UE : Erasmus+, terreau de la citoyenneté européenne et mondiale

Coordinatrice Erasmus+ à l’Université de Gand (UGent), Geneviève Cochez le sait mieux que quiconque : le programme Erasmus+ a apporté de profondes améliorations aux formations dispensées dans les universités européennes. L’internationalisation est désormais incontournable.

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Auditorium avec public

Erasmus+ rend nos universités beaucoup plus internationales. © UGent

Dans cette série, nous récoltons des témoignages sur l’influence positive de l’UE, déclinée dans chacune des 6 priorités actuelles de la Commission européenne. Aujourd’hui, nous explorons le sixième et dernier volet : Promotion de notre mode de vie européen.

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Geneviève Cochez

Geneviève Cochez © UGent

Rares sont ceux qui n’ont jamais entendu parler, même vaguement, du programme ou des étudiants Erasmus. Ne seraient-ce pas ces jeunes qui partent étudier dans une université européenne pendant un certain temps ? En effet. Mais c’est aussi bien plus que cela.

Renforcer l’identité européenne

Le programme Erasmus a vu le jour il y a 35 ans, en 1987. « À l’époque, la Communauté européenne entendait renforcer sa popularité auprès de la population », explique Geneviève Cochez, coordinatrice Erasmus+ à l’UGent. Dans ce contexte, les étudiants de l’enseignement supérieur constituaient un groupe cible intéressant. En effet, ces jeunes sont par nature plus ouverts d’esprit. Leur permettre un séjour au sein d’autres pays européens stimulerait un sentiment d’appartenance européenne. Ce programme leur propose en effet de découvrir d’autres cultures de notre continent, d’améliorer leurs connaissances linguistiques… En parallèle, l’Europe pourrait parvenir à une meilleure harmonisation des formations supérieures des différents pays et en améliorer la qualité. »

Les débuts ont été assez difficiles. Comme le raconte Geneviève Cochez : « Faire reconnaître une année d’études effectuée à l’étranger n’était pas simple. Les systèmes de notation, par exemple, variaient d’une université à l’autre. Au départ, les formations étaient même organisées différemment. Tous les pays ne suivaient pas le système des candidatures et des licences tel que nous l’appliquions. En 1999, encouragés par l’expérience Erasmus, 29 ministres européens en charge de l’enseignement supérieur ont signé la déclaration de Bologne, créant ainsi « l’Espace européen de l’enseignement supérieur ». Aujourd’hui, 49 pays structurent l’apprentissage en bacheliers et en masters, et la reconnaissance mutuelle des diplômes est facilitée. »

Pour les étudiants, mais pas seulement

Les défauts de jeunesse ont disparu depuis longtemps. Entre-temps, Erasmus a laissé la place à Erasmus+. Geneviève Cochez : « Erasmus+ présente un champ d’action beaucoup plus vaste. Le programme couvre à la fois l’enseignement pour adultes, les formations techniques, l’enseignement scolaire obligatoire et plus encore. Les étudiants ne sont pas les seuls bénéficiaires ; le personnel universitaire peut lui aussi travailler pendant un temps dans une université étrangère. Les enseignants peuvent dispenser des cours à titre de professeurs invités, les fonctions techniques peuvent par exemple découvrir comment une université étrangère organise l’hébergement de ses étudiants. Par ailleurs, Erasmus+ permet non seulement d’étudier à l’étranger, mais également d’y effectuer un stage, même après les études. Pensez notamment aux étudiants en médecine ou en psychologie. »

Collaborer pour progresser

Erasmus+ rend possible l’élaboration de vrais projets. « Par exemple, avec Erasmus Mundus, un étudiant peut passer chacun des quatre semestres que compte un master de deux ans dans un pays différent, explique Geneviève Cochez. L’UGent a aussi décroché un financement dans le cadre de la prestigieuse Initiative "universités européennes". Pour le projet ENLIGHT, nous travaillons en étroite collaboration avec un réseau de neuf universités, entre autres pour adapter nos cursus aux besoins du 21e siècle. »

Le programme Erasmus+ présente la particularité de ne pas se limiter à l’UE. Geneviève Cochez précise : « Traditionnellement, Erasmus s’applique aux États membres de l’UE et à un certain nombre de pays voisins tels que la Turquie, la Serbie et la Norvège. Le programme Erasmus+, en revanche, inclut d’autres pays industrialisés ou en développement. La collaboration avec ces pays renferme un grand potentiel de « renforcement des capacités » : comment mettre sur pied des projets ? Comment améliorer la qualité des formations ? Comment étendre une administration et un service international ? Ce genre de choses. L’UGent est très active autour de ces questions. »

