La Belgique se mobilise pour mettre la sécurité au service du développement

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Hommes autour d'un arbre

La Belgique est reconnue pour son expertise dans le développement d'une police proche du citoyen. Sur la photo : un projet Enabel au Burkina Faso. © Enabel/Xzotic

Un lien étroit unit la sécurité et le développement. « Sans paix ni sécurité, le développement est impossible, et l’absence de développement fait toujours peser la menace d’une instabilité ou pire », a récemment déclaré le philosophe politique Adekeye Adebajo dans le magazine MO*.

Les ODD et la sécurité

Cette conception est profondément ancrée dans les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. L’ODD16, qui fait la promotion de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, vise à assurer l’accès de tous à la justice et à mettre en place des institutions efficaces et fiables ouvertes à tous.

D’autres ODD contiennent également différentes cibles en lien avec une société pacifique et sûre. Ainsi, l’ODD5.2 établit qu’il faut éliminer toutes les formes de violence faites aux femmes et aux filles. L’ODD8.7 entend mettre fin à l’esclavage moderne et à la traite d’êtres humains, ainsi qu’au travail des enfants et au recrutement d’enfants soldats.

La sécurité au profit du développement

Le Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (CAD-OCDE) établit lui aussi un lien étroit entre le développement, la paix et l’aide humanitaire. L’organisation a élaboré 11 principes qui peuvent inciter les donateurs d’aide au développement à contribuer activement à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix.

La Coopération belge au Développement prend très à cœur l’aspect « sécurité » et souscrit aux principes du CAD-OCDE. Entre autres, elle jette une base solide pour le développement d’une société sûre à travers les défis – amélioration des conditions de vie – qu’elle se fixe comme objectif principal. Parfois, il s’avère également utile d’investir directement dans l’appareil sécuritaire, mais à condition que cet investissement favorise le développement économique et la prospérité des pays en développement.

Naturellement, ces opérations de sécurité comportent des risques. La coopération au développement ne peut servir à soutenir les activités militaires d’un pays. La capacité peut toutefois être rehaussée à des fins de protection des droits de l’homme ou de lutte contre la corruption.

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Hommes sous un arbre

© Enabel/Xzotic

La sécurité au sens très large

Dans une note, la Coopération belge au Développement a dressé un tableau détaillé de ce domaine complexe. Le document décrit clairement le type d’actions éligibles et les critères à appliquer pour déterminer si un projet peut continuer ou non. Une analyse des risques détaillée revêt une importance capitale à cet égard.

La sécurité est considérée au sens très large. Elle ne concerne donc pas seulement les acteurs qui assurent le maintien de l’ordre public au sens strict tels que la police, l’armée, la douane et les services de renseignement. Elle implique également des institutions telles que les parlements, les ministères, les forces de sécurité non étatiques, les universités, les groupes de femmes, les médias, etc.

Par ailleurs, cette vision intègre pleinement le pouvoir judiciaire au secteur de la sécurité : tribunaux et fonctionnaires judiciaires, mais aussi avocats et assistance aux victimes. Un État de droit fort est en effet indispensable pour un secteur de la sécurité performant et responsable et vice-versa. La justice joue également un rôle crucial dans l’amélioration de l’accès aux services publics et plus particulièrement pour les groupes vulnérables, la lutte contre la corruption, la limitation des abus de pouvoir, ainsi qu’un environnement entrepreneurial sain et propice à la croissance économique.

Parmi les types d’actions qui entrent en ligne de compte, citons dans un premier temps la prévention des conflits, entre autres grâce à la médiation. Une réforme du secteur de la sécurité – police, justice, fonctionnaires judiciaires – fait également partie des possibilités, ce qui comprend un contrôle plus démocratique et un renforcement de la société civile.

Dans ses interventions dans le domaine de la sécurité, la Belgique souhaite avant tout attirer l’attention sur les femmes, les enfants et les jeunes. Des institutions performantes, responsables et transparentes constituent un autre point d’attention.

Une vaste expérience

Dans l’ensemble, la Coopération belge au Développement a une expérience considérable dans le secteur de la sécurité. Ainsi, notre pays est reconnu pour son expertise dans le processus de mise en place d’un système policier et judiciaire proche du citoyen, et pour la réorganisation ou la fusion des forces de sécurité.

De 2008 à 2019, 175 millions d’euros y ont été consacrés. Ces fonds ont été accordés, entre autres, au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) chargé de la gestion d’organisations œuvrant pour la paix, la justice et l’inclusivité, ainsi que la prévention des conflits et le renforcement de la résilience.

L’Agence belge de développement (Enabel) a notamment soutenu le renforcement de la justice au Burundi ainsi qu’au Burkina Faso. En RD Congo, l’agence a amélioré la vie de famille des militaires. Un certain nombre d’ONG travaillent également dans le domaine de la sécurité, entre autres, Avocats Sans Frontières, Commission Justice et Paix, RCN Justice et Démocratie, et bien d’autres.

Partenaires nationaux et à l’étranger

La Coopération belge au Développement conclut des accords de coopération avec des acteurs belges tels que la police fédérale, la défense et la justice. La police fédérale, en particulier, fait partie de ses partenaires fidèles de longue date. Les projets tentent souvent d’améliorer le fonctionnement des services de police au profit de la population.

Au niveau international, la Belgique rejoint l’Union européenne (UE) et les Nations Unies (ONU), plus spécifiquement au Sahel. En outre, des institutions onusiennes telles que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), le Fonds pour l’enfance (UNICEF) et ONU-Femmes disposent d’une expertise propre qui peut contribuer à renforcer la paix et la sécurité.

En bref, pour mieux agir sur le lien étroit entre développement, paix et aide humanitaire, la Coopération belge au Développement possède un cadre aujourd’hui bien élaboré pour s’adonner à cet exercice parfois délicat.