Visite d'État des Pays-Bas : une collaboration plus étroite nous rend tous deux plus forts

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Le roi Willem-Alexander signe le livre d'or au Palais royal. © SPF Affaires étrangères

La visite d'État du couple royal néerlandais en Belgique en juin 2023 a ouvert la voie à une collaboration encore plus étroite entre les deux pays. Les énergies renouvelables, la mobilité durable, l'innovation et la sécurité figuraient parmi les principaux thèmes abordés. Notre SPF a joué un rôle important.

Deux visites d'État sortantes sont organisées chaque année, l'une en Europe et l'autre en dehors du Vieux continent. Il s'agit pour notre couple royal de se rendre en visite officielle dans un pays et d'y rencontrer le chef d'État. Le Roi et la Reine sont toujours accompagnés de représentants politiques de notre pays – y compris le ministre des Affaires étrangères et les ministres-présidents des Régions et des communautés – et d'une large délégation d'entrepreneurs et d'universitaires. Une visite d'État comporte en effet toujours un important volet économique et accorde également de l'attention à la collaboration universitaire et culturelle. Récemment, notre couple royal s'est rendu en Afrique du Sud, puis en Allemagne dans le courant de l'année.

Dans le cas d'une visite d'État entrante, la procédure est inverse : nos souverains invitent un chef d'État étranger à se rendre officiellement dans notre pays. En 2022, le palais a accueilli les présidents de l'Autriche et de la Suisse, accompagnés de leurs conjoints. La dernière visite en date fut celle du Roi Willem-Alexander et de la Reine Máxima des Pays-Bas, du 20 au 22 juin.

Une réelle importance

Belgique et Pays-Bas partagent des siècles d'histoire. Nos deux pays travaillent également en étroite collaboration, notamment au sein du Benelux. Un « Sommet Thalassa » conjoint est régulièrement organisé (l'an dernier à Gand) et réunit des délégations des gouvernements fédéraux néerlandais et belge.

Cette récente visite d'État entrante – sept ans après la visite d'État sortante aux Pays-Bas – était malgré tout importante. Si la Belgique et les Pays-Bas sont certes de bons voisins et de bons amis, il reste impératif de renforcer régulièrement ces liens d'amitié. Malgré la bonne entente entre nos deux pays, nos cultures politique et industrielle sont différentes, et parfois même en concurrence – pensez à l'innovation ou aux ports.

La Belgique partage une frontière de 458 km avec les Pays-Bas, soit la plus grande zone frontalière après la France. Cette proximité peut parfois donner lieu à des frictions. Nous pouvons citer ici la pollution par les PFAS, l'installation de centrales nucléaires ou encore la liaison ferroviaire 3RX (auparavant le « Rhin de fer »), autre dossier difficile. Cette dernière, qui permettrait le transport de marchandises depuis Anvers vers la région de la Ruhr en Allemagne, suppose en effet une traversée du territoire néerlandais.

Ambiance chaleureuse

Une visite d'État est l'occasion idéale d'interagir au plus haut niveau dans une atmosphère amicale et détendue, et de transcender toutes les frictions. Diverses activités culturelles sont toujours à l'ordre du jour. Les deux reines ont ainsi visité la célèbre chapelle musicale Reine Élisabeth à Waterloo, où les plus grands talents de demain reçoivent un enseignement de haut niveau. Les délégations se sont également rendues au KMSKA d'Anvers, avant de partir admirer un mur de bandes dessinées à Charleroi. Les différents déjeuners se prêtent aux échanges informels.

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Les deux souverains visitent le port d'Anvers. © Belga

Une collaboration encore plus étroite

Les deux pays affichent une grande motivation à renforcer encore leur collaboration. Nous sommes confrontés à des défis majeurs – pensez à la transition énergétique plus que nécessaire –, et avons désormais conscience que nous ne pourrons pas y parvenir seuls, en tant que pays individuel. Une collaboration encore plus étroite pour nous rendre tous deux plus forts, tel était donc le thème de la visite d'État.

Un exemple évident est celui des ports d'Anvers et de Rotterdam. Rivaux par définition – chacun entendant devenir une plaque tournante mondiale –, ils ont tout intérêt à travailler davantage ensemble. Aussi, la manière dont les deux pays peuvent adapter les infrastructures portuaires au transport transfrontalier de l'hydrogène vert était l'un des principaux sujets sur la table lors de la visite d'État. Dans ce même ordre d'idées, le North Sea Port – soit la fusion des ports de Gand, Terneuzen et Vlissingen – témoigne déjà aujourd'hui de tout le potentiel d'une collaboration transfrontalière étendue.

La gestion de l'eau – la prévention des inondations – a également fait l'objet d'une attention particulière. Cours d'eau (et inondations) ne connaissent en effet pas de frontières.

