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Grâce à LATAWAMA, la collecte des déchets est améliorée. A l'extrême droite: Bahati Rhamadhani. © LATAWAMA
Dans cette série, nous présentons des témoignages sur l’impact positif de l’UE, et ce pour chacune des 6 priorités de l’actuelle Commission européenne. Aujourd’hui, partie n° 4 : Une Europe plus forte dans le monde.
Didier Cadelli - Bahati Rhamadhani © LATAWAMA
Le lac Tanganyika est une étendue d’eau riche en poissons, qui s’étend sur la Tanzanie, le Burundi, la République démocratique du Congo et la Zambie. Deuxième plus grand lac d’Afrique par sa surface, après le lac Victoria, il contient pas moins de 18 % des eaux de surface de la planète. Ce lac est donc une source d’eau, de nourriture et de revenus indispensable pour des millions de personnes.
Autorité du lac Tanganyika
Malheureusement, le lac Tanganyika est menacé par la pollution et la surpêche. Conscients de ce problème, les quatre pays adjacents ont uni leurs forces pour former l’« Autorité du lac Tanganyika » (ALT). Sa mission : assurer la protection et la gestion durable des eaux du lac et de ses affluents.
« L’ALT a proposé un projet à l’UE pour lutter contre la pollution du lac Tanganyika », explique Didier Cadelli, coordinateur du projet LATAWAMA, acronyme de Lake Tanganyika Water Management. « Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un programme de l’UE visant à promouvoir l’utilisation et la distribution équitables des revenus des sources d’eau dans les trois principaux bassins de l’Afrique : le Nil, l’Okavango et le lac Tanganyika. Par la même occasion, le programme réduit les risques de conflit dans la gestion transfrontalière de ces sources. »
L’UE a marqué son accord, avant de confier le projet LATAWAMA à l’Agence belge de développement Enabel pour un budget de 6,9 millions d’euros. « Nous réalisons le projet en collaboration avec l’ALT. Toutefois, comme nous couvrons l’ensemble du bassin du lac, y compris ses affluents tels que la rivière Ruzizi et le lac Kivu au Rwanda, nous coopérons aussi avec l’« Autorité du bassin du lac Kivu et de la rivière Ruzizi », ainsi qu’avec les administrations de toutes les villes concernées. »
Carte des grands lacs d'Afrique: le lac Tanganyika, de forme allongée, se trouve au centre. © Shutterstock
Des bases de données fiables
Le projet LATAWAMA a 3 objectifs, nous explique Cadelli : « Tout d’abord, nous voulons développer un réseau qui surveille la qualité de l’eau du lac par le biais de plusieurs laboratoires de référence. Pour ce faire, nous avons développé 2 outils qui sont au cœur de notre projet. Ces outils mettent des données fiables et validées à disposition des décideurs publics, ainsi que d’un public diversifié. »
« Ensuite, nous voulons réduire la pression anthropique sur la qualité de l’eau du lac. Nous nous concentrons sur les villes de Bujumbura (Burundi), Kigoma (Tanzanie), Uvira (Congo) et Mpulungu (Zambie), où nous appuyons surtout la gestion des déchets solides et l’assainissement des eaux usées municipales et domestiques. Ce faisant, nous accordons une grande importance à la communication et à l’éducation à l’environnement. »
« Le troisième et dernier objectif est de renforcer l’ALT dans son rôle de coordination et de soutien aux divers acteurs chargés de la gestion de l’eau. »
Organisations communautaires
Pour lutter contre la pollution des eaux du Tanganyika, il importe de réduire le volume de déchets qui y sont déversés. Or, cela n’est possible qu’à condition d’améliorer la gestion des déchets dans les villes voisines. Pour ce faire, LATAWAMA soutient les organisations communautaires qui se chargent de la collecte des déchets solides.
Ces organisations se composent le plus souvent de dix personnes au maximum : des femmes, des chefs de famille et des jeunes issus de milieux défavorisés. Ils ramassent les déchets chez les particuliers, sur les marchés, dans les institutions etc. et les transportent ensuite à un point de collecte. Toutefois, ces organisations ne possèdent ni les équipements ni les connaissances nécessaires pour une gestion correcte des déchets. C’est là que LATAWAMA est intervenu.
