Une exposition au Caire met en lumière la passion de la reine Élisabeth pour l'Égypte

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Photo d'un guide expliquant à la reine Mathilde, à la princesse héritière Elisabeth et à un groupe d'autres personnes

La Reine Mathilde et la Princesse héritière Elisabeth visitent l'exposition (© Palais Royal).

Notre ambassade au Caire a organisé une exposition sur les voyages de la reine Élisabeth en Égypte. Exactement 100 ans après l'ouverture du tombeau de Toutânkhamon en sa présence, la reine Mathilde et la princesse Élisabeth ont marché sur les traces de leur illustre ancêtre. 

Égypte, pays magique ! Comment ne pas succomber au charme de la mystérieuse civilisation de l'Égypte ancienne avec ses pyramides, ses temples, ses tombeaux royaux et ses momies ? 

La passion de la reine Élisabeth pour l'Égypte

Cette fascination existait déjà au XIXe siècle. En 1891, notre future reine Élisabeth, alors âgée de 15 ans, effectua une croisière en Égypte en compagnie de sa célèbre tante Élisabeth (Sissi), impératrice d'Autriche et reine de Hongrie. La passion pour l'Égypte ancienne n'allait plus la quitter. En 1911, alors qu'elle n'était reine des Belges que depuis un an, elle se rendit à nouveau en Égypte, cette fois avec son mari, le roi Albert Ier.

Mais le voyage le plus extraordinaire eut lieu en 1923. Cette année-là, elle visita l'Égypte avec son fils Léopold, futur Léopold III. Howard Carter venait alors de découvrir le tombeau intact du pharaon Toutânkhamon, rempli d'éblouissants objets. Sur la scène internationale, la visite de la reine Élisabeth et du prince héritier Léopold allait marquer l'ouverture officielle de la tombe du pharaon.

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Photographie en noir et blanc de la Reine Elisabeth et de Jean Capart visitant le Temple d'Horus à Edfou en 1930

La Reine Elisabeth visite le Temple d'Horus à Edfou avec Jean Capart (avec une canne) (1930) (© Wikimedia commons).

Jean Capart, père de l'égyptologie belge

Son guide en 1923 n'était autre que l'égyptologue belge Jean Capart, père de l'égyptologie belge. En 1923, en souvenir de la visite de la reine au tombeau de Toutânkhamon, il fonda la Fondation Égyptologique Reine Élisabeth, la célèbre association belge de recherche et d'étude sur l'Égypte ancienne. 

Il n'est pas exagéré d'affirmer que l'égyptologie belge a en partie vu le jour grâce à la reine Élisabeth et à son amitié avec l'ambitieux et flamboyant Jean Capart. Grâce aux nombreuses initiatives de ce dernier, Bruxelles a même été considérée à un moment comme la capitale mondiale de l'égyptologie.

Un troisième voyage suivit en 1930. Il s'agissait cette fois d'une visite d'État officielle avec le roi Albert Ier, suivi d'un voyage privé. Toujours guidée par Jean Capart, la reine visita plusieurs sites archéologiques où des fouilles étaient en cours.

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Photo du Palais Empain au Caire

L'emblématique Palais Empain au Caire (© SPF Affaires étrangères).

Une exposition au Palais Empain

Aujourd'hui, nous célébrons le centième anniversaire de l'ouverture officielle du tombeau de Toutânkhamon en présence de notre ex-reine. Notre ambassade au Caire a donc estimé que c'était l'occasion rêvée de mettre en valeur cet événement au travers d'une formidable exposition.

L'Égypte a accordé à nos collègues du Caire une autorisation exceptionnelle pour l'organisation de cette exposition au rez-de-chaussée du Palais Empain. Ce bâtiment emblématique de style hindou, bien connu des Égyptiens, a été érigé à la demande du baron belge Édouard Empain entre 1907 et 1911 dans la toute nouvelle cité d'Héliopolis (voir encadré). Cette « Villa hindoue » – comme on la surnomme en Égypte – a été laissée à l'abandon pendant des années, avant d'être restaurée récemment, en partie avec l'aide de la Belgique. Le palais, qui a officiellement rouvert ses portes en 2020, abrite désormais un musée consacré à l'histoire d'Héliopolis. 