Le moteur de la transition énergétique européenne

Un tel renforcement mutuel doit aider les deux pays à devenir plus autosuffisants, notamment dans les domaines des semi-conducteurs (visite de l'IMEC à Louvain), de l'espace (AeroSpaceLab à Mont-Saint-Guibert) et de la biotechnologie (BioPark à Charleroi). Cette « autonomie stratégique » est d'ailleurs une priorité de l'UE dans un contexte de tensions accrues entre les grandes puissances.

La Belgique et les Pays-Bas veulent être, ensemble, le moteur de la transition énergétique de l'Europe vers une société climatiquement neutre. Les deux pays construisent de nouveaux parcs éoliens en mer et misent fortement sur l'hydrogène, par exemple. Au cours de la visite, les pays voisins ont également signé un Memorandum of Understanding (MOU) sur le stockage du CO2 en mer du Nord. Les ports jouent un rôle déterminant dans la transformation de la mer du Nord en une centrale électrique verte d'avenir. Une interconnexion étendue du réseau électrique et des réseaux d'hydrogène des deux pays voisins sera également nécessaire.

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Le Premier ministre Alexander De Croo s’est également entretenu avec le couple royal néerlandais. © Serch Carrière

Flotte commune

Les Pays-Bas sont également un partenaire important pour notre sécurité. Aujourd'hui déjà, nos deux armées travaillent en étroite collaboration. Elles surveillent ensemble l'espace aérien, tandis que leurs deux marines sont liées par l'Amirauté Benelux (ABNL). La Belgique et les Pays-Bas construisent aussi des navires de guerre en commun. Au cours de la visite, les deux ministres de la Défense ont signé un MOU pour permettre le renouvellement de la flotte commune. Douze dragueurs de mines et quatre frégates sont en cours de construction.

La Belgique et les Pays-Bas sont par ailleurs alliés en termes de soutien militaire à l'Ukraine, et se trouvent sur la même longueur d'onde en ce qui concerne les sanctions à l'encontre de la Russie. Au sein du Benelux, des travaux sont en cours sur un traité de police qui devrait entrer en vigueur après l'été. Celui-ci donnera à la police plus de poids dans la lutte contre la criminalité transfrontalière liée à la drogue.

Nos contrées à l'horizon 2050

À l'occasion de la visite d'État, un livre comportant quelque 14 essais parfois critiques sur les liens entre la Belgique et les Pays-Bas a été publié : « De lage landen anno 2050 – een verleden met toekomst ». Dans leurs avant-propos, les deux Premiers ministres font preuve d'un extrême optimisme quant au moteur que les deux pays – ainsi que le Luxembourg – veulent constituer au sein de l'UE. « Je vois la relation belgo-néerlandaise plus étroite que jamais dans les années à venir », écrit le Premier ministre Alexander De Croo. « (...) On parle souvent de l'axe franco-allemand en Europe, mais en 2050, j'espère sincèrement que c'est le moteur du Benelux qui continuera à inspirer l'Europe. »

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s'est quant à lui exprimé en ces termes : « Les Pays-Bas et la Belgique démontrent chaque jour à quel point la collaboration européenne est bénéfique pour tous. Tout porte à croire que cette entente sera aussi bonne, voire encore meilleure, en 2050. » La récente visite d'État a constitué un premier cap de franchi sur la voie de cette ambition.

Quel rôle notre SPF a-t-il joué dans la visite d'État ?

Le SPF Affaires étrangères a joué un rôle important dans cette visite d'État. Il a par exemple été étroitement impliqué dans l'organisation du programme, et a rédigé plusieurs notes à l'intention du Palais royal et du Premier ministre, fournissant des informations générales sur les visites et les sujets à aborder.

Nous avons par ailleurs organisé de nombreux moments de concertation, tant en Belgique qu'avec les collègues néerlandais. Pour préparer la visite à la perfection, il fallait aussi aller voir sur place. Nos attachés de presse ont eu fort à faire pour escorter les nombreux journalistes néerlandais et belges présents.

Ce furent également des journées bien remplies pour notre direction Protocole, qui a minutieusement élaboré l'agenda et veillé à son suivi. Notre couple royal participant à toutes les activités de cette visite d'État particulière, cela a rendu l'exercice un peu plus exigeant. Une bonne concertation avec le service du protocole du Palais a été une clé importante de la réussite.

La visite d'État a également été l'occasion pour le ministre des Affaires étrangères Lahbib de s'entretenir longuement avec son homologue néerlandais Wopke Hoekstra. Les deux ministres ont discuté du contexte géopolitique actuel, notamment des relations entre l'UE et la Chine, de l'agression russe en Ukraine, de son impact sur l'Afrique et de la lutte contre l'impunité. Les priorités de la présidence belge de l'UE ont également été abordées.