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Étudiants étrangers à l'UGent

Welcome days : Les étudiants étrangers nouvellement arrivés sont aidés à trouver leur chemin à l'UGent. © UGent

Une économie européenne solide

L’utilité du programme Erasmus+ n’est plus à démontrer auprès des universités. Son objectif initial, l’harmonisation de l’enseignement supérieur en Europe, a été atteint ; cela ne fait aucun doute. Non seulement les bacheliers et les masters sont devenus la norme, mais en plus les compétences finales sont similaires pour toutes les formations en histoire, par exemple. Dans une Europe unifiée dont les frontières s’estompent, cette cohérence est essentielle. En outre, de plus en plus de cours sont donnés en anglais, langue véhiculaire des sciences par excellence.

Un enseignement supérieur de qualité joue également un rôle essentiel dans le maintien d’une économie européenne solide. La scène internationale, dominée par de grandes puissances telles que la Chine et les États-Unis, est en effet le théâtre d’une concurrence plutôt rude. Permettre aux étudiants européens d’acquérir des compétences qui répondent aux besoins de la société s’avère dès lors utile dans ce contexte. Des notions telles que diversité, inclusion, durabilité, connaissances linguistiques, apprentissage continu et valeurs démocratiques doivent leur devenir familières. De plus, l’UE a besoin de profils suffisamment armés pour s’attaquer à des défis de taille tels que les transitions verte et numérique.

Une université ne peut plus exister sans contacts internationaux. C’est une réalité. Geneviève Cochez : « Chaque jour, nous apprenons des autres, tandis que les autres apprennent de nous. »

Une plus grande confiance en soi

Les étudiants eux-mêmes tirent également parti d’un séjour à l’étranger. « Ils en profitent pour apprendre toutes sortes de choses qu’ils n’ont pas l’occasion d’apprendre à Gand », explique Geneviève Cochez. « Leur maîtrise de l’anglais s’améliore et ils découvrent souvent aussi l’un ou l’autre aspect de la langue et de la culture du pays. Bien entendu, ils acquièrent également un certain sens de la débrouille. Les premières semaines peuvent être éprouvantes pour les étudiants étrangers qui font face à un sentiment de solitude et de mal du pays. Mais, par la suite, ils gagnent en confiance en eux et se familiarisent parfois avec d’autres méthodes d’enseignement. Par exemple, certaines universités travaillent dès le 1er jour en petits groupes au sein desquels l’enseignement repose sur un dialogue permanent entre les étudiants ou sur une évaluation continue. »

En outre, 70 à 75 % des étudiants Erasmus décrochent ensuite un emploi grâce à l’échange Erasmus+. Les employeurs apprécient en effet non seulement les connaissances, mais également les compétences acquises telles que la flexibilité et la grande capacité d’adaptation à un nouvel environnement.

L’Europe fait des envieux

Pour Geneviève Cochez, le constat est sans équivoque : le programme Erasmus+ compte énormément pour l’UGent. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au cours d’une année normale, hors période corona, quelque 1 250 étudiants gantois partent à l’étranger pour leurs études, dont environ 250 pour un stage. Un nombre équivalent d’étudiants étrangers viennent à Gand dans le cadre du programme Erasmus+. Les quelque 750 échanges non Erasmus+ à l’UGent sont quant à eux calqués sur le modèle Erasmus.

« L’UGent reçoit chaque année environ 2 millions d’euros du programme Erasmus+. Ce montant permet de financer un grand nombre d’échanges », conclut Geneviève Cochez. « Sans parler des sommes bien plus importantes qui nous sont octroyées pour la recherche par le biais du programme Horizon Europe. En l’absence de ces soutiens financiers européens, la recherche serait impossible et les échanges internationaux très difficiles. De quoi faire des envieux dans d’autres parties du monde. »

Malheureusement, durant la période corona, les échanges Erasmus se trouvaient pratiquement au point mort. Le programme reprend maintenant progressivement. Espérons qu’il n’y ait plus de nouvelles complications.

Promotion de notre mode de vie européen

La Commission européenne tient à protéger ses citoyens et ses valeurs. C’est pour cette raison que l’état de droit occupe une place centrale au sein d’une Union européenne de l’égalité, de la tolérance et de l’équité sociale. Outre une grande attention portée à l’enseignement et à la formation, cette priorité englobe également la protection des consommateurs, les droits fondamentaux, une Union européenne de la santé, une Union européenne de la sécurité et bien plus encore. L’UE souhaite par ailleurs parvenir à une nouvelle approche en matière de migration.

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