L'exposition « 1923-2023 : la reine Élisabeth de Belgique en Égypte » a été conçue par une équipe d'historiens et d'égyptologues belges, dirigée par la professeure Marie Cécile Bruwier. Objectif : évoquer les trois voyages de la reine Élisabeth en Égypte, en mettant l'accent sur l'année 1923. Il existe en effet de nombreuses photos de ces voyages. L'équipe a donc pu s'appuyer sur les archives du Palais royal de Bruxelles, mais aussi sur celles de la bibliothèque du Musée royal d'art et d'histoire de Bruxelles, le Fonds Capart et des archives privées. 

Des films conservés à la Cinematek, la cinémathèque royale de Belgique, ont également été projetés. Un film de l'arrivée de la Reine Élisabeth à la gare centrale du Caire en 1923 sera même projeté sur un écran géant dans cette même gare pendant plusieurs jours !

L'exposition a mis l'accent sur les étroits liens culturels et économiques qui unissent la Belgique et l'Égypte depuis le XIXe siècle. Elle a également rappelé aux Égyptiens les origines belges du célèbre Palais Empain. La présence en Égypte d'universitaires belges actifs dans le domaine de l'égyptologie a également été soulignée.

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Collage de trois photos. La première photo montre la Reine Mathilde et la Princesse Elisatbeth signant le livre d'or. Les deux autres photos montrent l'espace d'exposition

Photo 1 : La Princesse héritière Elisabeth écrit dans le livre d'or de l'exposition (© Palais Royal). Photos 2 & 3 : Quelques impressions de l'expo (© SPF Affaires étrangères).

Visite de la reine Mathilde et de la princesse Élisabeth

L'exposition a été honorée par la présence la reine Mathilde et de la princesse Élisabeth, qui ont assisté à son inauguration. Le Palais royal a en effet décidé, un siècle plus tard, de marcher dans les pas de la reine Élisabeth. La princesse Élisabeth a d'ailleurs été nommée d'après son illustre arrière-arrière-grand-mère.

La reine Mathilde et la princesse Élisabeth ont également visité plusieurs projets de recherche archéologique belges en Égypte, et notamment les tombes en pierre peintes de dignitaires pharaoniques à El-Kab, dans la vallée du Nil, au sud de Louxor. Ce projet de recherche est d'ailleurs considéré comme le point de départ d'une grande tradition belge en matière d'égyptologie, puisque c'est Jean Capart en personne qui l'a lancé en 1937. Aujourd'hui, l'ULB et l'ULiège y travaillent. Notre ambassade au Caire a aidé à préparer le voyage royal dans les moindres détails.

L'exposition au Palais Empain a en tout cas remporté un franc succès. La presse égyptienne a rendu compte en détail de cette initiative ainsi que de la visite des altesses royales belges. Le voyage royal en Égypte a également été largement relayé en Belgique. L'exposition a été une occasion unique de renforcer l'image positive de la Belgique en Égypte et de consolider les liens universitaires et culturels entre les deux pays.

Vous aussi, l'Égypte vous fascine ? Du 31 mars 2023 au 1er octobre 2023, le Musée royal d'art et d'histoire propose une exposition portant sur deux siècles de fascinantes découvertes archéologiques au pays des pharaons et la formation de la collection égyptienne du musée.

Héliopolis, un rêve concrétisé par Édouard Empain

En 1905, l'industriel, entrepreneur et financier belge Édouard Empain et l'homme d'affaires et diplomate égypto-arménien Boghos Nubar Pacha obtiennent du gouvernement égyptien une concession pour construire la cité nouvelle d'Héliopolis. Cette concession s'étend sur une zone de 2 500 hectares en plein désert, à environ 10 km du Caire d'alors, tout près des ruines de l'ancienne ville sanctuaire d'Héliopolis.

De majestueux édifices surgissent alors de terre dans un style éclectique mêlant influences orientales, mauresques, arabes et européennes. Impressionnant palais construit dans le style d'un temple hindou, la résidence privée d'Empain en est le point d'orgue. Elle allait devenir un bâtiment emblématique pour les Égyptiens et serait communément appelée Villa hindoue ou Qasr al-Barun ou Baron Palace en anglais. Aujourd'hui, la ville d'Héliopolis a été complètement absorbée par l'expansion urbaine du Caire.