Mette Laursen : « L'ambassade de Belgique est devenue ma deuxième maison »

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European Business Summit

Mette Laursen anime un débat lors d'un European Business Summit. © Mette Laursen

Saviez-vous que le SPF Affaires étrangères dispose d'un réseau de « conseillers en diplomatie économique » ? Il y en a actuellement 114, répartis dans 53 postes diplomatiques et consulaires, dans le monde entier. Grâce à ces conseillers, nous avons plus facilement accès aux milieux économiques, mais aussi politiques et culturels d'un pays (voir l'encadré « conseillers en diplomatie économique »).

Mais qu'est-ce que cela signifie concrètement ? Nous avons pu en parler avec Mette Laursen, conseillère en diplomatie économique pour la Belgique depuis 2018, basée au Danemark.

Margrethe Vestager

« En tant que conseiller, vous devez être capable d'entrer en contact avec des personnalités respectables et bien informées de tous horizons », commence Mme Laursen. « Pour cela, vous avez besoin d'un réseau, ce qui fonctionne bien dans mon cas. En effet, j'ai formé à peu près tous les décideurs politiques du Danemark (voir l'encadré sur Mette Laursen). En outre, j'ai travaillé pour Ernst & Young. Et au ministère danois des Finances, j'ai travaillé avec Margrethe Vestager, avec qui j'ai également étudié l'économie à l'université. Le fait que la Belgique m'ait invitée à devenir conseillère est certainement lié à mon vaste réseau. »

Précisons que Margrethe Vestager n'est autre que la Commissaire européenne danoise chargée de la Politique de concurrence et de l'Agenda numérique, qui a par le passé mis sur le gril des géants de la technologie comme Facebook et Amazon. Elle est également vice-présidente de la Commission européenne.

En outre, Mme Laursen estime qu'elle bénéficied’une crédibilité avérée. « L'ambassade de Belgique a confiance en ce que je fournis. » Elle entretient également de bonnes relations avec la Belgique. « Nombre de mes amis les plus proches, y compris Mme Vestager, ont déménagé à Bruxelles. Je m'y rends aussi souvent. Non seulement la Belgique, mais aussi Bruxelles sont importantes pour comprendre comment être européen aujourd'hui. Je m'y rends régulièrement pour discuter de l'avenir de l'Europe avec des PDG européens. »

Qui est Mette Laursen ?

Mette Laursen est fondatrice et PDG de LinKS, une entreprise unique en son genre, spécialisée dans « l'Executive Education », c'est-à-dire la formation des dirigeants et des cadres. À cet effet, LinKS a engagé un partenariat avec la Wharton School de Philadelphie (États-Unis), avec laquelle elle a conclu un contrat d'exclusivité pour la Scandinavie. La crème des PDG et acteurs politiques danois et scandinaves y ont suivi une formation en gouvernance (administration). Avec son réseau, elle organise également des séances de conseil sur des sujets pertinents tels que la cybersécurité.

Laursen est aussi une « guerrière viking » – comme elle le dit elle-même – l'autonomisation des femmes étant une de ses priorités. Ainsi, elle anime chaque année un impressionnant panel de femmes leaders à l'occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars. LinKS dirige également un groupe de femmes d'affaires influentes, dont un grand nombre ont été formées par l'entreprise elle-même.

Mette Laursen est depuis 5 ans en outre Global Ambassador de BLOX, un lieu de rencontre national et international à Copenhague consacré au développement urbain durable. « La façon dont nous organisons nos villes sera l'un des plus grands défis à relever », affirme-t-elle. « J'en discute avec toutes les ambassades, mais l'ambassade de Belgique est toujours en tête de liste. » BLOX est financé par Realdania, la plus grande fondation du monde dans le domaine de l'environnement bâti (villes, villages, parcs...). Objectif : améliorer la qualité de vie de tous grâce à l'environnement bâti.

Mme Laursen est par ailleurs une invitée de marque lors d'événements tels que le European Business Summit (EBS) à Bruxelles. Cette organisation réunit des hommes d'affaires et des hommes politiques pour réfléchir à des questions urgentes. L'EBS est placé sous l'égide de S.M. le Roi et de la ministre des Affaires étrangères Lahbib, entre autres.

La princesse Esmeralda au musée Karen Blixen

Mme Laursen a cependant une remarque concernant son titre : conseillère en diplomatie économique. « Le rôle est qualifié « d'économique », mais en réalité, c'est bien plus que cela », précise-t-elle. « Bien sûr, il y a des thèmes purement économiques. Par exemple, la politique énergétique fait l'objet d'une grande attention, ce qui intéresse fortement les entreprises belges. Le Danemark dispose du plus grand fonds pour les énergies renouvelables ! Mais mon rôle peut aussi être purement culturel, comme contribuer à un beau concert. »

Elle-même se souvient avec grand plaisir d'un événement à l'occasion de la Journée des femmes qu'elle a organisé au magnifique musée Karen Blixen. Karen Blixen était un auteur danois populaire qui a entre autres écrit le célèbre Out of Africa. Elle a également été un précurseur en matière de droits des femmes, de sensibilisation à l'environnement et de droits des peuples autochtones.

