UE : la biodiversité mérite d'être stimulée

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Un oiseau prend un bain dans l'eau

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La biodiversité – la totalité des organismes vivants sur la planète – est indispensable pour assurer la qualité et la survie de la vie humaine sur terre. Malheureusement, elle souffre beaucoup de l'expansion humaine prononcée. En fin de compte, l'humanité en sera également victime. Ainsi, la destruction inconsidérée de la nature peut donner naissance à de nouvelles maladies, comme l'a montré la pandémie de Covid-19.

La biodiversité contribue indéniablement à notre bien-être. Elle joue un rôle essentiel dans la formation d'oxygène et d'eau propre, dans la santé des sols, etc. Et elle nous offre de nombreuses matières premières telles que des matériaux de construction et des médicaments. En d'autres termes, la biodiversité fournit de nombreux services écosystémiques.

Si l'on veut chiffrer la valeur économique de la biodiversité, on arrive à des montants astronomiques. Par exemple, plus de la moitié du PNB mondial – quelque 40 000 milliards d'euros – dépend de la nature. La pollinisation par les insectes et autres animaux représente également un paquet d'argent : plus de 75 % des cultures vivrières mondiales en dépendent.

La crise de la biodiversité et la crise climatique se renforcent mutuellement. Mais cela peut aussi être inversé dans un sens positif : en misant sur plus de nature sous toutes ses formes, on peut fortement tempérer le dérèglement climatique.

Les points ci-dessous montrent comment la Commission européenne (CE) entend revoir notre relation déséquilibrée avec la nature.

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Forêt primaire en Slovénie

Au moins un tiers des zones protégées doit être strictement protégé. Sur la photo : forêt vierge en Slovénie. © Shutterstock

1. Protéger la nature

Au moins 30 % des terres et 30 % de la mer doivent être protégés dans l'UE. Au moins un tiers de ces zones protégées doit être strictement protégé, c'est-à-dire qu'aucune activité humaine ne peut y avoir lieu. La CE songe à toutes les forêts vierges restantes, en plus des tourbières, des mangroves, des zones humides et des prairies sous-marines.

2. Restaurer la nature

Ramener la nature sur les terres agricoles

L'agriculture doit laisser plus de place à la nature. Cela peut se faire par des pratiques durables telles que l'agriculture de précision, l'agriculture biologique, l'agroécologie et l'agroforesterie. L'utilisation totale de pesticides chimiques doit être réduite de 50 % d'ici 2030. Au moins 10 % de la surface agricole doit être transformée en paysages d'une grande diversité. Songez à des haies, des lisières boisées, des étangs et des bandes tampons.

Cela ne doit certainement pas conduire à une baisse de la productivité. De cette façon, les pollinisateurs assurent un rendement plus élevé et les haies et les arbres empêchent la perte de précieuses particules de sol fertile à cause du vent ou de l'eau de ruissellement (= érosion). L'agroforesterie – qui combine l'agriculture et les arbres – augmente également la production. L'agriculture biologique fournit 10 à 20 % d'emplois de plus par hectare que les exploitations traditionnelles. L'UE souhaite donc qu'au moins 25 % des terres agricoles soient cultivées de manière biologique d'ici 2030 au plus tard.

La stratégie en matière de biodiversité chevauche clairement la récente stratégie de l'UE pour une alimentation saine et respectueuse de l'environnement : de la ferme à la table

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Bordure de champ fleurie

L'agriculture doit laisser plus de place à la nature. Sur la photo : bordure d'un champ fleurie. © Shutterstock

Restaurer et protéger les sols

Le sol est une ressource non renouvelable extrêmement importante. Pourtant, il souffre énormément de la déforestation, du surpâturage et de pratiques agricoles et forestières non durables, en plus de l'urbanisation et de la construction de routes. La CE veut donc protéger la fertilité du sol, limiter l'érosion du sol et augmenter la quantité de matière organique dans le sol.

Créer plus de forêts et améliorer la résilience des forêts

Les forêts jouent un rôle extrêmement important dans de nombreux domaines, notamment la fixation du carbone pour lutter contre le dérèglement climatique. C'est pourquoi la CE veut planter au moins 3 milliards d'arbres supplémentaires dans l'UE d'ici 2030. L'écologisation des villes sera un point d'attention (voir ci-dessous). L'agriculture sera également davantage axée sur les arbres (voir ci-dessus).

Les énergies renouvelables – tout le monde y gagne

L'énergie durable et renouvelable est essentielle pour atteindre la neutralité climatique. En même temps, elle peut réduire la perte de biodiversité. C'est pourquoi la CE donnera la priorité à l'énergie marine, à l'énergie éolienne offshore qui permet également la reconstitution des stocks de poissons, et aux parcs solaires avec une couverture du sol respectueuse de la biodiversité. En outre, la CE veut passer aux biocarburants à base de résidus et de déchets non réutilisables et non recyclables.

