2016 à 547 en 2024. Cette hausse est probablement en corrélation avec la mesure prise en 2016 afin de supprimer l’obligation pour les Colombiens de disposer d’un visa pour entrer dans un pays de l'espace Schengen. Les 29 pays Schengen – principalement des États membres de l'UE, mais aussi des pays hors UE comme la Suisse – forment un vaste territoire dépourvu de contrôles aux frontières intérieures, permettant ainsi la libre circulation des personnes.
Dès lors, les Colombiens peuvent également entrer librement en Belgique et y séjourner pendant trois mois en tant que touristes, pour raisons professionnelles ou pour rendre visite à de la famille par exemple. Probablement, certaines personnes tentent, à l'issue de cette période, de prolonger leur séjour en introduisant une demande d’asile, parfois pour des raisons purement économiques. D’autres travaillent au noir ou sont victimes de la traite des êtres humains. Toutefois, il y a aussi beaucoup d’overstayers : des Colombiens qui restent encore en Belgique après ces trois mois.
Autant de raisons pour l'OE d’examiner la situation de plus près et de se renseigner directement en Colombie, afin de déterminer ce qui attire sa population dans notre pays. Pour ce faire, un officier de liaison migration belge s’est rendu à Bogotá, la capitale.
Cancillería
C'est ici que notre ambassade en Colombie est entrée en scène. L'OE a contacté nos collègues sur place et leur a fait part de ce qu'ils souhaitaient savoir. Le personnel de notre ambassade a fourni davantage de contexte à l'OE, puis a mis sur pied un programme et organisé les rendez-vous et les visites. À cette fin, nos collègues ont notamment convoqué une réunion préparatoire avec le ministère colombien des Affaires étrangères, la Cancillería.
La mission s'est finalement déroulée du 31 mars au 4 avril 2025, au rythme d’un programme riche et instructif. Notre collaboratrice de l'ambassade a accompagné l'officier de liaison lors de toutes ses rencontres. L'ambassadeur de Belgique a également participé aux réunions à la Cancillería.
À la Cancillería, où les Belges ont discuté avec les directions générales des affaires bilatérales et consulaires, d'autres services colombiens étaient également représentés : Migración Colombia (l'équivalent de l'OE), la police, le parquet et le programme pour la diaspora Colombia Nos Une.

Sur le Cancillería, les Belges se sont concertés avec les directions générales colombiennes pour les affaires bilatérales et consulaires, mais aussi avec, entre autres, Migración Colombia, plus ou moins l’homologue de l’Office de l’immigration © Cancillería
Campagne d'information
La délégation colombienne s’est montrée très ouverte à cette visite et aux préoccupations exprimées par la Belgique. Les autorités ont souligné l’importance majeure qu’elles attachent à une migration sûre, ordonnée et régulière, respectueuse des droits humains. Il est évident qu’elles voulaient également éviter une réintroduction de l'obligation de visa.
Les Colombiens ont proposé une campagne d'information qui serait diffusée sur les réseaux sociaux d'ici fin avril. Cette proposition s'inscrivait dans l'objectif de l’OE, à savoir expliquer clairement à la population comment se rendre en toute légalité dans les pays de l’espace Schengen. La communication insiste entre autres sur la durée de séjour maximale de 90 jours et sur les graves problèmes que peut entraîner l'introduction d'une demande d'asile illégale.
Ni tout noir ni tout blanc
L'officier de liaison belge a également visité plusieurs ambassades européennes à Bogotá qui rencontrent des problèmes similaires, notamment celles des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de l'Allemagne, ainsi que la délégation de l'UE. Ces échanges d’expérience se sont avérés très intéressants.
Les organisations internationales qui traitent des questions relatives à la migration figuraient également au programme. La délégation belge s'est ainsi entretenue avec l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). L'OIM a proposé comme solution alternative une migration de main-d'œuvre. Les Colombiens pourraient par exemple travailler dans le secteur des soins aux personnes âgées, à condition que cela ne porte pas préjudice au secteur de la santé en Colombie.
La délégation belge s'est par ailleurs rendue au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) et au Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Tous deux ont attiré l’attention sur l’existence bien réelle en Colombie de régions dangereuses, où la violence s'intensifie depuis quelques années.
Selon le CICR, huit conflits mobilisant différents groupes armés font actuellement rage en Colombie. Selon les statistiques des Nations Unies, la Colombie reste le pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs des droits humains. Le contexte n'est donc ni tout noir ni tout blanc. Certaines personnes originaires de Colombie peuvent sans conteste faire valoir ce droit d'asile.
Pour terminer, notre ambassade a organisé une visite à l'aéroport international El Dorado, où les participants ont pu découvrir le fonctionnement des services de migration colombiens. Ceux-ci désignent aléatoirement des personnes en partance afin de les interroger sur le but de leur voyage vers l'Union européenne ou les États-Unis. Les passagers qui arrivent font également l’objet de ce contrôle, en particulier si des irrégularités sont constatées, par exemple un faux passeport. L'objectif est clairement de limiter autant que possible la migration irrégulière.
Memorandum of Understanding
L'officier de liaison de l'OE s'est montré très satisfait du programme proposé par notre ambassade. Elle a pu nouer des contacts utiles et dispose désormais d’une bien meilleure compréhension de la situation. Le lancement extrêmement rapide d'une campagne d'information par le gouvernement colombien a également fait mouche. Actuellement, l'OE travaille à l'élaboration d'un protocole d'accord (Memorandum of Understanding) qui, entre autres, consigne noir sur blanc cette coopération harmonieuse en matière de retour des personnes qui ne disposent pas du droit de séjour en Belgique.
Maintenant que les contacts ont été établis, l'OE entretient des relations directes avec les autorités colombiennes. C’est une mission rondement menée par notre ambassade ! Toutefois, nos collègues attendent tout de même avec impatience de découvrir si cette visite aura l’effet escompté, à savoir une diminution du nombre de demandes d’asile.
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