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La boussole stratégique vise également à renforcer les opérations civiles. Photo : EUMM, une mission de surveillance civile non armée de l'UE en Géorgie (© Stortinget).
Cernée par l’instabilité
La sécurité dans le monde ne cesse de se dégrader. L’Union européenne (UE) en fait également l’expérience, elle qui se sait cernée de toutes parts par des foyers d’instabilité. C’est le cas dans les Balkans occidentaux, mais également du côté méridional, entre autres avec les crises en Libye et en Syrie.
Dans notre voisinage oriental, la menace d’une Russie hostile s’est même transformée en une véritable guerre sur le sol européen. Outre l’Ukraine, des pays comme la Moldavie et la Géorgie subissent également des intimidations.
La région arctique est elle aussi en pleine mutation. En raison de la fonte des glaces polaires, les superpuissances empiètent de plus en plus sur leurs territoires mutuels. Sans parler des tensions et conflits sur d’autres continents tels que l’Afrique (Sahel, Afrique centrale, Corne de l’Afrique...), l’Asie (région du Golfe, Corée du Nord...) et l’Amérique latine (Venezuela, Colombie...).
Menaces dans le monde entier
Les menaces se multiplient aux quatre coins du monde : terrorisme, extrémisme violent ou encore prolifération des armes, pour ne citer que quelques exemples. Des acteurs étatiques et non étatiques déploient des stratégies hybrides et recourent pour ce faire à des cyberattaques, à des campagnes de désinformation et à l’ingérence dans des élections.
Si le cyberespace est devenu un nouveau terrain de concurrence, l’espace extra-atmosphérique est lui aussi devenu un domaine de plus en plus disputé. La vigilance reste également de mise sur terre et en mer. En outre, le dérèglement climatique, la dégradation de l’environnement et les catastrophes naturelles représentent d’autres menaces pour notre sécurité. Les crises sanitaires mondiales telles que celle que nous avons connue avec la COVID-19 peuvent également alimenter les rivalités géopolitiques.
Une feuille de route détaillée
Il n’en fallait donc pas davantage pour inciter l’UE à élaborer activement un plan d’action plus ambitieux en matière de sécurité. Les discussions autour d’une boussole stratégique avaient déjà commencé à l’été 2020, sous la présidence allemande.
Le résultat final est inédit. Pour la première fois, les États membres de l’UE posent une base solide pour une collaboration étendue dans le domaine de la défense et de la sécurité. Cet accord repose sur des axes de travail très concrets et réalisables ainsi que sur une feuille de route détaillée pour parvenir à une Europe plus sûre d’ici 2030.
Les actions de l'UE en mer doivent également être renforcées. Photo : EUNAVFOR Atalanta (Force navale de l'UE en Somalie) protège, entre autres, les bateaux du Programme alimentaire mondial avec de l'aide humanitaire pour les personnes déplacées en Somalie (© EUNAVFOR).
Agir, Assurer la sécurité, Investir, Travailler en partenariat
Le premier axe de travail « Agir » se compose de mesures permettant à l’UE d’intervenir rapidement et avec fermeté dès qu’une crise survient, en association avec un partenaire si possible ou seule si nécessaire. L’UE entend ainsi disposer d’ici 2025 d’une capacité de déploiement rapide en vue de mobiliser rapidement jusqu’à 5 000 soldats en cas de crise. L’organisation d’exercices réels réguliers et le renforcement de la mobilité militaire contribueront à accroître le niveau de préparation. Outre les structures de commandement militaires, les opérations civiles doivent aussi être renforcées.
L’axe « Assurer la sécurité » souligne la nécessité d’anticiper les menaces, de protéger les citoyens et de garantir un accès sûr aux domaines stratégiques. Dans ce cadre, une boîte à outils hybride de l’UE, produit phare de cet axe, sera créée pour fournir les instruments nécessaires à une réponse coordonnée aux campagnes hostiles hybrides. Les services de renseignement doivent être renforcés tout comme la politique en matière de cyberdéfense et les actions de l’UE sur terre, en mer et dans l’espace.
Sous l’axe « Investir », les États membres s’engagent à investir davantage et mieux dans les capacités et les technologies innovantes pour ainsi réduire les dépendances technologiques et industrielles. À cette fin, il convient de tirer pleinement parti de mécanismes existants tels que le Fonds européen de la défense. Un pôle d’innovation dans le domaine de la défense sera créé au sein de l’Agence européenne de défense.
Enfin, l’axe « Travailler en partenariat » propose de renforcer la collaboration avec nos partenaires. Sont concernés non seulement l’OTAN, mais également des partenaires régionaux tels que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l’Union africaine (UA) et l’Association des Nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN). Des pays partageant les mêmes valeurs comme les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni peuvent également constituer des partenaires pertinents.
Le haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell présentera un rapport annuel au Conseil européen (© Shutterstock).
Une Belgique satisfaite
La Belgique se réjouit du résultat. Il va de soi que le texte final de 47 pages est le fruit d’un compromis, mais le niveau d’ambition reste élevé. La clause qui stipule que l’exécution de la boussole sera suivie de près revêt un caractère essentiel pour notre pays. Chaque année, le Conseil européen discutera des progrès accomplis, sur la base d’un rapport établi par le haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell. Dès 2025, le haut représentant examinera la nécessité de réviser la boussole.
La Belgique n’estimait pas spécialement qu’il y avait lieu de faire table rase de la politique européenne en matière de défense, mais plutôt de faire en sorte que l’UE et ses États membres assument davantage de responsabilités en matière de défense et de sécurité et renforcent leurs capacités. À cet effet, il ne s’agit pas uniquement d’investir davantage de ressources, mais également d’en faire un meilleur usage, de manière conjointe. Renforcer les synergies permettra en effet une utilisation plus efficace des instruments existants.
La ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès a elle aussi exprimé sa satisfaction. Elle a insisté sur le fait que la Belgique veillera au maintien du niveau d’ambition et à la garantie d’un suivi politique au plus haut niveau (chefs d’État et gouvernements). Elle a également salué la capacité supplémentaire qui sera développée pour permettre, par exemple, de rapatrier nos compatriotes de l’étranger.
La ministre de la Défense Ludivine Dedonder a mis en avant le fait que l’UE se trouvera dans une position plus forte pour défendre ses intérêts et ceux de ses citoyens dans un monde en constante évolution. Elle a également accueilli positivement le renforcement de la collaboration avec des partenaires tels que les États-Unis et l’Afrique. La Belgique, en sa qualité de pionnière dans le domaine de la collaboration intra-européenne, notamment avec le Luxembourg, les Pays-Bas et la France, peut servir d’exemple.
Avec la boussole stratégique, l’UE a démontré sa capacité à réagir d’une seule voix face à un monde en mutation rapide. Ce n’est que de cette façon qu’elle pourra continuer à protéger ses citoyens, ses intérêts et ses valeurs et à contribuer à la paix et à la sécurité internationales.
Découvrez le texte intégral de la Boussole stratégique en matière de sécurité et de défense (en anglais).
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