« Notre organisation a été contactée par LATAWAMA en vue de collecter les déchets solides à Kigoma et de les amener à un point de collecte », explique Bahati Rhamadhani, une maman âgée de 40 ans et membre d’une telle organisation communautaire. « Nous avons bénéficié d’équipements supplémentaires et de formations pour améliorer nos compétences et mieux nous organiser. »
Vue de Kigoma sur les rives du lac Tanganyika. © iStock
Matériel, connaissances et revenus supplémentaires
Sa vie s’est beaucoup améliorée depuis que LATAWAMA a commencé à travailler à Kigoma, en janvier 2020. « Chaque mois, nous recevons un complément de revenus, qui nous permet de combler une partie de nos besoins. Nous remercions également LATAWAMA pour le matériel que nous avons reçu. Il nous permettra de collecter plus rapidement et plus facilement les déchets. Un des grands problèmes est que la population mélange les déchets ménagers avec des pierres, des briques et même des aiguilles. Nous essayons de les sensibiliser pour qu’ils changent de comportement. »
Le projet profite indéniablement à l’ensemble de la communauté. « La collecte des déchets permet de réduire le nombre de maladies dues à une mauvaise hygiène. De plus, nous protégeons l’environnement. Et, bien sûr, tous les collecteurs de déchets se font ainsi un petit complément de revenus, ce qui améliore considérablement leur quotidien. »
Rhamadhani − et avec elle les nombreuses organisations de collecte − est déterminée à poursuivre le travail, même après la fin du projet. « LATAWAMA a donné un nouveau souffle à notre organisation. La ville de Kigoma impose désormais une taxe aux personnes auprès desquelles nous collectons les déchets, par exemple. Nous disposons ainsi d’une source de revenus indépendante, ce qui nous permettra de pérenniser notre organisation au-delà du projet. »
Économie circulaire
Et les initiatives ne s’arrêtent pas là. Cadelli : « En 2022, le projet prévoit l’installation de nouveaux points de collecte afin que nous puissions desservir de nouveaux quartiers et collecter de plus grandes quantités de déchets. Ainsi, nous évitons la création de décharges non contrôlées, ainsi que les actes d’incinération ou d’enfouissement des déchets. Les besoins de collecte vont augmenter de manière significative, et notre exemple mobilisera d’autres organisations communautaires. À l’avenir, nous souhaitons aussi collecter les déchets organiques, que nous transformerions ensuite en compost pour l’agriculture et l’horticulture. Enfin, nous étudions les moyens de valoriser les déchets plastiques, afin de parvenir à une économie circulaire à part entière. »
En bref, LATAWAMA fait d’une pierre plusieurs coups. Une meilleure gestion des déchets crée un environnement plus sain, qui profite également à la nature. Les employés voient leurs revenus augmenter, ce qui leur épargne bien des soucis. La dépollution du lac Tanganyika favorise la reproduction des poissons − source importante de nourriture et de revenus – et protège l’eau potable. Et qui dit eau potable et nourriture en quantité suffisante, dit moins de conflits entre pays voisins. Ce qui constitue un autre objectif de l’UE.
Une Europe plus forte dans le monde
Parmi ses six priorités, la Commission européenne souhaite que l’UE joue un rôle plus actif et s’exprime d’une voix plus forte sur la scène internationale. Car l’UE a des valeurs à défendre. Elle plaide ainsi en faveur du « multilatéralisme » (coopération internationale) et d’un ordre mondial fondé sur des règles.
Après tout, l’« étranger » est d’une importance fondamentale pour l’UE : pour sa prospérité et son bien-être, sa santé, son climat, sa sécurité… Lorsque des conflits font rage dans d’autres pays, que l’environnement est détruit ou que la pauvreté s’exacerbe, tous les citoyens de l’UE risquent d’en subir les conséquences.
C’est pourquoi, plus que jamais, l’UE veut se présenter au monde comme un bloc uni. Non seulement dans sa politique étrangère au sens strict, mais aussi dans ses relations avec ses voisins, sa politique commerciale, son aide humanitaire, sa politique de sécurité et de défense, et dans ses « partenariats internationaux » − comprenons la coopération européenne au développement. Grâce à l’aide et à la coopération, l’UE soutient les pays en développement dans leur transition vers la stabilité économique et sociale.
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