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Un agent consulaire belge s’adresse à des réfugiés qui arrivent. En arrière-plan, un stand avec du matériel de secours (© Ambabel Vienna).
Le jeudi 24 février 2022, la Russie envahit l’Ukraine. Bien que tous les indicateurs étaient au rouge, cette invasion en a tout de même surpris plus d’un.
L’Afghanistan comme référence
Toutefois, notre service de gestion de crise préparait en amont, depuis plusieurs semaines déjà, l’assistance à fournir à nos compatriotes en Ukraine en cas d’invasion russe. Pour ce faire, nos collègues se sont inspirés de l’opération d’évacuation d’Afghanistan Red Kite menée l’été dernier.
En étroite collaboration avec notre ambassade à Kiev, nous avons établi une liste détaillée des Belges présents sur place. À plusieurs reprises, nos concitoyens ont été appelés à quitter, si possible, le pays. Nombre d’entre eux ont suivi cette recommandation, tandis que d’autres ont choisi de rester. Au moment de l’invasion, quelque 250 Belges se trouvaient encore en Ukraine.
Postes consulaires avancés
Dans l’intervalle, les ambassades voisines de l’Ukraine, à savoir celles situées à Bucarest (Roumanie et Moldavie), Varsovie (Pologne et Bélarus) et Vienne (Slovaquie), se préparaient à l’évacuation et à l’accueil de réfugiés belges. Elles avaient entrepris une mission de reconnaissance le long des postes frontières, avaient établi à l’avance des contacts utiles avec les gardes-frontières et les centres de crise, et avaient examiné les options envisageables pour le transport et le logement.
Lorsque le flux de réfugiés a commencé à déferler directement après l’invasion russe, le centre de crise de Bruxelles a aussitôt été ouvert. Les ambassades belges à Bucarest, Varsovie et Vienne ont installé des postes consulaires avancés à la frontière avec l’Ukraine. Ces postes remplissaient plusieurs missions : fournir une assistance aux Belges fuyant le pays, mais également contrôler le flux de réfugiés et assurer les contacts avec les autorités frontalières.
Le 26 février, une première équipe consulaire a quitté Vienne pour rejoindre Košice. Cette deuxième plus grande ville de Slovaquie située à environ 100 km de la frontière ukrainienne a en effet été choisie comme base d’action. Ce poste devait rester actif pendant un mois. La quasi-totalité du personnel de l’ambassade a été mobilisée pour occuper le poste en alternance, à chaque fois pendant trois à quatre jours.
Des tentes montées à la hâte servent de logement temporaire (© Ambabel Vienna).
De Košice au poste frontière de Vyšné Nemecké
Le trajet entre Košice et le poste frontière slovaco-ukrainien de Vyšné Nemecké, non loin de la ville ukrainienne d’Oujhorod, marque les esprits par le vide et le silence qui y règnent. De petites villes alternent avec des villages clairsemés, disséminés sur les contreforts du massif des Carpates. Ici et là, des nuées de grues et des troupeaux de cerfs sauvages sillonnent de vastes étendues où, par endroits, la neige n’a pas encore totalement fondu. Seule la longue file de voitures munies de plaques d’immatriculation étrangères, garées le long de la route, trahit la proximité de la frontière.
Durant ces premiers jours, la majeure partie des Ukrainiens qui passaient la frontière avaient de la famille ou des amis ailleurs en Europe. Ces personnes, presque exclusivement des femmes et des enfants, quittaient le pays au compte-gouttes, la plupart à pied, n’ayant emporté que de petits sacs de voyage et souvent leur animal de compagnie. Du côté ukrainien, elles ont dû faire la queue pendant environ 12 heures pour le contrôle de leurs papiers. Ensuite, le garde-frontière slovaque procède également à un contrôle et à un enregistrement. À la vue de leurs proches, elles ne manifestent pas de grandes émotions. Le calvaire n’est pas encore terminé.
Stands et tentes
Quelques centaines de personnes sont réunies à la frontière où règne une atmosphère calme. Directement après le poste-frontière, quelques tentes d’associations d’aide locales ont été installées et les citoyens slovaques viennent en permanence y apporter des fournitures de secours.
Les autorités slovaques assurent le bon déroulement de l’organisation, fournissent des tentes d’accueil et améliorent systématiquement les infrastructures temporaires. Après quelques jours, les fournitures de secours sont transférées dans un véritable supermarché (gratuit). Une banque locale et une société de télécommunication ont elles aussi ouvert un stand. Une tente a été aménagée en église grecque orthodoxe. On constate le même calme et le même genre d’organisation au niveau des autres postes-frontières slovaques plus petits à Ubl’a et Vel’ké Slemence.
Malgré sa fatigue manifeste, le commandant de la police des frontières fournit aux diplomates présents un briefing concernant la situation ainsi que le profil et les nationalités des réfugiés. En effet, outre la Belgique, l’Allemagne, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, Israël et la République tchèque disposent également d’une équipe consulaire sur place.
Les biens de secours livrés par B-FAST (© SPF Affaires étrangères).
B-FAST
Après quelques jours, les statistiques sont actualisées et un récapitulatif journalier est fourni concernant les temps d’attente à la frontière et la ventilation du nombre de réfugiés par nationalité. Il s’agit bien entendu majoritairement d’Ukrainiens, mais les jours suivant l’invasion, de nombreux étudiants étrangers ont également fui le pays.
Jusqu’à plus de deux semaines après l’invasion, la pression à la frontière slovaque reste élevée, avec en moyenne 14 000 réfugiés par jour. Ensuite, les chiffres retombent systématiquement pour revenir à un niveau normal après environ un mois. Au final, une vingtaine de Belges pourront également quitter l’Ukraine en passant par la frontière slovaque.
Afin de soutenir les efforts que déploie la Slovaquie pour accueillir les réfugiés ukrainiens, la Belgique transmet aux autorités slovaques, par l’intermédiaire de B-FAST, quelques convois contenant des fournitures de secours (générateurs, matelas, lits de camp, couvertures et matériel sanitaire).
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