Une formation à la médiation en vue d’une plus grande stabilité au Mali

  1. Dernière mise à jour le
Image
Photo de groupe des experts et participants au programme de formation à la médiation pour plus de stabilité au Mali

Photo de groupe d’experts et de participants (© SPF Affaires étrangères).

Au travers de son service Consolidation de la paix, la Belgique finance deux formations à la médiation au Mali. Grâce aux connaissances acquises, les personnes formées – des cadres et responsables civils, des militaires et des membres des services de police – peuvent jouer un rôle actif de médiation dans les conflits locaux au Mali et dans la région de l’Afrique de l’Ouest.

Le Mali est un pays du Sahel notoirement instable. Depuis 2012 déjà, divers groupes armés y opèrent, notamment des rebelles touareg et des extrémistes musulmans tels que le GSIM (une branche d’Al-Qaida) et l’État islamique au Grand Sahara.

L’année dernière, le gouvernement de la Transition du Mali a mis fin à l’accord de paix d’Alger 2015, qui avait été conclu avec le soutien de la communauté internationale. L’un des motifs avancés était « l’incapacité de la médiation internationale à assurer le respect des obligations incombant aux groupes armés signataires ». S’en est suivi un dialogue inter-Maliens excluant toute présence étrangère dont ont découlé plusieurs recommandations, notamment la reprise d’un dialogue avec l’ensemble des groupes armés.
 

Une école de maintien de la paix


Le rôle de médiation entre les différentes factions maliennes requiert évidemment de bonnes capacités en la matière. À cet égard, l’École de Maintien de la Paix Alioune Blondin Beye (EMP-ABB) s’avère un atout précieux. Cette école est établie au Mali, mais liée à l’Union Africaine et à la CEDEAO, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest. Elle est financée par des États tels que les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suisse, le Danemark et le Japon.

L’EMP-ABB propose entre autres un module de formation « médiation politique et communautaire ». Entre 2003 et 2023, l’école a déjà formé 46 000 cadres et responsables civils, membres des services de police et militaires, provenant principalement d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. La formation peut évidemment aussi s’avérer très utile au Mali. C’est la raison pour laquelle la Belgique a décidé, au travers de notre service Consolidation de la paix, d’y financer une formation de deux semaines en 2024, puis à nouveau en 2025.
 

Une boîte à outils


La formation enseigne les ficelles du métier, afin d’optimiser l’efficacité des médiations. Cet apprentissage a entre autres pour objectif de développer les compétences pour effectuer une analyse approfondie d’un conflit. Quel est le contexte ? Quelles sont les parties prenantes et lesquelles joueront un rôle potentiellement fédérateur ou obstructionniste ? Quels sont les points d’achoppement ?

Le groupe participant à la formation reçoit en prime tout un attirail de méthodes, une véritable boîte à outils. Par exemple, le dialogue « actif » implique une écoute active. Concrètement, il s’agit d’accorder à la personne en face de soi la confiance nécessaire pour pouvoir s’exprimer en toute liberté, sans craindre un jugement hâtif. L’écoute active permet dès lors d’identifier plus facilement les points réellement sensibles pour l’autre partie.

Une autre technique est la BATNA : best alternative to a negotiated agreement (ou MeSoRe en français – meilleure solution de repli). La BATNA offre une porte de sortie dans le cas où les négociations tomberaient dans une impasse : quelle est la meilleure solution de repli que l’on puisse proposer ?

On y trouve également la méthode « positions – intérêts – besoins », qui permet aux parties d’un conflit d’exprimer des positions contraires, en apparence inconciliables. Par exemple, si chaque protagoniste entend revendiquer un même territoire. Il s’agit alors de vérifier quels sont les intérêts qui motivent cette revendication et à quels besoins ceux-ci répondent. L’identification de ces éléments permettra peut-être de trouver malgré tout un terrain d’entente pour désamorcer le conflit.

En outre, les médiateurs et médiatrices en herbe apprennent à formuler un accord, à imaginer des solutions créatives et à élaborer un processus de médiation pour les conflits.

Image
Photo de Pierre-Yves Monette et Corentin Delepaut posant devant une sculpture sur laquelle sont inscrites les lettres EMP

L’expert belge en médiation Monette (à gauche) et l’adjoint de l’ambassade Delepaut devant l’École de Maintien de la Paix (EMP) (© SPF Affaires étrangères).

Huit femmes


En général, cette formation attire des personnes qui, en raison de leur fonction, peuvent influer sur un processus de paix. Par exemple, la formation soutenue par la Belgique en 2024 comptait des membres de la société civile malienne : Avocats sans Frontières, une organisation de lutte contre la corruption, un centre de dialogue humanitaire et bien d’autres.

En plus des douze participants et participantes d’origine malienne, treize personnes issues d’autres pays de la région de l’Afrique de l’Ouest ont pris part à la formation. Parmi cette assemblée étaient notamment représentés le commandement de la gendarmerie burkinabé, l’administration civile du Tchad et le Haut-Commissariat des Nations Unies. L’EMP-ABB répartit les 25 places disponibles comme suit : dix militaires ou membres des services de police et quinze civil(e)s. En outre, huit femmes ont suivi la formation, conformément à l’objectif minimum de 30 % de participantes.
 

Le drapeau belge


Grâce à ce soutien, notre pays aspire non seulement à contribuer à une plus grande stabilité au Mali, mais aussi à bénéficier d’un peu de visibilité. Par exemple, tout au long de la formation, l’école de maintien de la paix arborait le drapeau de la Belgique. Lors de la cérémonie de clôture, le chargé d’affaires belge a prononcé un discours. Par ailleurs, un membre de notre ambassade a suivi une partie de la formation.

À l’issue du programme, la majorité du groupe a exprimé son enthousiasme à l’égard des connaissances acquises. Autre information intéressante : cette formation était entre autres dispensée par Pierre-Yves Monette, médiateur chevronné. En effet, jusqu’en 2005, ce Belge occupait dans notre pays la fonction de médiateur fédéral et il possède une expertise mondialement reconnue en matière de prévention et résolution des conflits. Pierre-Yves Monette travaille régulièrement pour les Nations Unies et a joué un rôle majeur en 2015 dans les négociations portant sur l’accord d’Alger mentionné ci-dessus.