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Les enfants accueillent le couple royal belge. Sur la photo de droite : le président fédéral allemand Frank-Walter Steinmeier et le roi Philippe (© SPF Affaires étrangères).
Notre voisin le plus peuplé est un partenaire politique, culturel et économique essentiel pour la Belgique. Mais nous avons aussi beaucoup à offrir à l'Allemagne. Il suffit de penser à la transition verte et numérique. Une visite d'État (du 5 au 7 décembre 2023) a mis en lumière des relations historiques et commerciales profondément enracinées.
La Belgique et l'Allemagne ont des liens historiques très anciens. En effet, en tant que zone de transition entre les cultures germaniques et romanes, la région belge a toujours été étroitement associée à son voisin de l'Est. Au XIXe siècle aussi, des échanges intenses ont eu lieu entre ces deux pays fortement industrialisés.
De Saxe-Cobourg-Gotha
De plus, notre famille royale (« de Saxe-Cobourg-Gotha ») a ses racines en Allemagne. Lors du banquet offert par le président allemand Walter Steinmeier, le Roi Philippe a donc pu dire à juste titre : « Les liens entre nos pays sont inébranlables. Mes ancêtres ont étroitement participé à l’émergence de votre nation. La langue allemande et notre frontière commune unissent nos destins ».
Certes, les deux guerres mondiales ont été des pages sombres dans nos relations, mais entretemps, elles ont été tournées depuis longtemps. Lors de son discours, le Roi Philippe a déclaré qu'il « admirait les efforts déployés par l'Allemagne pour faire évoluer son passé, parfois difficile, vers un présent toujours plus fort ».
En effet, en mars 1951, la Belgique a été le premier pays, avec le Danemark, à établir des relations diplomatiques avec la jeune République fédérale d'Allemagne. Au cours de la visite d'État, le Roi a déposé une gerbe de fleurs à la Neue Wache (Berlin) en hommage à toutes les victimes de la guerre et de la tyrannie.

Le roi Philippe rend hommage à toutes les victimes de la guerre et de la tyrannie à la Neue Wache (Berlin) (© SPF Affaires étrangères).
Multilatéralisme
Aujourd'hui, la Belgique et l'Allemagne sont toutes deux de fervents défenseurs du multilatéralisme. Notre voisin oriental est un allié essentiel au sein de l'UE, des Nations Unies et de l'OTAN. Nous portons les mêmes valeurs (État de droit, démocratie, droits humains...) sur une scène mondiale en mutation rapide et, en tant que membres fondateurs, nous croyons plus que jamais en une Union européenne forte. Un sujet qui a fait l'objet d'une attention particulière à la veille de la présidence belge de l'UE.
En tant que poids lourd politique, l'Allemagne (avec la France) assure non seulement la stabilité au sein de l'UE, mais elle est également un membre clé du G7 et du G20.
Renforcer les liens culturels et politiques
Notre pays entretient ses contacts avec l'Allemagne, notamment par le biais du sommet informel annuel des chefs d'État des pays germanophones qui s'est tenu en Belgique en septembre de cette année. Néanmoins, une visite d'État était plus que bienvenue pour souligner et renforcer les liens culturels, économiques et politiques étroits entre les deux pays. Le moment était d'ailleurs particulièrement bien choisi, car nous sommes à un moment clé de la transition vers un approvisionnement énergétique sans impact sur le climat.
Au cours de la visite d'État, le couple royal a rencontré le chef d’État allemand Frank-Walter Steinmeier, président fédéral et son épouse Elke Büdenbender, ainsi que le chancelier Olaf Scholz. La ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, s'est entretenue avec ses homologues allemandes, Annalena Baerbock (Affaires étrangères) et Anna Lührmann (Affaires européennes).
Les relations entre la Belgique et l'Allemagne sont également très étroites sur le plan culturel. À Dresde, par exemple, le couple royal a visité la célèbre Gemäldegalerie Alte Meister, qui prévoit pour l'année prochaine, en collaboration avec les musées d'Anvers, un projet de recherche et de restauration de sa collection de peintures de Rubens. Un récital commun de la soprano belge Sophie Junker et du baryton allemand Samuel Hasselhorn (lauréat du concours Reine Élisabeth 2018) a offert un autre temps fort culturel à cette visite d'État.

Visite de la célèbre Gemäldegalerie Alte Meister (Dresde) avec des œuvres de Rubens. Les relations entre la Belgique et l'Allemagne sont également très étroites sur le plan culturel (© SPF Affaires étrangères).
4e économie mondiale
La visite d'État comportait également un volet économique extrêmement important. Saviez-vous que l'Allemagne est la 4e économie mondiale après les États-Unis, la Chine et le Japon ? Selon les projections du Fonds monétaire international pour 2023, elle est même en passe de devenir la 3e.
Notre voisin le plus peuplé (82 millions d'habitants, 11,7 fois la taille de la Belgique) était notre principal client (devant les Pays-Bas et la France) et notre 2e fournisseur (après les Pays-Bas) en 2022. Les touristes allemands sont également les bienvenus chez nous. Avec plus d'un million de nuitées par an, ils constituent le deuxième groupe de touristes étrangers. Il est clair que nous avons tout intérêt à ce que l'économie allemande fonctionne bien.
Mais l'Allemagne a également intérêt à établir des relations commerciales solides avec la Belgique. En 2022, la Belgique était même le 3e fournisseur de marchandises des Allemands. Si les entreprises allemandes créent 85 000 emplois chez nous, les entreprises belges ne sont pas en reste. Elles sont à l'origine de 39 000 emplois dans notre pays voisin. En participant à un High Level Economic Forum, notre couple royal a mis en évidence les relations économiques étroites entre les deux pays.