Restaurer les écosystèmes marins

La mer et les zones côtières ont également beaucoup à offrir, tant sur le plan socio-économique que sur le plan de la santé. C'est pourquoi la CE veut restaurer et protéger convenablement les écosystèmes marins. Les ressources marines doivent être exploitées de manière durable. À cet égard, la CE applique une tolérance zéro vis-à-vis des pratiques illégales. Par exemple, les engins de chalutage de fond ne doivent pas nuire à la biodiversité et les prises accessoires d'espèces menacées doivent être éliminées.

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Rivière Néris à Vilnius (Lituanie)

La rivière Néris, qui serpente librement, à Vilnius (Lituanie), l'une des villes les plus vertes de l'UE. © Shutterstock

 

Restaurer les écosystèmes d'eau douce

La CE veut redonner libre cours à au moins 25 000 km de rivières d'ici 2030. Les plaines inondables et les zones humides seront ainsi remises à l'honneur. D'ici 2027, toutes les eaux de surface et souterraines doivent être en bon état. 

Écologiser les zones urbaines et suburbaines

L'écologisation urbaine peut être réalisée non seulement avec des forêts et parcs urbains, mais aussi avec des fermes urbaines, des toits et murs verts, des arbres dans les rues, des prairies et haies urbaines avec une grande biodiversité. Cela aura un impact positif immédiat sur le bien-être physique et mental des citadins, comme l'a montré le confinement récent. Les pesticides doivent être éliminés.

Réduire la pollution

La biodiversité souffre grandement de la libération de nutriments, de pesticides chimiques, de produits pharmaceutiques, de produits chimiques dangereux, d'eaux usées urbaines et industrielles et d'autres déchets tels que les déchets sauvages et les plastiques. C'est pourquoi la CE veut élaborer un plan d'action pour réduire à zéro la pollution de l'air, de l'eau et du sol. L'utilisation d'engrais devra d'ores et déjà diminuer de 20 %. Le risque environnemental des pesticides sera évalué de manière plus stricte.

Réduire les espèces exotiques envahissantes

Certains animaux et plantes exotiques se répandent si vite qu'ils détrônent les espèces locales. Ils peuvent également donner lieu à de nouvelles maladies infectieuses. La CE veut freiner ces « espèces exotiques envahissantes » et ainsi faire en sorte que 50 % en moins d'espèces de la Liste rouge soient menacées par elles.

 

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Rue avec de nombreux arbres et plantes à Alkmaar (Pays-Bas)

Dans les villes, tout ce qui est vert est le bienvenu. Sur la photo : Alkmaar (Pays-Bas). @ Shutterstock

Tout le monde participe

Afin d'atteindre ces objectifs, la CE a l'intention de libérer 20 milliards d'euros par an provenant tant de fonds privés que publics au niveau national et européen. Une part importante du budget climatique de l'UE sera investie dans la biodiversité et les solutions basées sur la nature. La CE appliquera également le principe du paiement par l'utilisateur et le pollueur.

Tout le monde doit participer : les gouvernements, les entreprises, la science et les citoyens. La recherche sera financée et il y aura également un nouveau centre de connaissances sur la biodiversité. La CE misera également sur l'éducation en durabilité environnementale.

Pionnier international

À l'échelle mondiale, l'UE se fera l'ardent défenseur de la biodiversité. La prochaine 15e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique doit fournir un nouveau cadre ambitieux pour la période au-delà de 2020.

Les points d'attention au niveau international concernent entre autres les océans et le commerce. Ainsi, l'UE est favorable à la création de trois vastes zones marines protégées dans l'océan Austral, dont l'Antarctique oriental. Elle veut également surveiller de près l'exploitation minière en haute mer. Les minéraux marins des fonds marins ne peuvent être exploités sans une étude préalable approfondie de l'impact sur la biodiversité.

L'UE souhaite également adopter une approche plus vigoureuse en matière de commerce international des animaux sauvages, des plantes et de l'ivoire. Après tout, celui-ci est à l'origine de nouvelles zoonoses telles que le Covid-19.

La biodiversité fera également l'objet d'une plus grande attention dans le cadre de la coopération au développement. Avec NaturAfrica, la CE veut mieux protéger la nature en Afrique et en même temps offrir à la population locale des opportunités dans les secteurs verts. La CE a également mis en place une coalition mondiale pour la biodiversité des parcs nationaux et des jardins botaniques et zoologiques, entre autres.

En bref, avec sa « stratégie européenne en matière de biodiversité pour 2030 », la CE a élaboré une politique audacieuse pour donner un nouvel élan à la biodiversité. La CE invite donc le Parlement européen et le Conseil à adopter la stratégie avant la 15e conférence des Nations unies sur la biodiversité. Celle-ci a été reportée au printemps 2021 en raison de la crise du coronavirus.