« Je suis très engagée dans les questions relatives aux femmes et l'ambassade de Belgique a également manifesté beaucoup d'intérêt », explique Mme Laursen. « C'est pourquoi j'ai proposé de réunir au musée Karen Blixen, lors de la Journée internationale des femmes en 2020, 75 femmes occupant des postes de direction. L'ambassade a alors suggéré d'inviter également la princesse Esmeralda de Belgique. Je l'ai interviewée pendant l'événement. Elle s'est révélée être une véritable guerrière qui défend non seulement les droits des femmes, mais aussi ceux des minorités. Les femmes de pouvoir danoises présentes ont vraiment apprécié. De cette façon, nous avons pu présenter la monarchie belge comme étant extrêmement pertinente. »

L'initiative a en effet connu un grand succès. Les 75 dirigeantes ont passé toute une journée à réfléchir – ensemble ou en groupes – à la manière dont les devises de Karen Blixen sont toujours pertinentes pour chacune d'entre elles dans leur parcours de vie et leur carrière. Parmi elles, les dirigeantes de Google Nordics, Microsoft Danemark, IBM Global Business, et de nombreuses entreprises et institutions danoises. Margrethe Vestager y a également prononcé un discours convaincant.

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Impressions de l'événement organisé à l'occasion de la Journée internationale des femmes 2020 au musée Karen Blixen. Voix : Mette Laursen.

Matière grise

Mme Laursen mentionne également la visite de travail que S.M. le Roi Philippe a effectuée au Danemark en 2021 de sa propre initiative. « Le roi de Belgique nous avait rendu une visite d'État en 2017, mais il a ensuite voulu revenir ! Il voulait étudier le fonctionnement exact du marché du travail danois. J'ai apporté ma contribution pour que ce programme soit attrayant et, bien sûr, j'y ai inclus des femmes. Mais j'ai aussi beaucoup appris moi-même ! »

Il est difficile de dire combien de temps elle consacre à son rôle consultatif non rémunéré. « Pendant la période du coronavirus, la tâche était moindre bien sûr, mais parfois il s'agit d'un job assez conséquent. En effet, en tant que conseiller, vous devez toujours être disponible pour les questions qui comptent pour la Belgique. Mais je ne peux pas l'exprimer en heures. Le fait est que j'y consacre pas mal de matière grise parce que je ne veux pas commettre d'erreurs. Lorsque des Belges viennent au Danemark, je veux m'assurer qu'il y a une bonne adéquation. Mais ce n'est absolument pas un fardeau, cela me fait plaisir. Je trouve extrêmement stimulant d'apprendre d'autres cultures et d'interagir étroitement avec des décideurs politiques. »

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European Business Summit

L'ambassadeur de Belgique à Copenhague remet la médaille à Mette Laursen. © Mette Laursen

Chevalier de l’Ordre de la Couronne

Sa contribution lui a même valu une distinction. Elle a notamment été nommée Chevalier de l'Ordre de la Couronne du Royaume de Belgique. « Et j'en suis fière. Peu de femmes dans le monde ont eu cet honneur. Ainsi, je siège dans l'un des conseils d'administration de la famille royale danoise, mais je n'ai encore rien obtenu pour cela », dit-elle en riant.

« L'ambassade de Belgique est en quelque sorte devenue ma deuxième maison », conclut-elle. « Parfois, c'est moi qui propose une idée, parfois c'est l'ambassade. Nous travaillons très bien ensemble. Quoi qu'il en soit, avec notre perception « monoculturelle » danoise, je trouve fascinant de voir comment la Belgique fonctionne avec ses différentes communautés et comment les diplomates belges gèrent cette complexité. En fin de compte, ils parviennent toujours à se présenter comme une seule entité. D'ailleurs, je pense que je suis parfois plus belge qu'un Belge lui-même. »

Bientôt, le 16 novembre – l'interview a été réalisée le 4 novembre – elle se rendra à nouveau dans notre pays. Elle y participera à une table ronde avec Margrethe Vestager lors de l'European Business Summit. Objectif : réfléchir à la meilleure façon pour l'UE de mettre en œuvre son autonomie stratégique – en matière de santé, de défense, d'énergie... – dans la pratique.

Conseillers en diplomatie économique

Les conseillers en diplomatie économique sont chargés de « fournir des renseignements au ministre des Affaires étrangères par le biais de nos postes et de le conseiller sur toutes les questions de nature économique et financière ou sur les opportunités pour notre pays ».

On ne devient pas conseiller en diplomatie économique du jour au lendemain. Notre SPF attend d'eux qu'ils aient une connaissance suffisante de l'environnement social et économique de la Belgique et qu'ils aient également une certaine connaissance du fonctionnement de notre pays. Et bien sûr, ils doivent aussi avoir une bonne connaissance des affaires sociales, économiques et financières du pays où ils travaillent.

Pour en savoir plus, consultez notre site web : Conseillers en diplomatie économique