À Dresde, le couple royal a visité X-FAB, qui collabore avec l'IMEC (Louvain) pour la conception et la production des semi-conducteurs (© SPF Affaires étrangères).
Des connexions énergétiques cruciales
L'urgence d'une transition vers l'énergie verte (accentuée par la perte du gaz russe en raison de la guerre en Ukraine) signifie que les deux pays peuvent faire encore plus l'un pour l'autre et qu'ils sont remarquablement complémentaires. Ainsi, la Belgique continue d'accroître sa capacité de transport de gaz vers l'Allemagne et les deux pays jettent les bases d'une coopération plus étroite autour de l'énergie éolienne et de l'hydrogène.
Sans surprise, la transition énergétique a occupé une place importante lors de la visite d'État. Par exemple, un déjeuner de travail entre les deux chefs d'État et des PDG du secteur de l'énergie a permis d'examiner comment la Belgique et l'Allemagne peuvent mieux collaborer pour assurer la sécurité énergétique et la transition vers des approvisionnements en énergie durable. Cela s’est passé lors d’une visite du siège de l'opérateur de réseau à haute tension 50Hertz, une filiale de la société belge Elia. 50Hertz gère les lignes à haute tension dans une zone correspondant à l'ancienne Allemagne de l'Est et comptant 18 millions d'habitants.
L'entreprise investira massivement, entre autres, dans le raccordement de nouveaux parcs éoliens dans la mer Baltique à son réseau électrique à terre. Dans ce contexte, le Roi et la Reine ont visité un tout nouveau tunnel de câbles électriques qui passe en plein centre de Berlin. Elia milite également en faveur de raccordements haute tension transfrontaliers entre la Belgique et l'Allemagne. Le premier (appelé ALEGrO et situé approximativement entre Liège et Aix-la-Chapelle) est opérationnel depuis 2 ans. Un second est en préparation.
De son côté, le gestionnaire de réseau gazier belge Fluxys a profité de la visite d'État pour annoncer des accords de coopération dans le domaine du CO2 et de l'hydrogène. L'un d'eux vise à associer les réseaux d'hydrogène entre les deux pays dès 2028, ce qui est vital pour les grandes industries.
Fluxys a joué un rôle crucial dans la gestion de la pénurie de gaz naturel en Allemagne à la suite de la guerre en Ukraine. Plus de la moitié du gaz naturel liquide transbordé au terminal de Fluxys dans le port de Zeebrugge a été acheminé vers l'Allemagne. Entre-temps, Fluxys a doublé la capacité des conduites de transit du gaz entre Zeebrugge et la frontière allemande. Les pipelines conviennent aussi parfaitement au transport de l'hydrogène.
Semi-conducteurs
Les transitions verte et numérique nécessitent une microélectronique de pointe. L'Allemagne déploie donc de sérieux efforts pour attirer les entreprises spécialisées dans les micropuces. L'État fédéré de Saxe est l'un des principaux pôles de microélectronique en Europe. À Dresde, le couple royal a visité X-FAB, qui collabore avec l'IMEC (Louvain) pour la conception et la production des semi-conducteurs. Il s'agit là d'un autre domaine dans lequel les deux pays peuvent s'apporter beaucoup l'un à l'autre.

Notre couple royal a également visité le Centre aérospatial allemand où ils ont rencontré l’astronaute belge Raphaël Liégeois (© SPF Affaires étrangères).
Raphaël Liégeois
Sur le plan spatial, la Belgique et l'Allemagne sont également des alliés. Au cours des dernières décennies, notre pays s'est forgé une solide réputation académique et professionnelle dans le domaine de la recherche spatiale. Une visite du Centre aérospatial allemand était donc également au programme.
Nos monarques y ont été initiés aux avantages sociétaux que la recherche spatiale et le secteur spatial peuvent apporter : protection de notre planète et de l'environnement, amélioration des services publics quotidiens, prévisions météorologiques et communications mondiales, par exemple.
Des universitaires belges et allemands, des acteurs économiques et des étudiants se sont réunis pour partager leur expertise et donner envie aux jeunes de faire carrière dans le secteur spatial. Notre couple royal y a également rencontré des astronautes allemands en présence de Raphaël Liégeois, notre 3e astronaute belge.
Intégration dans le marché du travail
Notre Roi et notre Reine ont également visité un bel exemple d'intégration réussie dans le marché du travail. En effet, le laboratoire artistique S27 de Berlin prouve qu'un large éventail de formations artistiques et professionnelles interdisciplinaires offre aux jeunes issus de divers milieux (y compris des réfugiés) des outils pour trouver leur place dans la société.
Dans le sillage de notre couple royal, une délégation élargie de PDG belges et de recteurs d'universités belges a pu nouer tous les contacts utiles.
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