Afrique : lutter contre la corruption et la criminalité environnementale pour protéger la nature

La corruption, présente à de nombreux échelons, facilite le trafic de l’ivoire, de la viande de brousse et du bois exotique. Un fléau que la Belgique tente d’endiguer.

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Les gardes forestiers en patrouille

Des gardes forestiers en patrouille dans la zone des gorilles du parc des Virunga (DRC). © VNP

Ce n’est pas un scoop : l’érosion de la biodiversité s’accélère à travers le monde. Pollution, déforestation, changement climatique, disparition des écosystèmes, prolifération d’espèces invasives, surpêche… Autant de facteurs qui mettent en péril la survie des plantes et des animaux.

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Vie sur la terre et Paix, sécurité et services publics forts

Criminalité environnementale

Pour ne rien arranger, un certain nombre d’espèces animales et végétales, la plupart protégées, se vendent à prix d’or. C’est le cas des essences de bois exotiques, de la viande de brousse (entre autres la viande de chimpanzé et de gorille) et de l’ivoire (d’éléphant). Des réseaux complexes se sont donc mis en place pour organiser le trafic de ces produits illégaux.

La criminalité environnementale ne porte pas seulement atteinte à la biodiversité, elle affecte également la sécurité. Elle peut même perturber l’équilibre géopolitique dans des régions telle que l’Afrique centrale et aggraver le dérèglement climatique. En outre, les groupes criminels privent les populations locales de leurs ressources naturelles.

Fausses licences

Souvent, le braconnage et le commerce illégal sont facilités par la corruption. Certains fonctionnaires se laissent soudoyer et accordent de fausses licences. Les produits du trafic se voient alors apposer une étiquette fallacieuse autorisant leur commercialisation et grâce à laquelle ils passent aisément les douanes. Ces individus corrompus peuvent également veiller à ce que les actes délictueux ne fassent pas l’objet d’une enquête trop approfondie et à ce que leurs auteurs ne soient pas poursuivis.

Face à ce fléau, la Belgique a investi 2 millions d’euros dans un programme de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) qui vise à lutter contre la corruption liée au commerce illégal de produits forestiers et d’animaux sauvages en RD Congo, en Ouganda et au Cameroun, entre autres. Au Congo, l’attention se porte en particulier sur le parc des Virunga et le parc de la Garamba.

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Famille des gorilles

Les gorilles sont recherchés comme viande de brousse. © VNP

Fiers de leur travail

Le programme entend aider les instances compétentes à sanctionner plus durement la corruption et les atteintes à l’environnement, entre autres au travers de formations. Des guides vont également être rédigés, tels qu’un « guide sur la lutte contre la corruption à l’usage des organes de gestion des espèces sauvages » ainsi qu’un guide sur la lutte contre la corruption en milieu forestier. Les agents concernés doivent retirer de la fierté de leur travail afin de céder moins facilement à la corruption.

Il est tout aussi important d’acquérir une meilleure connaissance des itinéraires empruntés par les trafiquants. De plus, une étude approfondie des aspects financiers liés à la criminalité environnementale permettra d’entreprendre des actions plus ciblées contre les pratiques illégales. Les instances compétentes doivent également pouvoir infliger davantage de sanctions aux membres de groupes criminels telles que le retrait de leur visa. Ces multiples mesures constituent autant de leviers destinés à décourager les trafiquants potentiels et leurs complices corrompus.

Priorité à la prévention

Ces formations et ces analyses s’avèrent indispensables. En effet, les organes de gestion des espèces sauvages et des forêts ne se préoccupaient initialement que de la protection de l’environnement. Ils n’étaient absolument pas équipés pour faire face au crime organisé et à la corruption associée.

En outre, il ne suffit pas de saisir l’ivoire ou le bois exotique, par exemple. Car le mal est fait : l’arbre a été abattu, l’éléphant tué. Il faut avant tout ôter aux groupes criminels les moyens de se livrer à leurs pratiques illégales. C’est précisément l’objectif du programme.

Contribution aux ODD 15 et 16

En participant à ce programme, la Belgique contribue aux Objectifs de développement durables (ODD). L’ODD 15.7 incite à des mesures d’urgence pour mettre un terme au braconnage et au trafic d’espèces végétales et animales protégées. L’ODD 15.5 traite plus généralement de la lutte contre la dégradation du milieu naturel et l’appauvrissement de la biodiversité.

Par ce programme, la Belgique contribue également à l’ODD 16 « Paix, justice et institutions efficaces ». L’ODD 16.5 requiert en toutes lettres de réduire nettement la corruption et la pratique des pots-de-vin sous toutes leurs formes.

Une solution forcément mondiale

Notre pays soutient par ailleurs d’autres programmes de l’ONUDC visant à lutter contre la corruption, entre autres au Sahel et en Afrique centrale. La Belgique participe également à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), destinée à améliorer la transparence des flux financiers dans le secteur minier (pétrole, gaz, minerais). L’objectif est d’endiguer la corruption et de rendre l’activité économique plus profitable aux populations locales. Enfin, avec le processus de Kimberley, nous œuvrons en faveur d’une industrie du diamant plus éthique.

La gestion responsable des ressources naturelles et la protection durable de l’environnement constituent des priorités de la politique extérieure belge. Notre pays continuera de promouvoir une politique internationale efficace pour combattre la criminalité environnementale. Car seule une collaboration à l’échelle internationale permettra de formuler les solutions nécessaires pour endiguer ce fléau qui nous concerne tous.